Saison 02 - Ép. 07
Les entrevues d’Hugo Meunier
Un cigare avec Akim Gagnon
Akim Gagnon n’est pas qu’un auteur prolifique. Depuis 2022, il a publié trois romans et autant de recueils de poésie à un rythme effréné, considérant la densité et la qualité de sa plume. URBANIA est allé à la rencontre de cet auteur singulier, aussi amoureux des mots que de Marc Séguin et des cigares. Derrière le personnage qu’il revendique haut et fort, se cache un être sincèrement touchant, habité par un besoin d’exprimer sa vérité. Retour sur une conversation à la fois intime et irrévérencieuse.
Un personnage qui déstabilise… mais qui n’invente rien
Dès les premières lignes de ses ouvrages, Akim Gagnon pose sa marque : des récits à la fois crus et réfléchis, qui testent d’abord la patience du lecteur avant de l’amener dans des sphères plus profondes. « Je veux faire un tri : au début, je mets l’accent sur le fun, sur les niaiseries, et si tu embarques, tu as droit à mon vrai cœur », confie-t-il en entrevue. Ce processus délibéré permet à Gagnon d’établir un rapport unique avec son audience.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : le « personnage » n’est pas une façade, encore moins un mensonge. « Mentir et ne pas être soi-même, ça demande trop d’énergie », lance l’écrivain avec une sincérité désarmante. Son univers puise dans son quotidien, ses émotions, et cette authenticité brute résonne dans chaque mot qu’il couche sur papier. Pour ce « raconteur de vies », tout est une célébration des imperfections humaines.
La poésie d’un bidet… et la philosophie d’un ours
Akim Gagnon ne prend pas seulement sa plume au sérieux, mais aussi son hygiène ! « Gloire au bidet », plaisante-t-il, glissant que sa vie est désormais divisée entre un « avant » et un « après » cet objet du quotidien. Cette anecdote illustre bien l’équilibre qu’il incarne : un mélange d’humour trivial et de réflexions plus introspectives.
Si certains le qualifient d’« ours mal-léché », il n’y voit pas malice. Ce surnom, à la fois tendre et moqueur, décrit bien sa dualité : une personnalité bourrue et touchante, qui ne laisse personne indifférent. Son écriture incarne cette même tension, oscillant entre les excès d’un anti-héros et une tendresse qui désarme.
Une littérature à contre-courant qui explore le quotidien
Qu’il décrive ses soirées au bar, une partie de poker avec son frère ou même une virée à fumer le cigare, Gagnon transcende l’anodin. Loin des clichés grandiloquents, Akim Gagnon jongle avec des thèmes très terre-à-terre – pauvreté, désenchantement, relations humaines –, adoptant un ton sincère, souvent touchant, mais jamais complaisant. Pour beaucoup, cela fait de lui une voix essentielle dans une littérature québécoise contemporaine parfois plus académique ou élitiste.
« Avoir du fun et se surprendre »
Quand on demande à Akim quelle est sa boussole artistique, il répond sans détour : « Mon seul critère, c’est d’avoir du fun et de me surprendre un peu. » Que ce soit dans sa vie ou dans ses récits, il revendique le droit de voir dans chaque expérience un potentiel à raconter. Son écriture est une invitation à voir la beauté dans la marge, dans l’imparfait, dans l’humain.
Son rythme de création effréné pourrait s’essouffler, mais pour l’instant, Akim Gagnon semble s’épanouir dans ce bouillonnement artistique. Ses lecteurs, eux, embarquent avec plaisir dans cette aventure aussi déroutante que jouissive. Écrivain, poète, raconteur d’histoires : Gagnon est plus qu’un auteur. Il est une expérience en soi.
Vous n’avez pas encore lu ses livres ? Vous manquez peut-être l’une des voix les plus rafraîchissantes et audacieuses de la nouvelle littérature québécoise.

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