Tripper sur Guylaine Gagnon, avoir un chum lesbienne et la belle face de Justin Trudeau
Tripper sur Guylaine Gagnon, avoir un chum lesbienne et la belle face de Justin Trudeau
Cette semaine, Flo se demande ce que notre étrange fascination pour Guylaine Gagnon dit sur nous, Gab se demande si ça existe vraiment, un « chum lesbienne », et elles accueillent leur collègue journaliste Malia Kounkou pour leur parler non pas du départ de Trudeau, mais de sa face, au lendemain de sa démission.
Florence : 🥴 pornographie de la détresse
Gab cette semaine je voulais te parler du retour de Guylaine Gagnon. Elle a recommencé à publier sur Instagram et TikTok dans les dernières semaines pis ça m’a fait réfléchir à la place des personnes qui ont des enjeux de santé mentale sur les réseaux sociaux.
Guylaine Gagnon, c’est une créatrice de contenu québécoise et travailleuse du sexe d’une cinquantaine d’années assez controversée qui a des enjeux de consommation et de santé mentale plutôt évidents, pis qui a une présence en ligne depuis une dizaine d’année. Dans ses dernières publications on la voit piétiner son ordinateur, shotgunner une bière pour déjeuner, dire qu’elle se mettrait de la poudre dans le cul – bref être pas mal vulgaire, pis ça crie généralement « j’ai besoin d’aide ».
Y’a un thread reddit publié la semaine dernière, qui traduit, je pense, le sentiment de pas mal de monde face à ces contenus. Ça va comme suit : « Jsuis le seul à avoir un malaise avec la ‘popularité’ de Guylaine Gagnon? C’est une personne avec des problèmes de consommation. Certaines personnes trouvent ça bin drôle et en font une personnalité publique. C’est pas l’aider bin bin. »
Ce qui est confrontant là-dedans, c’est que force est de constater que ses contenus, à Guylaine Gagnon, bin ils sont populaires. Y’a une part de nous qui est triste d’assister à ça, mais une autre qui est visiblement divertit. De la même façon que les contenus de Kanye West ou de Britney Spears, par exemple, qui sont tous les deux bipolaires, ont été viraux alors qu’ils traversaient des moments de détresse psychologique.
De façon générale, on a une fascination morbide pour la souffrance des autres. On va pas se mettre la tête dans le sable, le type de vidéos suivantes suscitent beaucoup d’intérêt en ligne : le témoignage d’une addict au fentanyl sur la très populaire chaîne Soft White Underbelly, ton influenceur voyage préféré (ou Hélène Boudreault) qui va jouer au white savior dans des communautés en situation de pauvreté extrême dans les coins les plus défavorisés du monde, ou juste une TikTokeuse québécoise en gros meltdown parce qu’elle vient de se faire laisser par son chum.
On en a tous dans notre feed, pis c’est pas anodin : les réseaux sociaux et leurs algorithmes sont juste un miroir un peu fucked up de ce qui nous intéresse.
Ça fait qu’on assiste en direct à des épisodes de souffrance, qu’on like, qu’on partage ou commente. Et ça soulève une question troublante et très confrontante : est-ce qu’on a perdu notre capacité à juste… se retirer ? Regarder ces contenus-là avec du recul et se demander : est-ce que je participe à l’exploitation d’une personne vulnérable?
Peu de gens se demandent à quel point on est responsables des conséquences de nos clics : qui passerait de longues minutes sur le bord de la rue à observer Guylaine Gagnon pendant qu’elle est complètement pétée, mais malgré l’inconfort qu’on nomme tous, on peut passer de longues minutes à stalker son TikTok derrière notre cell. Bref, est-ce qu’on confond spectacle et appel à l’aide?
Gabrielle : 🤔 lesbian boyfriend
Un peu avant les vacances, j’ai publié une story dans laquelle j’ai écrit « mon chum vient du Saguenay et il me cuisine mon premier pain sandwich à vie ».
Les gens ont été vraiment surpris de cette story-là. Est-ce que c’est parce que j’annonçais que j’avais encore jamais goûté ce grand classique de la cuisine québécoise ?
NON! C’était parce que j’avais écrit le mot chum. Le monde était mêlé, Flo, parce que si vous avez écouté le podcast au moins une fois, vous savez que j’ai une blonde.
Je ne suis pas seule à avoir créé toute une commotion avec l’utilisation du mot chum durant les Fêtes : c’est aussi le cas de Lily-Rose Depp.
Et oui, la nepo baby par excellence est en couple avec la rappeuse queer 070 Shake depuis environ un an. Récemment, elle a qualifié sa partenaire de « boyfriend » durant une entrevue et les usagers de TikTok ont fait ce qu’ils et elles font de mieux : se fâcher.
Y’a tellement de couches à cette simple anecdote-là que je ne sais pas par où commencer. D’abord, faut dire que 070 Shake est la première personne queer que Lily-Rose Depp fr équente publiquement. L’autre affaire à savoir, c’est que Lily-Rose a vraiment « l’air hétéro » : elle est super féminine, porte des robes roses, met du gloss… Bref, comme on dit dans le milieu, elle est straight-passing, et le public semble avoir de la difficulté à croire à son amour pour sa partenaire. Malheureusement, c’est souvent le cas pour des femmes plus féminines ou qui n’ont pas « l’air assez lesbiennes » aux yeux de la population.
C’est principalement pour ça que les gens étaient fâchés ou même confus sur TikTok : l’utilisation de termes comme « chum » pour parler d’une blonde, ça dérange les gens parce que ça leur confirme que les filles qui ont l’air hétéro sont dans une phase.
Le monde se disent « ben si elle l’appelle son chum, elle doit en vouloir un, pis elle a juste à retourner avec des gars ».
Mais, faut aussi parler de la notion de privilège : être straight-passing, ça comprend plusieurs privilèges que les personnes plus visiblement queer n’ont pas.