Sobriété : la nouvelle mode de la Gen Z?
Sobriété : la nouvelle mode de la Gen Z?
Florence, aujourd’hui on parle de poubelles. Eh oui, le mot de l’année 2024, selon le Oxford University Press, c’est « Brain rot » (ou « pourrissement du cerveau »). Faut dire que l’utilisation du terme a augmenté de 230 % entre 2023 et 2024.
Le terme pourrissement du cerveau décrit la détérioration de l’état mental ou intellectuel qu’on ressent après avoir trop consommé de contenus en ligne de marde, comme des fils Reddit complets de potins sur des célébrités québécoises ou les reprises douteuses de Michelle Furtado sur TikTok.
Parmi les autres mots sélectionnés pour intégrer le célèbre dictionnaire Oxford au cours des dernières années, on note sudoku (2005), empreinte carbone (2007), vape (2014), et l’emoji qui pleure de rire (2015). Du côté du Larousse, l’an passé, on avait introduit les mots : mégenrer, écoanxiété et instagrammable.
Mais comment un mot arrive dans le dictionnaire ? J’ai fait des petites recherches là-dessus. Les nouveaux mots apparaissent souvent dans des sous-cultures, des communautés en ligne, ou des milieux spécifiques (comme les sciences, par exemple). Ensuite, ils sont diffusés dans la société parce que plus on entend un mot souvent, plus les gens vont commencer à l’utiliser. ENFIN, le mot va être intégré officiellement dans les dictionnaires, ce va le rendre plus légitime aux yeux des autorités linguistiques.
Mais l’affaire, en ce moment, c’est que on se rappelle que les nouveaux mots qui arrivent dans notre vocabulaire partent souvent de la culture populaire, mais en ce moment la culture populaire se trouve beaucoup sur les réseaux sociaux.
Certains des mots dont je parlais tantôt existent parfois juste dans des contenus en ligne genre l’emoji qui pleure de rire. Si tu n’es pas en ligne, que tu ne consultes pas Internet, est-ce que tu manques un pan de la société ? On est tu en train de devenir des Sims, Flo ? Notre collègue Malia avait d’ailleurs écrit un article intéressant là-dessus – je vous invite à aller le lire.
Florence : 🤥 Fake it till you make it
Gab cette semaine j’avais envie de te parler de quelque chose qui a sûrement envahi ton algorithme toi aussi : les tops de fin d’année qui te font sentir comme d’la marde.
Celui dont je veux jaser aujourd’hui est très spécial parce qu’il te donne pas juste l’impression que t’as pas performé ton année (genre que t’as pas lu les bons livres ou que tes cadeaux de Noël sont poches), mais aussi que si tu veux te rattraper il va falloir que tu fasses ça bin vite, parce qu’après 30 ans, tu te décomposes et y’a plus aucun accomplissement qui en vaut vraiment la peine. Je parle de la tant attendue liste 30 under 30 de Forbes, une liste qui en dit beaucoup sur les milléniaux.
C’est une liste qui récompense les 30 talents les plus prometteurs dans 20 domaines différents comme celui du commerce en ligne, du divertissement, de la santé ou des technologies. C’est bin populaire dans le monde corpo.
Cette liste-là est controversée pour tellement de raisons que je sais même pas par où commencer.
D’abord parce qu’il suffit de stalker un peu les nommés pour constater qu’ils sont souvent déjà issus de milieux aisés et donc que les risques professionnels et financiers qu’ils ont pris ont peut-être quelque chose à voir avec la notion de richesse intergénérationnelle. Self-made woman, Kendall Jenner nommée dans la catégorie art et style? Je ne pense pas.
Aussi, je peux pas passer sous silence l’infâme pipeline 30-under-30-to-prison. Y’en a qui disent que c’est presqu’une malédiction de figurer sur la liste, tellement les anciens nommés sont nombreux à avoir fini en prison. Je pense au célèbre fraudeur de la crypto, Sam Bankman Fried qui a joyeusement crossé ses clients de 8 milliards ou encore Elizabeth Holmes, la fille qui a levé 400 millions de dollars sur une technologie de tests sanguins – oups surprise! – qui marche pas.
Faut aussi souligner que c’est pas les projets de ces personnes-là qui figurent sur la liste – oh non, ce serait bin trop plate – mais bien la face des nommés. Le message que ça envoie, c’est un peu : c’est cool vos belles implications les jeunes, mais ça vaut quoi si vous en êtes pas la jolie mascotte?
Et finalement, que dire du bon « under 30 » De kessé, les valeurs nettes de plusieurs millions de dollars quand à cet âge là la plupart d’entre nous essayons juste de se payer un 4 1/2 dans Rosemont.
Pour 2025, je nous souhaite un top 60 over 60 qui célèbre le monde qui ont toujours payé leurs taxes et qui ont jamais complexé personne.
Bref, avec des listes de même, est-ce qu’on pousse trop loin la bonne vieille devise de « fake it till you make it », et qu’on impose aux jeunes une compétition injuste et des standards inatteignables? Est-ce qu’on fétichise la notion de « succès »?