Être queer et de droite, le culte de l’horreur et de VICE aux Proud Boys
Être queer et de droite, le culte de l’horreur et de VICE aux Proud Boys
Saison 1 | Épisode #6
Cette semaine, Gab se questionne sur ce que la montée en popularité des films d’horreur veut dire sur nos peurs collectives, Flo s’intéresse à la première personne trans élue au Congrès américain, et elles invitent Philippe Lamarre, fondateur et président d’URBANIA à venir leur parler d’un documentaire sur le fondateur du magazine VICE, devenu leader du groupe d’extrême droite Proud Boys.
Gabrielle : 🔪 le culte de l’horreur
Une de mes activités préférées, c’est d’aller au cinéma. Je suis allée récemment, mais ça faisait des mois que j’étais en pause. Pourquoi ? Parce que presque tout ce qu’il y avait à l’affiche, c’était des maudits films d’horreur.
C’est vrai : en ce moment, l’horreur, ça marche au toast. Des films comme The Substance, avec Demi Moore, I Saw the TV Glow ou encore Longlegs ont été des gros succès au box-office récemment, et pas juste à cause de l’Halloween. Ça, c’est sans parler des autres succès d’horreur des dernières années, comme Midsommar ou Get Out, dont je suis certaine que tu as entendu parler, Florence.
Pis c’est pas juste des films poches de série B dont on parle ici : l’horreur est populaire chez les élites et les cinéastes en vogue. En 2021, le film français Titane a même gagné la Palme d’or à Cannes.
Ma question de maudite peureuse, c’est : pourquoi ? Je ne suis pas la seule à me questionner là-dessus. Le média américain Dazed a récemment publié un texte sur le sujet intitulé « Pourquoi l’horreur est si populaire en ce moment ? ».
Historiquement, le genre de l’horreur a toujours reflété les préoccupations contemporaines du public. Par exemple, dans les années 1970-1980, les très populaires films de slasher reflétaient le stress collectif face à la montée de la violence dans la société. Les années 1970 et 1980 ont été marquées par une plus grande couverture médiatique des crimes violents, notamment ceux commis par des tueurs en série. Avec des films comme Massacre à la tronçonneuse ou Halloween, le public pouvait vivre sa peur grandissante de se faire trucider en pleine rue par un inconnu dans l’environnement calme et contrôlé de la salle de cinéma ou de son salon.
En période d’instabilité climatique, économique et politique comme celle qu’on vit actuellement, l’horreur offre un exutoire psychologique qui aide à traiter nos émotions complexes et souvent enfouies, comme l’anxiété ou la peur du futur.
Je trouve ça cool de voir qu’on utilise l’art comme exutoire en gang. Mais si les films d’horreur gagnent en popularité chez les publics du monde entier, est-ce que ça veut dire qu’en ce moment, on est collectivement dans une ère de TERREUR ? Presque une semaine après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, on dirait que oui.
Florence : 🏳️🌈 Queer et républicain
Gab, cette semaine, j’voulais te parler des élections américaines pis d’une nouvelle qui contraste un peu avec la victoire écrasante de Trump.
Il y a une personne trans qui a été élue à la Chambre de représentants des États-Unis – c’est une première, et c’est la démocrate Sarah McBride, élue avec 58% du vote dans l’état du Delaware.
Avais-tu vu ça?
Et c’est pas la seule « première » à laquelle on a assisté la semaine passée. Il y a eu une première sénatrice noire élue dans le Maryland, on a aussi élue au Congrès la première représentante gaie des états du Sud au Texas et y’a eu la première femme Latina de la communauté LGBTQ qui a remporté un siège au Congrès, dans l’état du Washington, et y’en a d’autres.
Et tout ça, en parallèle d’une victoire républicaine sans appel. Drôle d’affaire! Bon, on le sait, les opinions politiques sont de plus en plus polarisés, bla bla bla, mais je me suis dit : je vais creuser un peu plus, et j’ai trouvé les chiffres suivants pour toi Gabri.
Aux élections de la semaine dernière, il y aurait quand même 14% des personnes qui se sont identifiées comme lesbienne, bi ou transgenre qui auraient voté pour Trump, selon des sondages de NBC. D’ailleurs, en 2020, ce chiffre-là s’élevait à 36%.
On se rappelle que Trump a fait campagne avec un discours super transphobe en s’engageant à faire des affaires comme interdire les soins d’affirmation de genre pour les mineurs et en promettant l’adoption de la politique « Don’t Say Gay » dans les écoles. Je me suis demandé : faque comment on est queer ET républicain?
En connais-tu toi des personnes queer et conservatrices?
C’est là que je suis tombée sur un article tellement intéressant de Vox intitulé « Ce que la montée des républicains queers nous dit sur les États-Unis », qui explique, essentiellement, que certaines personnes queer, principalement des hommes gays blancs, votent républicain parce que leurs priorités, c’est plus le conservatisme fiscal et la sécurité nationale, ET (c’est là que ça devient intéressant) parce qu’ils considèrent souvent leur identité sexuelle comme secondaire en politique.
Pis là je me suis dit : OK, je pense, que c’est peut-être pour ça que beaucoup de monde ont de la misère à comprendre le résultat des élections de la semaine dernière : on pense que toutes les femmes, toutes les personnes queer, toutes les minorités, vont voter pour les partis plus progressistes, mais peut-être que c’est simpliste et qu’en faisant ça, ça nous, (et là je dis nous parce qu’on est justement deux femmes queer) ça réduit à notre identité de genre et sexuelle – si on veut vraiment normaliser la diversité, va peut-être falloir faire la paix avec l’idée qu’on peut être une minorité, et être conservateur (?) Et là j’ai mis un point d’interrogation entres parenthèses.