Être détestable avec sa famille, accepter son été ordinaire et découvrir (et aimer) le Montréal des anglos
Être détestable avec sa famille, accepter son été ordinaire et découvrir (et aimer) le Montréal des anglos
Cette semaine, Gab se demande si les enfants gardent vraiment leurs pires comportements pour la maison, Flo essaie de faire la paix avec son été ordinaire et elles invitent leur collègue Cloé Giroux, qui a réalisé le micromag URBANIA de la semaine dernière sur le best of de Montréal en collaboration avec le média The Main.
Gab : Les enfants sont pires avec leur mère
Ce message s’adresse aux parents qui pleurent dans la douche une fois que leurs enfants sont couchés : non, vous ne rêvez pas, vos enfants sont plus rushants avec vous qu’avec les autres.
Au départ, je voulais faire ma chronique sur une statistique que j’ai vue passer sur Instagram : selon une étude de l’Université de Washington, les enfants auraient un comportement 800% plus difficile autour de leur mère qu’avec d’autres adultes. Sauf qu’en voulant consulter l’étude, j’ai réalisé qu’elle n’existait pas. La stat vient d’une publication satirique, un genre de The Onion pour les mères à boutte. À mon grand regret journalistique, je me suis fait avoir.
Reste que pendant un instant, j’y ai cru. Pis c’est pas juste moi : en fouillant un peu, j’ai vu que la fausse info avait été reprise partout sur les réseaux sociaux, et que chaque publication était remplie de commentaires de mères qui confirmaient que Oui, mon enfant est une parfaite teigne en ma présence!
En même temps, c’est vrai que les enfants ont souvent des crises qui semblent sortir de nulle part, et c’est aussi vrai qu’ils gardent généralement ces précieux moments-là pour la famille proche. On appelle ça des décharges émotionnelles. C’est un trop-plein d’émotions qui sort dans un contexte que l’enfant trouve sécurisant et acceptable, donc la maison, avec ses parents. Je crédite la psychoéducatrice Sarah Hamel pour la définition ici.
Par contre, nous, les adultes, on est pas non plus à l’abri des crises de bacon non plus. Florence, ferme les yeux et imagine que tu passes une journée de marde. Est-ce que tu vas te mettre à pleurer en plein milieu de l’aire ouverte au bureau ? Probablement pas.
Par contre, quand tu vas arriver chez toi, si ta blonde te dit qu’elle a oublié d’acheter le tofu pour le souper, ça se peut que t’effondres.. Le problème ici n’est pas le tofu, mais bien l’accumulation de frustrations – et surtout, le nombre de fois où tu as ravalé ton émotion. Tu sais que ta blonde ne va pas te juger, ni arrêter de t’aimer parce que tu pleures pour du tofu. Et malheureusement, c’est exactement pour ça qu’elle doit endurer ta grosse émotion.
Les décharges émotionnelles sont normales, mais pas nécessairement le fun à expérimenter. Un enfant qui se décompose pendant 20 minutes pour une niaiserie alors que selon son éducatrice, il a eu une super journée aucun problème trop fin wow, c’est sûr que ça peut nous remettre en question côté parentalité. Mais sachez qu’il fait ça parce que vous êtes son safe space, et pas parce qu’il veut que vous pleuriez dans la douche.
Flo : Accepter son été ordinaire
Gab, je sais pas toi, mais moi je me mets beaucoup de pression avec la saison estivale. Chaque année, je pense que je vais avoir l’été de ma vie. Et chaque été, c’est pas l’été de ma vie. Faq quand je suis tombée sur un article de Vox qui s’intitule « Les arguments contre l’été. Votre été sera pas aussi nice que vous le voulez. Il l’est jamais. » Juste lire ça wow ça m’a apaisée, pis je me suis sentie vraiment interpellée.
C’est en fouillant dans ce coin-là de l’internet où des gens trouvent que l’été est un peu overrated que je suis tombée sur l’équivalent estival des blues du dimanche soir : les summer scaries. Tu sais très bien de quoi je parle : c’est ce petit moment-là de panique, début mai, ou tu sens pas que ton linge d’été te fait assez bien, ou qu’il est pas assez cute, que tes finances sont pas terrasses-proof, que t’as pas assez de projets pour l’été, ou pas le bons projets pour l’été. Bref, que t’es pas « prête » pour l’été. Pis cette pression-là qu’on met sur 3 pauvres mois, elle vient de l’idée qu’on se fait de l’été.
J’pense que pour beaucoup de monde, l’été a une dimension profondément sociale. Genre si l’été était une personne elle serait très extravertie. Au moins un jour sur deux, il faut être à la plage avec ses ami.e.s ou faire un barbecue en famille. Mais si pendant les 9 mois qui ont précédé l’été, ta vie avait pas l’air d’un perpétuel party piscine, parce que, je sais pas, tes ami.e.s ont des enfants maintenant ou que tes parents habitent loin – ou que toi là où t’es bien c’est à la clim pis devant une série télé –, bin les chances sont minces que ça change soudainement parce qu’il fait 25.
J’ai aussi l’impression qu’on pense tous un peu que l’été c’est une saison qui a le potentiel de « régler nos problèmes ». Je pense que c’est une expérience assez commune d’avoir au moins un ami qui attend, pis attend, pis attend l’été, en se disant « Quand ça va être l’été, je vais vivre toutes ces choses fantastiques! » mais Simon, si t’as pas été game d’inviter une fille sur une date entre septembre et mai, y’a peu de chances qu’en juin tu aies le fameux summer fling que tu espérais. Non mais c’est vrai : je pense que c’est pas rare de nourrir un immense fantasme face à l’été, pis le danger avec ça, c’est que s’il se réalise pas, pis que ça te fasse sentir comme de la marde.
Bref, aujourd’hui ma chronique s’adresse un peu à tout ceux qui sont pas dans une ligue de soccer queer qui va te faire des belles photos sur Instagram, d’ami qui a un bateau ou de famille à portée de main pour souper en terrasse les soirs qu’il fait beau : votre été y’é pas plate, yé juste normal.