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Belle et laide, historique et moderne, riche et pauvre, Montréal est tout et son contraire.
L’équipe du blogue Spacing Montreal est là pour nous aider à nous retrouver dans cette île bipolaire chère à nos coeurs en traitant de sujets peu, voire pas, présents dans les médias traditionnels. Rencontre avec Émile Thomas, voix francophone du blogue qui n’a pas peur de se faire entendre.
Spacing Montreal
1. Ton surnom?
Ma mère, elle vient du Sud. Avoir un surnom, c’est de la tradition, et moi j’en ai plusieurs. Miles pour les Anglophones. J.R. pour les Ontariens. Jackson Tremblay pour les connards au téléphone quand je travaillais dans un call centre. Wilhelm pour les liaisons passionnées, mais suspectes.
2. Âge/Sexe/Lieu de résidence?
30 – Masculin – Le Mile-End. Où d’autre habiterais-je? Pointe-aux-Trembles? Anjou? Quelle tristesse!
3. À qui s’adresse ton blogue?
Spacing Montréal est un espace partagé d’idées sur le Montréal d’antan, d’aujourd’hui, et de l’avenir. Il s’adresse à ceux qui éprouvent une ou plusieurs émotions envers la ville. Une super équipe de blogueurs y contribue quotidiennement; toutes opinions sont les bienvenues – même celles des banlieusards!
4. Tes sujets de prédilection :
La vie des autres. Ouvre ton coeur; je veux entendre tes histoires. Raconte-moi ton passé – la tristesse que tu t’es sentie avec la perte d’un être cher; la joie qui t’a envahi lors d’une réussite personnelle; la honte qui a rejailli sur toi quand tu t’es fait prendre par ta mère en train de te branler. Ces histoires me rapprochent d’une humanité plus réelle.
5. La chose que tu méprises le plus chez un homme?
Les hommes qui refusent de remarquer la beauté d’un autre homme. Réveillez-vous, les mecs! Les femmes se frenchent aux bars et ça ne choque personne. Mais si l’on ose dire que Marc-André Grondin est un morceau délicieux, on est pédé?
6. Chez une femme?
Les femmes obéissantes. Réveillez-vous, les meufs! Les femmes ont subi des décennies de révolution. Quand une fille ne vit que pour son mec, comme un esclave sexuel de ménage, ça me chagrine.
7. L’époque durant laquelle tu aurais aimé vivre?
Bon. Honnêtement là, comme jeune homme noir, si je vivais durant une autre époque à part de l’heure actuelle, je serais probablement:
1. Mort;
2. Asservi;
3. En train de mener une vie intenable.
8. Le son que tu aimes?
Un bon orage grondant qui change le ciel de bleu à noir; qui ébranle non seulement ma maison, mais aussi mon âme. Sa pure violence m’excite. Il me rappelle que malgré la façon dont nous traitons Terre-Mère, la grande déesse, de salope, elle a une force brutale. Si elle voulait, elle pourrait nous exterminer instantanément.
9. Que tu détestes?
Un coupe-ongles. C’est fucking nasty.
10. Ton plus grand fantasme?
Je voudrais être grand-père sans avoir levé des enfants. Comme ça, je peux gâter mes petits-enfants et dès que j’en ai marre, je peux les renvoyer chez leurs parents.
11. Ton idéal féminin?
Aigre-doux – à voix douce au lit, délicate dans mes bras, si quelqu’un osait la battre, elle le frapperait un coup directement à la gorge.
12. Masculin?
Rude et robuste. Je tomberais dans ses bras et il m’étreindrait. Farouchement, presque. Je suis l’aîné de 4 enfants – je me fatigue de m’occuper des autres. C’est à mon tour – je veux que quelqu’un s’occupe de moi.
13. Le film d’horreur dans lequel tu aimerais le moins te retrouver?
Un film d’horreur américain. Le noir meurt toujours en premier. Et les Américains, avec leur penchant sadique pour le sang et la violence, me tueraient sauvagement horriblement.
14. Cigale ou fourmi?
La cigale. Une seule raison : La fourmi est une chienne. Tout l’été, elle a profité de la musique envoûtante de la cigale. Cela a égayé l’ambiance de la saison. Ce n’est pas facile, la vie d’une chanteuse. Si la cigale travaillait tout au long de cette période estivale, l’été ne serait plus l’été. « Ah! — la fourmi n’est pas prêteuse! » dites-vous. Si j’étais la cigale, je prêterais à la fourmi une grosse claque en pleine face.
15. Ton moment le plus honteux?
J’hésite à vous raconter cette histoire, mais voilà :
L’été. 2010. Moi et mes colocs décidons de mener nos vies dans une manière scandaleuse. De ne plus remettre en question nos actions. De ne faire qu’agir et réagir. D’explorer. D’expérimenter. De vivre.
Une coloc est tout de suite partie à Paris et à Barcelone. L’autre s’est réfugié à Berlin. Moi, je décide de soutenir l’économie locale et de tapiner à travers le réseau Bixi. Je flirte avec tout le monde : les filles en vélo; mes amis, leurs amis, et leurs ennemis; mon professeur avec de magnifiques cheveux. C’est ben le fun.
Mais à cause que tout doit finir que tout est si beau. L’été devient l’automne. Les feuilles meurent ainsi que mes mœurs légères. Alors, je fais mes adieux à une excellente saison et je l’oublie complètement.
Jusqu’à un jour de cauchemar à Provigo.
Je suis en train de faire mes courses et je me retourne et qu’est-ce que je vois? Une de mes liaisons estivales. J’arpente un autre couloir pis j’en vois une autre. Je change de direction et j’en vois une autre. Pis une autre. Pis une autre. C’était l’attaque de mon ancienne vie sexuelle. Il n’arrête pas. Le choc me fait oublier leurs noms – je ne me rappelle que des dates et des endroits :
Câline! C’est Monsieur « le 12 juillet – les toilettes du Belmont ».
Tabarouette! C’est Madamoiselle « le 2 aout – Parc Jeanne Mance ».
Je m’enfuis de l’épicerie. Je ne sais même pas si j’ai payé pour mes courses. Le lendemain, je vais directement me confesser. Do not pass Go, do not collect $200. La pénitence? 4 Notre-Père. 4 Je-vous-salue-Marie et 1 symbole des apôtres.
16. Le juron que tu hurles en char ?
Jésus Christ – parce qu’il est peut-être la seule personne qui puisse m’aider derrière le volant
17. Tu peux passer 5 minutes avec une célébrité de ton choix, laquelle est-elle et que lui dis-tu?
François Sagat. Ce spécimen magnifique de l’être masculin m’intrigue énormément. Certes, il a un corps impressionnant, un cul de folie, et des grands organes génitaux. Mais c’est ben plus que ça qui m’attire. C’est son air mystérieux. Il était artiste, créateur de mode. Maintenant il est porn-star. C’est très curieux comme parcours. Lorsqu’on se rencontre, je ne lui dirai rien. On ne parlera qu’avec nos yeux.
18. Ton premier geste au réveil?
Je balance mon réveille-matin par terre.
19. Pourquoi bloguer ? Qu’en retires-tu ?
J’aimerais faire réfléchir les gens. J’aime partager mes expériences avec des autres. J’aime partager les histoires de mes amis proches. J’aime expérimenter avec les mots et la langue.
20. La série ou le film honteux que tu regardes en secret?
The Real Housewives of Atlanta. Them bitches is crazy. Montréal devrait en faire une. Les vraies beautés de Montréal. Ou, quelque chose de genre. 2 dames d’Outremont, 2 autres du Plateau, et une madame de Westmount. Je l’écouterais.
21. Tu es en face de Barack Obama, que lui demandes-tu ?
Biggie ou Tupac?
22. Quelle personnalité québécoise t’inspire le plus ?
Anne Dorval. Son image est affixée sur le mur de mon bureau chez moi. Je veux écrire une pièce de théâtre qui s’intitule : « Anne Dorval ». Après avoir trouvé une photo de Mme. Dorval dans le bureau de son mari, l’héroïne devient jalouse. Elle commence à croire qu’il faut se transformer en Mme Dorval afin de garder son homme. L’héroïne serait interprétée par la vraie Anne Dorval. Très existentiel.
23. Un métier (autre que le tien) que tu aurais aimé faire ?
J’aimerais posséder ma propre agence d’arts et de créativité. Sans but lucratif, son mandat viserait à produire des oeuvres importantes d’art québécois et canadien. Il engloberait les arts visuels, écrits, sonores, et expérimentaux, et encouragerait la communauté à participer à de divers projets artistiques. J’y ai pensé après avoir vu un documentaire sur l’homme de Néandertal. Durant la dernière grande période glaciaire, le Néandertalien fabriquait des outils et se préparait pour l’âpre climat. Au même moment, l’homme moderne peignait des graffitis sur les murs des cavernes et sculptait des pénis en pierre. Et maintenant, qui domine la Terre? L’art n’est pas si inutile que les gens aimeraient vous faire croire.
24. Comment passeras-tu la dernière soirée du monde le 21 décembre 2012 ?
Je n’ai aucune idée; il faut sérieusement que je me prépare.
25. Comment tu aimerais mourir ?
La manière dont je mourrai n’est pas importante. Il fallait me poser : « Comment tu aimerais que ta mort soit fêtée? » J’espère que quelqu’un compose une chanson à propos de ma vie. Je ne veux pas quelque chose de triste. Je veux une toune avec un beat, avec du rythme, qui fait danser les masses. En fait, je suis un peu jaloux de Marcia Moretto. Les Rita Mitsouko ont écrit la plus belle chanson sur la mort d’un être cher (Marcia Baïla) et Mlle Moretto est le sujet.
26. Si tu devais déclarer ton amour pour tes lecteurs en quelques mots…
Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’amour. Amenez vos passeports et nous entreprendrons un beau voyage ensemble.
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