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Les Zapettes d’or de Stéphane Morneau

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Les Zapettes d’Or seront remises vendredi, ponctuant ainsi la fin de la saison télévisuelle avec le retour du beau temps, des rediffusions et des shows d’été faisant la promotion du port de la chemise fleurie en public.

Bref, avant cette remise de prix, je vais rendre hommage aux concepts de C’est juste de la TV en envoyant deux émissions au réparateur en plus de souligner deux bons coups de notre télévision avant de finalement remettre une Zapette d’or.

Tout ça en évitant les bitcheries faciles et convenues (ou du moins, en essayant de les éviter, j’peux pas faire ce genre de promesses)

ÇA M’ALLUME – SNL Québec (RIP)

C’est malheureux de voir une émission comme SNL Québec retirée des ondes, surtout que Télé-Québec a annoncé qu’un nouveau concept d’émissions à sketch avec une des comédiennes de la troupe SNL, Katherine Levac, sera financé à l’hiver 2016.

Évitons de faire le procès de Télé-Québec et de ses intentions, soulignons plutôt la belle audace et la bouffée d’air frais offerte par la troupe de SNL Québec. Malgré la courte de vie de l’émission, le diffuseur mérite un peu d’éloge pour sa brève tentative de créer un rendez-vous pour la « Génération Internet » au lieu de se contenter de surfer maladroitement sur la vague des Appendices afin de s’acheter un certain capital de sympathie avec les téléspectateurs plus jeunes.

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Bon, les textes de SNL Québec n’étaient pas toujours transcendants et les blagues n’étaient pas toutes des coups de circuit – mais les Bye Bye de ce monde ont le même genre de moyenne au bâton et pourtant, les gens sont au rendez-vous.

SNL Québec et Musique Plus seraient un match parfait, si seulement la station musicale n’était pas devenue qu’une vulgaire boîte à pain servant à diffuser des télé-réalités américaines en surimpression vocale. Mais ça, c’est une autre histoire.

AU RÉPARATEUR – le Ti-Mé Show

Comment oublier cette excellente mauvaise idée de la part d’ICI Radio-Canada Télé?

Un navrant mélange de nostalgie, de talk-show, d’humour et de copinage saupoudré de malaises et de faux pas. Regarder un écrasement d’avion au ralenti, de l’intérieur, dans le cockpit avec les pilotes nous ferait certainement moins grincer des dents que de voir Claude Meunier gosser avec sa fausse scie ronde en carton fixée sur son bureau d’animateur improvisé.

Le plus troublant dans cette histoire, c’est qu’il s’agit du fruit de gens talentueux et d’expérience dans le milieu. On ne parle pas ici d’une mauvaise idée pondue pour un KINO un peu en boisson ou une fin de session particulièrement chargée au Cegep. Non, on parle de professionnels qui, à de nombreuses reprises, ce sont dit que oui, c’est une bonne idée ça un talk-show avec un personnage fictif issu d’une série vieille de plus de 25 ans.

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J’imagine même une scène avec quelques « Euréka » lancés entre deux « tchin-tchin » complices. Misère, j’ai mal à la tête.

Je n’aime pas donner raison à Harper quand il coupe dans notre télévision d’état – mais disons que le Ti-Mé Show n’aide pas à le convaincre de la pertinence de la chaîne et des investissements gouvernementaux. Quand même moi j’ai envie de sortir un facile « pis j’paye ça avec mes taxes? » ; c’est que ça va mal à la shop.

Vous êtes capables de beaucoup mieux Radio-Canada et vous nous le démontrez très souvent. On peut vous pardonner le retour de Ti-Mé, mais on fournit les boule à mites pour le remiser de nouveau, et surtout, ne plus jamais le refaire vivre.

ÇA M’ALLUME – Nos cinéastes à la télé

Une tendance que j’ai remarquée en 2014-2015 et qui me fait chaud au cœur : on laisse de plus en plus de place à la signature de nos cinéastes sur des séries télévisées.

Pensons à Rafaël Ouellet (Nouvelle adresse), Podz (19-2), Francis Leclerc (Les beaux malaises) pour ne nommer que ceux-là. Nos cinéastes s’invitent aussi pour les projets plus courts, les séries sur le web, les capsules, etc. Nos cinéastes sont présents et le cinéma s’invite, à sa façon, dans notre télé.

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Certains y verront une mort lente de notre cinématographie, moi j’y vois plutôt une nouvelle façon d’attirer des regards sur l’écran d’argent.

Le monde du cinéma change, tout comme celui de la télévision. Aux États-Unis, plusieurs acteurs ont fait le chemin inverse du grand vers le petit écran et la tendance récolte énormément de succès. Le Québec n’est pas très loin derrière et ce travail commence derrière les caméras.

Qui plus est, j’aime pas mal mieux voir le nom de nos cinéastes au générique d’une série populaire que de savoir qu’ils doivent arrondir leurs fins de mois en filmant des cannes de bouffe à chats entre deux annonces de chars. Sans parler d’un métier plus noble qu’un autre, disons que la créativité doit être passablement plus sollicitée en fiction au petit écran qu’en publicité.

Portez une attention particulière aux génériques de vos émissions favorites, certains noms seront étonnamment familiers. Nous avons une petite industrie au Québec, il faut la chérir pour qu’elle se transmette à la prochaine génération.

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AU RÉPARATEUR – Jean Airoldi

Spécifiquement, on pourrait parler que de son infâme émission Quel âge me donnez-vous, mais on écarterait tout le cirque médiatique avant même la première diffusion.

Le concept d’enfermer une femme dans une cage de verre au milieu d’un centre d’achats, comme un animal de ferme à Pâques au Carrefour Angrignon, est déjà particulièrement difficile à justifier. Quelqu’un de particulièrement habile pourrait peut-être nous offrir une perspective sociologique intéressante sur la chose, mais nous avons vite compris que Jean Airoldi (et son équipe de consultation) n’était pas cette personne.

L’émission est répréhensible. Sa simple existence est désolante. Constater sans surprise que l’animateur n’est pas en mesure de défendre son concept au-delà de la volonté de participation de ces femmes, c’est la cerise sur le sundae.

C’est un peu comme blâmer le raton écrabouillé sur le bord de la chaussée parce qu’il a volontairement choisi de traverser sur le bitume. On écarte la responsabilité de l’automobiliste et, à plus grande échelle, le principe même des routes avoisinantes aux forêts.

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Les deux mains sur le volant, Airoldi a fait le tour des médias en criant « tasse-toé matante » à tout le monde autour, blâmant allègrement l’insécurité d’une poignée de femme pour justifier la présence de son offre sur les ondes. Comme dans Field of Dreams, Airoldi a construit sa cage et il s’est réjoui de voir des gens s’y inviter, sans pousser la réflexion plus loin qu’une injection de botox « de routine ».

C’est pourquoi j’envoie Jean Airoldi au complet dans ce réparateur virtuel. D’un coup qu’on pourrait sauver quelque chose, aussi bien ratisser large.

ZAPETTE D’OR DE L’ANNÉE – Antoine Bertrand

C’est simple; on l’aime Antoine.

On aime quand il est invité à une émission comme SNL Québec, on aime quand il retourne sur le plateau des Enfants de la télé pour dégourdir la nouvelle équipe, on aime quand il laisse Design V.I.P. entrer dans son salon, on aime tout de lui.

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Quand Antoine apparaît à l’écran, il inspire le bonheur et la joie de vivre. Dans le Winnebago de MC Gilles, on avait le goût de lui faire un gros câlin. Lors de sa présentation au Gala des Mommy, on voulait juste lui dire “good job buddy” avec un grand sourire.

Ma zapette de l’année, elle va à Antoine parce que le reste de notre télé gravite autour de lui, comme un soleil barbu au-dessus de la planète des Télétubbies.

Bref, chapeau Antoine et ne quitte jamais notre télé. C’est cute le théâtre pis toute, mais on t’aime dans nos écrans, petits et grands. On t’aime aussi nu sur un boulet de démolition, mais pas trop souvent – y’a quand même des enfants qui regardent à l’occasion.

Ne change surtout pas, Buddy!