.jpg)
Quand il a démarré son magasin de livres et disques d’occasion, en 1976, il était loin de se douter qu’un jour, ces produits culturels pourraient se passer de support physique.
D’où vous est venue l’idée de l’Échange?
Je venais de faire un voyage aux États-Unis où mon beau-frère venait de démarrer un magasin de disques de seconde main, à Chicago. Je suis revenu avec l’obsession d’en ouvrir un pour faire les choses autrement. Lui vendait tout à un dollar, sans distinction pour la valeur des choses, des goûts des clients ou de l’état des disques.
Comment arrivez-vous à mettre un prix sur les produits?
Nos acheteurs ont de14 à 16 ans d’expérience. Ils savent ce qui se vend et ce qui ne se vend pas. Aussi, on vend ce que l’on aime. On n’a jamais acheté des livres de la collection Intimité par exemple.
Y a-t-il des auteurs frustrés de ne pas toucher de droits d’auteurs sur leurs livres revendus?
Je n’en ai jamais vu. Les auteurs sont généralement contents que leurs livres circulent. Michel Tremblay est même déjà arrêté pour nous le dire. Les librairies régulières laissent seulement les nouveautés sur les tablettes durant quelques mois. Après ça, il y a des livres qu’on ne peut trouver qu’ici. Or, un auteur qui n’est pas lu, c’est un auteur en perdition.
Le iPad, les téléchargements de musique, est-ce que ça menace votre survie?
Pas encore, mais ça va finir par transformer notre industrie. Pour l’instant, les disques d’occasion demeurent moins chers que les téléchargements. Pour ce qui est du livre, je ne crois pas que ça va le tuer, mais puisqu’on en imprimera moins, les ouvrages risquent de devenir plus chers. Ce n’est ni bon pour nous, ni pour les consommateurs.
Est-ce que les gens se trompent souvent dans les noms de livres?
Un jour, Dany Laferrière a vu une publicité de notre campagne «Les livres qui ne circulent pas meurent» dans laquelle on avait parodié La Vie devant soi, de Romain Gary, en changeant le titre par La vie derrière soi. Il voulait absolument mettre la main sur ce roman dont il n’avait jamais entendu parler.
Avez-vous une importante collection personnelle à la maison?
Oui, mais seulement de livres de cuisine. Les autres livres que j’achète, je les rapporte ici, ou je les prête, ce que tout le monde devrait faire, d’ailleurs. Les livres sont faits pour circuler.
47 500 : Nombre de téléchargements de l’album Friterday Night de Misteur Valaire après 18 mois de mise en ligne. 0 : coût de l’album de ce groupe qui mise sur un nouveau modèle d’affaires.
Les libraires ont la chienne
En France, on prend la menace du iPad au sérieux. Le syndicat national de l’édition a dépensé 500 000 € dans une vaste campagne pour sensibiliser les consommateurs à l’importance des libraires : «Qui m’aidera à faire le bon choix si mon libraire n’est plus là?», questionnent les publicités publiées dans une douzaine de quotidiens. La cause principale de la désertion des librairies : la vente de livres en format numérique.