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Je ne sais pas par où commencer. Je vous avertis tout de suite, ça ne sera pas drôle. Je serai pas funny. Il y aura pas de punch, pas d’autodérision.
Il est 2 heures du matin. Je viens de rentrer chez moi. Je suis dégoûtée. Je suis écoeurée. J’ai honte.
J’ai jamais dit mon âge ici. Eh bien, c’est le moment où jamais, et pas parce que je suis fière de moi. J’ai 47 ans.
Je ne sais toujours pas par où commencer. Je veux parler des relations hommes-femmes. Non, plutôt de la cruise. En fait, je veux parler de “non, c’est non”. Parce que ce n’est pas si simple que ça. Encore en 2015.
Je veux éviter de faire un billet cute qui pourrait récolter des likes. Parce que ce n’est pas de ça qu’il est question. Mais du gros AARK que j’ai en travers de la gorge.
J’ai besoin de comprendre. Mettons que je lance un sondage maison. Les filles, là, est-ce que ça vous est arrivé de vous laisser tripoter par un gars, de baiser avec, tout ça, sans en avoir vraiment envie mais sans avoir été capable de dire non? Par culpabilité, peur de déplaire, impression d’être allée trop loin pour reculer… Par simple paralysie, peut-être…
Je pensais que ça ne m’arriverait plus jamais. Je vous l’ai dit, j’ai 47 ans. Et je viens de rentrer chez moi en pleurant. Après m’être laissée embrasser et tripoter par un gars. Ben un homme, j’imagine qu’on dit, rendu à nos âges.
Je n’ai aucune idée pourquoi je n’ai pas arrêté le processus kek part en cours de route. J’avais envie de me sentir désirée. Parce que je suis en peine d’amour, pis chez moi, ça fait ça. J’avais un peu envie de frencher quand même. C’était OK jusque-là.
Je ne sais pas quand j’ai perdu le contrôle et que sa main s’est retrouvée dans ma culotte. Il a réussi à me faire jouir. On pourrait penser : donc, c’était bon. NON. Je me demandais quand je pourrais rentrer chez moi sans être impolie, sans créer de malaise. Je répète : “sans être impolie”. Je l’écris, et je me remets à brailler. Câlisse. J’ai 47 ans. Et je laisse un homme mettre sa main dans ma culotte par peur d’être impolie.
Là, j’ai la chienne qu’il m’écrive, m’appelle, kek chose de même. Ma capacité à être polie ne se rend pas jusqu’à la possibilité qu’on se revoie. Ma limite semble se situer là. J’aurais vraiment vraiment vraiment souhaité qu’elle se situe plus tôt.
J’ai un gros bloc de honte dans la gorge. Je voudrais effacer la soirée que je viens de passer. Je voudrais qu’un homme que j’aime me prenne dans ses bras. Je travaille fort en ce moment pour ne pas me traiter de tous les noms. Eh oui, je suis mal faite de même, c’est même pas lui que je traite de tous les noms. J’ai pas été claire dans mes signaux, c’est de ma faute, donc, non?
L’homme m’a fait jouir, il me pensait forcément ravie. Est-ce de sa faute à lui de ne pas avoir reconnu que je jouais une game pour correspondre à ce qu’il voulait? Il me voulait soumise. Ah pis, d’la marde, j’ai pas envie de raconter de détails.
J’ai posé une question aux filles. Les gars, maintenant. Deux questions. Un : Ça vous arrive-tu de vous forcer à frencher une fille, à la laisser vous tripoter, à la tripoter, baiser avec? Ou idem avec un gars, si vous êtes dans cette équipe. Si oui, éprouvez-vous de la honte après? Deux : Ça vous arrive-tu de vous demander, après coup, si la fille avait vraiment envie ou si le désir que vous sentiez chez elle n’était pas qu’une projection?
Je ne me suis pas écoutée par peur de blesser un ego mâle. Ça m’est arrivé à mon adolescence, ça m’est arrivé dans la vingtaine. Ça ne m’est pas arrivé dans la trentaine, j’étais en couple et fidèle. Ça vient de m’arriver dans la quarantaine. Osti.
Je ne sais pas quoi dire d’autre. Je suis contre l’idée d’un questionnaire à chaque étape. “Veux-tu frencher?” “Veux-tu que je mette ma main dans ta culotte?” Parce que c’est pas érotique. Et que anyway, pour certains, “tu en as envie, hein, dis?” ça pourrait sembler faire la job.
Je ne sais pas comment conclure ce billet.
J’ai honte. Je suis déçue de moi. J’ai un immense AARK de pris de travers dans la gorge.
J’ai vraiment envie que vous me répondiez. Les filles. Les gars.
C’est tout. Là, je m’en vais me coucher en tite boule dans mon lit. Câlisse.