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WW (Weight Watchers) présente un programme pour ados et c’est problématique

Pouvons-nous laisser les enfants manger en paix?

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Alors que de multiples intervenants essaient de faire comprendre aux adolescents que l’importance de l’acceptation de soi, la beauté de la pluralité des corps et les différences sont ce qui nous rend uniques et que la grossophobie n’est pas un comportement acceptable, WW (anciennement Weight Watchers, un des programmes de perte de poids les plus populaires chez les adultes) vient de sortir une version pour les 8-17 ans.

Leur slogan: «Obtenez un poids plus santé avec Kurbo».

Vous avez bien lu, on incite des adolescents (et même des enfants) à perdre du poids. Leur slogan: «Obtenez un poids plus santé avec Kurbo». En défilant leur site internet, les malaises persistent. On peut y lire les «success stories» dont Jared, 17 ans, qui a perdu 18 livres et qui se sent plus «confiant, en santé et mieux dans sa peau».

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On nous présente Manny, 15 ans, qui a perdu 46 livres et Vanessa, 8 ANS, qui a réduit de 11 points son indice de masse corporelle en «essayant de manger plus de légumes verts». Ceci n’est pas une blague, malheureusement.

L’application, qui offre un version gratuite et une version payante (que l’on peut acheter pour la modique somme de 69$ USD par mois), fonctionne simplement. Les enfants entrent leurs repas quotidiens dans le programme et une charte de couleurs indique où se situent les aliments: en vert, c’est bon pour toi, en jaune, tu devrais en manger occasionnellement et avec modération et en rouge, c’est à éviter.

Un conditionnement problématique

Le hic (parmi tant d’autres) c’est qu’il est dans la nature des enfants de vouloir ce qu’ils ne peuvent pas avoir. Classifier aussi drastiquement les aliments ne leur permet pas de s’autoréguler, explique la nutritionniste Jenna Hollenstein. Il y a donc un risque qu’ils détestent les céréales de grain entier, juste parce que c’est vert.

Ce que Kurbo semble oublier également, c’est que les fluctuations de poids en période de puberté (et avant l’adolescence) sont normales.

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Ce que Kurbo semble oublier également, c’est que les fluctuations de poids en période de puberté (et avant l’adolescence) sont normales. De plus, on insinue qu’il n’existe qu’un seul type de corps «santé», alors que les enfants sont encore dans leur période de développement.

Pente glissante vers des problèmes plus graves

Et si leur promesse c’est de «faire partie de la solution pour résoudre les problèmes d’obésité chez les enfants», les spécialistes de la santé s’entendre aussi pour dire que ça pourrait contribuer à accroître les troubles alimentaires.

Mais, est-ce qu’on ne peut pas juste laisser les enfants être des enfants et arrêter, en tant qu’adulte, d’essayer de tout contrôler?

Dans une entrevue avec Refinery29, Sami Main, un coach de vie qui se spécialise en santé physique et mentale, explique que suivre un régime peut mener les enfants à développer une mauvaise estime d’eux-mêmes et potentiellement des problèmes d’alimentation et d’autres problèmes de santé mentale.

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En fait, ça pourrait inciter les enfants à avoir peur de la nourriture à cause de ce principe de lumière rouge et ainsi craindre constamment la prise de poids.

Le seul point positif (si c’en est un), c’est que selon la co-fondatrice Joanna Strober, l’application avertira la famille et les enfants si des signes de troubles alimentaires se présentaient.

Mais, est-ce qu’on ne peut pas juste laisser les enfants être des enfants et arrêter, en tant qu’adulte, d’essayer de tout contrôler?

Rappelons-nous que le fameux IMC, en plus d’être jugé désuet par de plus en plus de médecins, n’est pas un indicateur absolu de l’état de santé et, comme le dit Jean-Philippe Chaput, professeur-chercheur en pédiatrie à l’Université d’Ottawa et au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario: «Le meilleur poids, c’est celui qu’on a avec les meilleures habitudes de vie possible.»

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