Woody Belfort, c’est son vrai nom. Le culturiste n’a pas choisi ce nom de famille qui reflète si bien le fait qu’il entraîne son corps à être le plus beau et le plus fort possible. Et si vous lui demandez, il vous dira qu’être beau et fort n’est pas une priorité pour lui.
« Les gens pensent que le culturisme, c’est juste des gars qui se piquent pour avoir un beau corps, mais ils ne réalisent pas tout le travail qu’il y a derrière ça », explique-t-il. « Souvent, les culturistes ont une histoire inspirante. Par exemple, le gars qui était alcoolique et qui s’est repris en main avec l’entraînement. Moi, c’est plate, j’ai pas vraiment d’histoire », pense-t-il.
« Les gens pensent que le culturisme, c’est juste des gars qui se piquent pour avoir un beau corps, mais ils ne réalisent pas tout le travail qu’il y a derrière ça. »
Peut-être l’a-t-il oublié, mais Woody se déplace en fauteuil roulant depuis qu’il est tout petit. Il a été élevé par sa mère, seule. Son père les a abandonnés, ne voulant pas s’embarrasser d’un enfant handicapé, se privant par le fait même de côtoyer l’un des humains les plus intéressants et inspirants sur terre.
Depuis sa naissance, Woody est atteint de diplégie spastique, une forme de paralysie cérébrale qui cause des spasmes musculaires et affecte la fluidité de ses mouvements. « Je peux marcher, mais j’ai l’air de sortir d’un bar à trois heures du matin », explique-t-il. La maladie affecte aussi le haut de son corps, mais très jeune, Woody a commencé à s’entraîner pour cacher ses mouvements involontaires. « Je ne voulais pas que ça paraisse », dit-il.
À le voir se pavaner dans les compétitions de culturisme en fauteuil roulant, où il bombe le torse avant de parader sur les mains, on ne croirait pas qu’il ait pu un jour vouloir cacher quoi que ce soit. « Peut-être qu’inconsciemment, je me suis dirigé vers le culturisme pour changer les standards de beauté », dit-il. « Mais en même temps, j’ai jamais voulu me fondre dans la masse ».
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Dans les cours d’éduc, à l’école, plus souvent qu’autrement, Woody était laissé de côté. « À qui tu penses qu’on demandait de compter les points ? À moi ! », se souvient-il. « Les profs ne savaient pas comment m’impliquer physiquement. C’était très frustrant ».
Aujourd’hui, il prend solidement sa revanche en s’entraînant au ninja warrior et à la callisthénie. Le premier est une sorte de course à obstacles extrême, la deuxième est une forme de gymnastique extérieure dans laquelle l’athlète utilise son propre corps comme poids. Les deux font passer le crossfit pour du yoga même pas chaud. Dans une pub récente du Barreau, on le voit faire des chin-ups comme s’il n’y avait pas de lendemains. Le punch de l’annonce, c’est que Woody les fait accroché à son fauteuil. (Pour la petite histoire, Woody nous dit qu’il dû faire 111 chin-ups pour le tournage de cette pub de 15 secondes. Rien de moins.)
En novembre dernier, l’étudiant de 22 ans a diffusé une vidéo dans laquelle on le voit arpenter la station de métro Longueuil sans le moindre pépin, utilisant ses bras pour escalader les multiples rampes d’escalier qui le séparent quotidiennement de Montréal. Son fauteuil ne semble nullement être un obstacle à son accessibilité.
Woody joue aussi au basketball en fauteuil roulant, où il rend un fier service à l’équipe du Québec qui vient de le recruter. « Je suis classé 2, mais dans ma tête, je suis un 4.5 ! », dit-il. Au basket en fauteuil roulant, les joueurs sont cotés en fonction de leur handicap. Plus les joueurs sont hypothéqués pour le jeu, plus leur cote est basse. En compétition, une équipe a le droit d’avoir 15 points sur le terrain, ce qui donne l’occasion aux joueurs moins bien classés de faire partie de la rotation. « Je suis toujours sur le terrain parce que je ne coûte pas cher à mon équipe et je suis quand même assez bon ! » se réjouit-il.
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En le regardant aller, on comprend vite que Woody n’est pas handicapé. En novembre dernier, l’étudiant de 22 ans a diffusé une vidéo dans laquelle on le voit arpenter la station de métro Longueuil sans le moindre pépin, utilisant ses bras pour escalader les multiples rampes d’escalier qui le séparent quotidiennement de Montréal. Son fauteuil ne semble nullement être un obstacle à son accessibilité.
Le fait que son fauteuil ne soit pas pour lui un obstacle ne l’empêche pas, en retour, de s’engager en faveur d’une plus grande accessibilité pour tous. « Ça ne me rentre pas dans la tête qu’en 2018, des gens ne sortent pas de chez eux parce que l’environnement n’est pas adapté à leurs besoins. Mon rôle est de les défendre même si je suis plus mobile », dit-il.
Woody a tout ce qu’il faut pour être recruté à La Voix. Son histoire est inspirante, son cœur est à la bonne place, sauf que lui, son don, ce n’est pas le chant. C’est probablement quelque chose comme l’enthousiasme, dont il contamine tout le monde lorsqu’il arrive au ProGym, où il s’entraîne et se retrouve comme dans sa deuxième maison. « Si tu restes dans ce gym pendant quatre heures, tu vas voir tellement de beau monde », dit-il. « Des gens de toutes les formes et de toutes les couleurs ». Des gens qui pensent peut-être être des 2 et qu’il réussit à persuader qu’ils sont des 4.5.