Logo

Will Smith, sauve-nous!

Publicité
Je me sens comme dans un film. Un film du début des années 2000. Un film avec Will Smith et Morgan Freeman. Un film avec un méchant virus qui tue tout le monde, des ordinateurs qui prennent 30 minutes avant de se connecter à Internet, de la musique de Rage Against the Machine et des petits singes infectés dans des cages qui crient.
Je le sais que je dois aller me faire vacciner.
Je sais que c’est pour mon bien, mais surtout pour celui des autres.
Et pourtant.
Même si les gens font presque du camping dans les centres d’achats pour recevoir la fameuse injection, même si ma mère et les médecins à Tout le monde en parle me prient de m’y rendre à mon tour, je reste de glace : je reste confortablement assise dans mon salon et n’envisage même pas la possibilité de peut-être aller faire la file pour recevoir le vaccin.
***
Ce n’est pas parce que je crois aux théories conspirationnistes ou parce que je crains les méchantes pharmaceutiques. Loin de là.
Publicité
Ma prof de FPS au secondaire dirait plutôt qu’il s’agit de «pensée magique». Comme quand on fait l’amour sans condom, même si on sait que c’est mal avec un grand M, mais qu’on le fait quand même, parce qu’on se dit que, les MTS, ça n’arrive qu’aux autres.
Et, quand il est question de la grippe A(H1N1), à l’image de beaucoup de gens de ma génération, j’ai la forte conviction d’être invincible, la forte conviction que je ne l’attraperai jamais. Que la planète entière peut être infectée… sauf moi. Que je suis naturellement immunisée.
Pourquoi?
Parce que je suis une enfant-roi et que je n’aime pas me faire dire quoi faire? Parce que je n’ai jamais eu de MTS, même quand je n’ai pas mis de condom? Parce qu’il s’agit d’une grippe et que j’ai déjà eu la grippe des dizaines et des dizaines de fois? Parce que j’ai connu le SRAS et le Virus du Nil, et que je sais que ça finit toujours par passer? Ou, encore mieux, parce que je continue de croire que Will Smith va tous nous sauver?
Probablement.
Mais, au-delà de ces considérations, le A(H1N1) me fait réaliser que, jusqu’à maintenant dans ma vie, j’ai eu très peu de contact avec la maladie. Contrairement à mes grands-parents, qui tremblent à l’idée d’être infectés, par exemple, je suis très peu expérimentée en matière de vrais gros bobos et de visites chez le médecin
Publicité
Quand on grandit avec une pharmacie remplie d’Advil, d’Advil pour la migraine et d’Advil Rhme et Sinus, on ne connaît pas la douleur.
Quand on grandit dans un monde où chaque maladie a un remède, où chaque problème a une solution, on ne croit plus à la fatalité.
Et ça pourrait bien nous être fatal.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!