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Wilfred, c’est pas toute vrai
Quand je suis débarquée à Percé pour rencontrer les pêcheurs de homards, j’avais en tête cette idyllique image du pêcheur qui embarque dans son chalutier le matin… à qui la mer appartient…
Pourtant, sur place, j’ai vite réalisé que la réalité ne correspondait pas tout à fait aux chansons de Wilfred.
En vérité, c’est un peu plus compliqué : la pêche au homard est rendue encore plus politique que l’investiture de Barack Obama. Je vous l’jure!
1- Pour pratique leur métier, les pêcheurs doivent d’abord se procurer un permis. On s’en doutait. Mais le «hic», c’est que ses permis sont de plus en plus rares parce que les homards sont de moins en moins nombreux. Ceux qui veulent en obtenir un doivent absolument le «racheter» d’un pêcheur. Et ça peut être très très long… et surtout, très très cher. Actuellement, les pêcheurs de la relève n’ont pas les moyens de payer de telles sommes. What’s next? On sait pas trop.
2- Une fois qu’ils ont obtenu leur permis, les pêcheurs ne voguent pas où bon leur semblent avec leur petit homardier. No-no-noooon. Leur territoire est bien délimité. D’ailleurs, gare à celui qui voudrait s’aventurer en dehors de sa zone : les autres pêcheurs s’empresseront assez-vite-merci de lui rappeler qu’il n’est pas le bienvenu.
3- Le nombre de cages de homards par bateau ne doit pas dépasser 235. Pas une de plus.
4- Les homards qui mesurent moins de 67,5 mm (la taille moyenne d’un micro-pénis) doivent être remis à l’eau. Chaque homard doit être mesuré.
5- Depuis 2003, le nombre de homards est incroyablement bas dans le fleuve. Pour expliquer la situation, les pêcheurs dénoncent entre autre les campagnes contre la chasse au phoque de Greenpeace. En effet, depuis que la belle Brigitte et le beau Paul ont pris la défense des blanchons, leur nombre a largement augmenté. Cette situation a fini par briser la chaîne alimentaire. Plus de phoques = plus de mangeurs de homards = moins de homards = moins d’argent dans les poches des pêcheurs de Percé.
Malgré les règlements du gouvernement à la con, malgré la compétition et malgré la belle Brigitte, les pêcheurs que j’ai rencontrés m’ont tous dit qu’ils pratiquaient le plus beau métier du monde et qu’il n’y avait rien de plus agréable dans la vie que de partir en mer à quatre heures du matin avec «papa» pour taquiner le homard.
Comme Wilfred.