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Wendy, artiste tourmentée… et hilarante!

Artsy Fartsy Wendy.

Par
Mathieu Roy
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« La vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la vie », disait Oscar Wilde. C’est le genre de réflexion qui laisse de glace le commun des mortels, trop accaparé par les tracas et la monotonie de l’existence. Les gens ayant un tant soit peu de sensibilité artistique sont capables de déceler la beauté dans la trivialité du quotidien.

Il arrive parfois que les créateurs et créatrices se perdent en conjectures lorsque vient le temps de parler de leur travail. Comment mettre des mots sur des idées aussi abstraites que volatiles? C’est d’ailleurs le cas de Wendy, qui devra, dans la BD Wendy, maître ès arts se démener pour prouver au monde qu’elle mérite bel et bien son titre.

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Wendy doute. Comme la plupart des gens de son âge, hein? Elle essaie de se convaincre que son parcours scolaire lui permettra de gravir le prochain barreau d’une échelle vers la réussite et la reconnaissance de ses pairs.

Réussir quoi au juste? Elle n’en a qu’une vague idée. Elle a été acceptée au sein d’un prestigieux programme de maîtrise. Plantée au milieu de nulle part, l’Université de l’Enfer (en Ontario) recèle de brillants éléments triés sur le volet. Il lui faut plonger la tête première, se donner corps et âme et espérer que ses professeur.e.s comprennent son mode exploratoire, ou du moins, les duper à croire qu’elle en a un.

Parce qu’on ne se le cachera pas, il n’y a rien de plus abscons à expliquer que la genèse d’une œuvre. On a beau apposer des étiquettes, intellectualiser sa méthodologie et ânonner des concepts, il demeure qu’on parle parfois sans connaissance de cause pour jeter de la poudre aux yeux et épater la galerie afin d’obtenir son grade universitaire. Fake it till you make it!

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Il n’y a pas que les pensées de notre artiste tourmentée qui sont monopolisées : son cœur l’est tout autant. Il n’est pas facile d’y accéder et d’y faire une place pour l’engagement. Les amours volages et les conquêtes d’un soir se sont multipliés au fil des années. On a beau lui révéler ses sentiments, elle reste impénétrable — au sens figuré.

N’empêche qu’elle demeure une jeune femme en pleine possession de ses moyens, même si parfois, ses facultés sont drastiquement affaiblies. Cette tendance à l’autodestruction devient presque un leitmotiv, une carte de visite. En tout cas, elle est symptomatique d’un grand manque de confiance en soi qu’elle tente d’estomper à coups de rasades de bière cheap et de bumps de coke.

Elle peut tout de même compter sur ses amitiés — nouvelles et anciennes — pour lui remettre les pendules à l’heure et les yeux en face des trous. Ces derniers contribuent à sa démarche parfois chancelante.

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Walter Scott nous offre un portrait cinglant et lucide du milieu dans lequel il fraye depuis maintenant quelques années, ayant lui-même obtenu une maîtrise en beaux-arts de l’Université de Guelph en 2018. Le contexte dans lequel évolue l’histoire n’est qu’un prétexte pour parler de cette millénariale attachante à laquelle nous pouvons tous et toutes nous identifier à différents degrés. Inutile d’avoir la science infuse pour y trouver son compte.

L’œuvre d’art n’est pas le reflet, l’image du monde; mais elle est à l’image du monde.

-Eugène Ionesco

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