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Wassup Molière?

Les jeunes: petits et grands oubliés du Forum mondial de la langue française 2012?

Par
André Péloquin
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Jusqu’au 6 juillet, la ville de Québec accueille le Forum mondial de la langue française 2012. En plus d’assister à de multiples concerts, ateliers et conférences abordant la langue, la littérature, le cinéma ainsi que la littérature, les participants pourront aussi se frotter à une performance de Grand Corps Malade qui, j’imagine, déclamera ses textes grandiloquents sous fond de rythmiques soporifiques pour le plus grand plaisir des masochistes présents (je n’aime vraiment pas ce qu’il fait, en effet).

Blague (douteuse) à part, la palette couverte est large, mais aborde toujours qu’en filigrane la jeunesse, qui – après tout – portera bientôt le fait français sur ses épaules. À vrai dire, on invite rarement la francophonie aux partys d’gars et autres événements jeunesse…

Prenons le réseau CKOI, par exemple, qui – à défaut d’être exclusivement consacré aux jeunes – attire un public plus adolescent que Radio-Canada ou Espace Musique disons (voire de la SRC entière qui cantonne maintenant – et malheureusement – l’essentiel de ses produits jeunesse que sur le Web). Au moment d’écrire ce billet, aucune pièce francophone ne se retrouvait sur le fameux « 6 à 6 ». Pire encore, la station de Québec – le 102,1 FM – n’offrait même pas de sélections francophones à insérer dans la liste de vote. Mince consolation, la chaîne montréalaise offre tout de même un palmarès entièrement francophone… diffusé les dimanches dès 18h25.

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Il en va de même pour le réseau NRJ. Le « top 10 » actuel de la chaîne ne contient aucune pièce chantée en français. Notons toutefois la présence d’une émission quotidienne – le « 8 à 8 » – où on ne joue que des pièces francophones. Mais encore là, le son et les thématiques proposées sont plutôt homogènes : peines d’amour bonbon et hymnes à la fête sous fond de mélodies interchangeables. Et à cette offre de masse plutôt homogène, s’ajoute la cruelle absence d’émissions jeunesse pour filtrer tout ça.

Quoique de l’autre côté de la lorgnette (du côté des producteurs de contenu), la situation stagne aussi. En août 2011, l’étiquette Indica (Les Trois Accords, GrimSkunk et j’en passe) lançait la division 888, un volet proposant de la musique « par les jeunes et pour les jeunes ». Près d’une année plus tard, le label offre toujours qu’un seul disque et demeure malheureusement dans l’ombre. En espérant que ça débouche un jour…

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Pourtant, les jeunes d’ici et d’ailleurs sont curieux, ouverts et consomment beaucoup (les récents succès de Justin Bieber et One Direction en témoignent). En plus de s’inquiéter de la percée de l’argot texto dans nos institutions, on devrait aussi se creuser les méninges pour présenter la langue française et sa culture d’une façon conviviale et – désolé des anglicismes – « cool » et « sexy » afin de proposer une alternative aux « décrocheurs » la jugeant trop ringarde ou réservée qu’à des mièvreries (allô Marie-Mai!).