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Salut! Je m’appelle Rosalie Wannabe.
J’aime beaucoup écrire, je suis une wanna be auteure. J’aime également jouer, je suis une wanna be comédienne. Je possède un cerveau qui me gâche souvent la quiétude, mais dont je ne suis pas peu fière, je suis une wanna be intelligente. “Wanna be intelligente” parce que je suis de celles qui ont beaucoup d’outils, mais qui s’obstinent à essayer de visser une vis avec un marteau. (Ça va pas ben.)
Si j’utilise des images d’outils, c’est parce que je boude un peu les ustensiles. J’ai récemment lu un texte écrit par une fourchette. Ça ne m’a pas plu. Ça m’a déplu parce que c’était quand même un peu bon, pis ce n’était pas moi qui l’avais écrit. Son auteure a presque mon âge, plein de choses chouettes à raconter, un blogue et elle vend même des livres au titre sucré comme de la slush.
Je me demande parfois comment elle trouve le courage de se penser assez bonne pour tout ça. Ne me méprenez-pas, elle l’est. Vraiment. Mais je la trouve pas mal hot d’arriver à croire les autres quand ils le lui disent, parce que moi c’est l’une des choses dont je suis incapable. (Suivi de près par “rester cute quand je pleure” et “aller me coucher sans avoir regardé sous le lit”.)
Il devrait s’offrir des cours sur comment recevoir un compliment.
Moi je fais juste essayer de rougir pour montrer que je suis gênée et échapper un petit “Franchement, tu dis n’importe quoi!” tout mou par manque d’assurance. J’aimerais pouvoir comme elle, me lever un matin et croire assez en moi pour mener un projet à terme. Je sais que tôt ou tard je n’aurai pas le choix, d’autant plus que je ne peux pas passer ma vie à médire les auteurs — au nom de coutellerie ou pas — juste parce qu’ils ont eus les couilles de réussir.
J’ai également constaté que mes rêves de 11:11 ne se réalisent jamais. Peut-être parce que j’en fais toujours deux ou trois en même temps. C’est comme de demander quelque chose en annonçant direct qu’on veut toujours plus et qu’on ne se contentera pas de ce que l’on nous offrira. Peut-être aussi parce que je me procrastine l’accomplissement.
Sur ma liste de choses à faire, je remets toujours à plus tard ce qui me permettra un jour ou l’autre de réaliser mes rêves. Probablement parce que je veux m’assurer que mes rêves demeurent des rêves par peur qu’ils deviennent quelque chose dans quoi j’ai échoué.
On te dit de viser la lune et que dans le pire des cas tu atterriras dans les étoiles?
Moi je vise les étoiles pour laisser mon orgueil émettre des “pfff y’a rien là, c’est ça que je voulais”, alors qu’il manque à mentionner qu’il craignait simplement d’être le plouc qui n’a pas réussi à atteindre la lune du premier coup. Je ne suis donc jamais déçue d’échouer, mais je ne suis jamais non plus satisfaite de réussir. Je bâcle tout ce que j’entreprends, comme ça si je rate, j’ai une excuse pour me protéger l’ego.
Sauf qu’il y a quelque chose qui cloche dans mon résonnement tout pourri, puisqu’il me semble que ça fait bien plus peur tomber de bas que tomber de haut. En plus de te péter la fiole et de t’érafler les genoux au bas de l’échelle, quand tu tombes de bas, tu n’avais eu le temps de te rendre nulle part.
Celui qui sera tombé de haut aura au moins pu apprécier la vue de la cime le temps qu’il y était, tandis que tu n’auras vu que des troncs. Personne ne veut se contenter de troncs! C’est comme d’économiser un an pour une vacance et d’aller finalement passer une semaine au Holiday Inn de Longueuil. Sans rien enlever à cette banlieue et à cet hôtel, c’est tout un gaspillage!
Au final, outre le confort, ça ne m’apporte rien de me saboter, car en y pensant bien, ma paresse est déjà une preuve de talent.
La preuve dont je pense avoir besoin pour aller de l’avant, celle que je cherche dans l’attente de validation. Si je n’étais pas douée dans quoi que ce soit, je devrais travailler dur constamment et je ne pourrais pas assumer un travail effectué à la va-vite en laissant croire que j’offre le meilleur de moi-même.
J’ai comme le goût de prendre ce talent-là et de l’emmener de l’autre côté des clôtures de peur que je me suis érigé, juste pour voir ce que ça donnerait. Je ne suis clairement pas faite pour être astronaute, mais peut-être que je pourrais m’inventer une lune.
C’est décidé, j’ai fini de viser à côté, je n’ai plus envie d’être une wannabe.
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Pour lire un autre texte de Rosalie Bonenfant : “Avant que les seins ne me poussent”