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Vivre de son art chez soi : le défi des artistes du cirque québécois

Entrevue avec Guillaume Blais, cofondateur du Monastère.

Par
Pascale St-Onge
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URBANIA et le Monastère sont fiers de s’associer pour faire rayonner le talent circassien local!

Au moment où je m’assois pour commencer ma rencontre virtuelle avec l’artiste de cirque et gestionnaire culturel Guillaume Blais, celui-ci s’empresse de me faire part de son enthousiasme pour l’article que je veux écrire : « Le cirque est tellement peu présent dans les médias d’ici, alors que le Québec est considéré comme un chef de file en la matière dans le monde. C’est tellement important de faire rayonner notre discipline et notre milieu ici. »

La table est mise.

Guillaume Blais me contacte depuis Mexico, où il participe depuis plusieurs mois à un spectacle coproduit par les États-Unis et le Mexique. Une situation assez habituelle pour un.e artiste de cirque québécois.e. puisque la plus grande part du marché des arts circassiens est à l’étranger. Ce sont de longues tournées, loin de son foyer pendant des mois, parfois même jusqu’à deux ans. Même s’il reconnaît qu’il y a un certain thrill à voyager autant au début d’une carrière, l’artiste, qui a joué dans quelques-unes des plus importantes productions au monde, me confie que ça finit par être épuisant de voyager, et qu’il a toujours hâte de poser ses valises au Québec, à la maison.

UN PARCOURS ATYPIQUE

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Depuis maintenant 15 ans, Guillaume Blais se spécialise comme porteur dans les numéros de trapèze en duo. Il m’explique qu’il performe aussi en solo des numéros de chaînes aériennes et que plus récemment, depuis la pandémie, il a commencé à travailler le main à main. Son talent, sa passion et son travail acharné lui ont permis de s’exporter partout dans le monde et de prendre part à une multitude de productions de haut calibre.

Guillaume Blais – Crédit photo: Caroline Thibault
Guillaume Blais – Crédit photo: Caroline Thibault


Difficile de s’imaginer qu’il ferait carrière dans ce milieu lorsqu’il était plus jeune : « Peux-tu croire : j’étais coiffeur! Je faisais des perruques, et je me suis retrouvé au Centre Bell à travailler avec les artistes du Cirque du Soleil. Je n’avais jamais fait de sport, mais ce à quoi j’ai assisté pendant ce contrat-là, ça m’a tout de suite attiré. J’ai passé des auditions à l’École de cirque, j’étais étonnamment flexible, ils m’ont pris. J’ai obtenu un diplôme en danse en même temps que je travaillais le cirque. J’avais 21 ans quand j’ai commencé, ce n’est pas du tout le chemin habituel! »

DANS L’OMBRE DU SOLEIL

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Nos artistes de cirque d’ici sont applaudis partout dans le monde. Nous avons notre propre façon d’envisager la discipline, souvent appelée le Nouveau Cirque. Cette vague se définit par une très grande créativité et une dramaturgie des spectacles qui vise bien au-delà des acrobaties. Le cirque québécois a sa propre couleur, et Guillaume m’en parle avec une passion indéniable.

Mais comme le dit le proverbe, nul n’est prophète en son pays. Guillaume Blais, comme de nombreux artistes québécois, se fait reconnaître d’abord à l’étranger; en Allemagne, notamment, et ailleurs. Ici, malgré beaucoup d’efforts, le grand public ne connaît souvent rien d’autre que le Cirque du Soleil.

« Je dis souvent que les artistes de cirque sont dans l’ombre du Soleil. Certaines personnes ont encore l’impression que lorsqu’on a vu un spectacle de cirque, on les a tous vus », résume Guillaume.

Crédit photo: Caroline Thibault
Crédit photo: Caroline Thibault
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Pourtant, il s’agit d’un écosystème riche. Chaque compagnie et chaque artiste a sa propre couleur et il y a beaucoup à découvrir. Le cirque d’ici constitue une réelle proposition artistique, dont les artistes sont musiciens-danseurs-comédiens-acrobates. C’est un amalgame de tant de disciplines, et chaque artiste est aussi auteur de son propre numéro ou spectacle.

Je lui demande si les idées préconçues au sujet du cirque dit « traditionnel » existent toujours. Il se met à rire : « Au moment de prendre des assurances pour notre nouveau lieu pour le cirque, la dame au bout du fil m’a demandé le plus sérieusement du monde combien d’animaux nous avions dans notre cirque! Parfois, on doit partir de loin. »

LE MONASTÈRE : UNE RUCHE DE TALENTS

Gestionnaire d’un lieu culturel le jour, artiste de cirque le soir, Guillaume Blais a une vie qui est tout sauf plate. Après avoir voyagé partout dans le monde, performé sur Broadway et remporté plusieurs compétitions internationales, il voulait faire une chose qu’il n’avait pas encore faite dans sa carrière : un spectacle au Québec! « La première fois que j’ai présenté un de mes numéros à Montréal, c’était quand nous avons ouvert le Monastère. »

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Le Monastère, c’est un nouveau lieu de diffusion unique, consacré au cirque et situé en plein cœur du centre-ville de Montréal dans un bâtiment patrimonial.

« C’est une histoire un peu folle. En sortant d’un show d’humour d’une amie, on est passés devant une église et on a commencé à rêver d’un endroit pour rassembler notre communauté et le public. On a griffonné un plan d’affaires sur une serviette de table et on a trouvé le nom le soir même. On a travaillé très fort à partir de là pour donner vie au Monastère. »

Crédit photo: Caroline Thibault
Crédit photo: Caroline Thibault
Guillaume Blais & Marie Lebot – Crédit photo: Caroline Thibault
Guillaume Blais & Marie Lebot – Crédit photo: Caroline Thibault
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Entre les murs d’une magnifique église anglicane néogothique, Guillaume Blais et sa complice Rosalie Beauchamp ont créé un endroit où les artistes de cirque peuvent présenter de nouveaux numéros dans une formule décontractée, mais aussi adaptée à leurs besoins. Il faut savoir que peu de salles sont conçues de façon à pouvoir recevoir des spectacles de cirque, notamment en raison du manque de hauteur et de possibilités d’accrochages, et que peu de ces lieux permettent aux artistes de présenter des œuvres issues de leur propre univers. Au Monastère, le public peut avoir accès à toute la richesse créative de nos artistes d’ici, notamment grâce au cabaret, présenté cinq fois par année et qui peut regrouper une bonne dizaine d’œuvres différentes chaque fois.

Quand je demande à Guillaume Blais où il passera l’été, il me répond sans hésiter : « Au Jardin du Monastère! » Ce nouvel espace extérieur s’est ajouté à l’offre du lieu pendant la pandémie, alors que les salles de spectacle ont dû se réinventer. Cet été, deux cabarets différents y seront présentés, dans le cadre des programmations de Montréal Complètement Cirque et de Fierté Montréal. En plus d’admirer le talent des multiples artistes de ces cabarets et de profiter de celui du DJ, on peut savourer un cocktail maison de produits locaux au bar du Jardin, Le P’tit Sacristain. Ambiance festive et estivale assurée!

Crédit photo: Caroline Thibault
Crédit photo: Caroline Thibault
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Le souhait de Guillaume pour l’avenir de sa pratique et du Monastère est que le public québécois devienne plus curieux et envisage le cirque comme sortie culturelle, au même titre que les concerts, le théâtre ou autre. L’offre impressionnante du Monastère nous prouve une chose : il y en a pour tous les goûts, il suffit de se laisser tenter. Et les cabarets au programme cet été sont l’occasion idéale de découvrir cette discipline!

Envie de vivre la magie du cirque dans un environnement inusité? Visitez le site du Monastère pour consulter les spectacles à venir!