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Viser la Coupe, pas juste les séries

La députée Catherine Fournier nous fait de la place à l'AssNat.

Par
Catherine Fournier
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Elle est la plus jeune femme a avoir été élue à l’Assemblée nationale, elle est indépendante (au propre comme au figuré, puisqu’elle a cassé avec le PQ il y a près d’un an, tout en étant toujours aussi farouchement souverainiste), elle est députée provinciale de Marie-Victorin depuis 2016.

Dans une institution où la moyenne d’âge est 50 ans et où plus de 98% des membres doivent suivre le chemin tracé par un chef ou un.e porte-parole, ça détonne. Et ça, ça nous a plu. Alors, trop curieux de savoir comment ça se passe une vie de politicienne millenial et qui n’a pas à s’embêter d’une ligne de parti, on a demandé à Catherine Fournier si elle accepterait d’être nos yeux et nos oreilles à l’AssNat. Elle a dit oui.

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Quand j’étais ado, je rêvais de devenir journaliste sportive. Je suis finalement aujourd’hui députée indépendante à l’Assemblée nationale. Pour souligner ma première collaboration avec URBANIA, j’ai décidé de me gâter en mélangeant un peu les deux.

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Faisons d’abord un petit retour dans le temps. En juin 1993, les Canadiens de Montréal remportent leur 24e Coupe Stanley. Le Québec est en liesse. La fierté est à son comble. Six saisons après la dernière victoire, nos Glorieux sont enfin de retour! Il faut dire qu’à cette époque, l’enchainement d’un aussi grand nombre de saisons consécutives sans rafler le précieux trophée était l’exception plus que la norme depuis la fondation du club en 1909.

Au moment d’écrire ces lignes, les Canadiens jouent leur participation en séries pratiquement tous les soirs de matchs depuis le début de l’année.

Près de 27 ans après cet ultime gain, pourtant, nous n’avons toujours pas réussi à mettre la main sur une 25e Coupe Stanley. Pire, cet horizon semble encore terriblement loin, alors qu’au moment d’écrire ces lignes, les Canadiens jouent leur participation en séries pratiquement tous les soirs de matchs depuis le début de l’année. Et nous ne sommes qu’en février. Mais que s’est-il passé depuis 1993 pour que nous échouions à ce point?

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La direction de l’équipe, portée par de forts intérêts corporatifs, a misé gros sur le marketing. Le Centre Bell, auparavant Molson, devait être plein à tous les matchs. Les produits dérivés devaient se vendre à la pelletée. Gagner? Bof, tant qu’on se rende en séries pour empocher.

À force de chercher à faire les séries coûte que coûte, on a omis de se reconstruire en profondeur, privilégiant les décisions qui nous permettaient d’avoir des résultats minimalement « corrects », sans accepter les sacrifices qui auraient permis de rebâtir l’équipe sur le long terme dans le but de maximiser nos chances de remporter la Coupe Stanley plus tard. Résultat? Une disette jamais vue dans l’histoire et bien peu d’espoir.

Jusque-là, vous vous demandez probablement quel est le lien avec la politique. J’y arrive justement.

Je suis engagée au sein du mouvement souverainiste québécois depuis maintenant une dizaine d’années. Je souhaite que le Québec soit un pays et je fais tout ce que je peux pour contribuer à ce que ce vœu devienne un jour réalité. Comme Québécoise, je suis résolument confiante en les moyens de notre nation, ainsi qu’en l’influence positive que nous sommes collectivement en mesure d’exercer dans le monde.

Depuis le dernier le référendum sur l’indépendance du Québec en 1995, cependant, le mouvement souverainiste est à la dérive.

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Depuis le dernier le référendum sur l’indépendance du Québec en 1995, cependant, le mouvement souverainiste est à la dérive. Les difficultés se font de plus en plus grandes. Son organisation et sa présence au sein de la société civile se sont effritées, le renouvellement générationnel ne s’est pas effectué autant qu’on l’aurait souhaité et ses forces politiques sont morcelées.

En ce qui a spécifiquement trait aux partis porteurs de l’option, soucieux d’assurer leur pérennité, ils ont circonscrit leurs actions aux seuls cycles électoraux. Comme le laps de temps dans lequel ces cycles s’inscrivent est très court et qu’ils se répètent tous les quatre ans, pour s’assurer d’être compétitifs au terme des élections successives, ces partis ont préféré adopter des solutions superficielles à leurs problèmes, négligeant d’entreprendre une réelle phase de reconstruction. Précisément comme l’a omis de faire notre club de hockey favori. On vise les prochaines séries éliminatoires sans penser plus loin, de la même façon qu’on vise la prochaine campagne électorale sans penser plus loin.

Nous devons d’abord réussir à développer et à concrétiser une vision qui soit adaptée à notre époque en reconnectant avec la population, puis trouver la meilleure manière de l’exprimer politiquement.

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Voyons le côté positif des choses : dans les deux scénarios, il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur. Dans le cas de celui qui me préoccupe plus particulièrement, toutefois, cela signifie que le mouvement souverainiste doit sortir du cadre partisan pour entreprendre une démarche beaucoup plus globale. Nous devons d’abord réussir à développer et à concrétiser une vision qui soit adaptée à notre époque en reconnectant avec la population, puis trouver la meilleure manière de l’exprimer politiquement, en tenant compte des nouvelles variables que constituent notamment la remise en question de la politique telle que nous la connaissons aujourd’hui, ici comme ailleurs, où une crise de confiance envers les institutions démocratiques sévit.

Il faudra aussi passer à l’offensive et cesser d’être constamment sur la défensive face aux adversaires de l’option souverainiste. Rappelons-nous toujours qu’il est impossible de gagner un match 0 à -1.

Autrement dit, il nous faut adopter un tout nouveau système de jeu qui nous permettra non plus d’atteindre banalement les séries, mais d’aspirer sérieusement à la victoire. Il est plus que temps.

Go Habs Go! ;-)

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Vue du fond

On entend souvent dire que les députés indépendants occupent le dernier rang de sièges à l’Assemblée nationale, tout au fond du Salon bleu. Ce qu’on oublie toujours de souligner, c’est à quel point ces sièges offrent la meilleure vue sur l’ensemble! Constatez par vous-même :

Un siège au Salon bleu, avec vue!
Un siège au Salon bleu, avec vue!

À la fin de chacun de mes textes, je vous amènerai donc dans ces coulisses de la scène politique québécoise avec moi, en vous offrant une observation, un détail, un truc dont on ne soupçonne pas l’existence ou, qui sait, un potin parlementaire aperçu de cette « vue du fond »!

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