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Virginie Efira m’a redonné goût au célibat

Par
Malik Cocherel
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La première fois que j’ai vu Virginie Efira, c’était à la télé, il y a quelques années, alors qu’elle amimait la version française d’American Idol. Depuis, la franco-belge s’est fait un nom dans le cinéma en tournant plus d’une vingtaine de films. Révélée dans des comédies romantiques, l’ex-animatrice a élargi son terrain de jeu jusqu’à devenir l’une des actrices les plus en vue du cinéma français, et à tourner pour Paul Verhoeven, le sulfureux réalisateur de Basic Instinct. Venue présenter son dernier long, l’excellent Victoria, en clôture du Festival de films CINEMANIA, Virginie Efira a profité de sa visite à Montréal pour m’accorder un peu de temps et parler de Tinder, de homard et de célibat…

Le Monde a décrit Victoria comme «un film majeur sur la grandeur et la solitude de la femme moderne». En gros, c’est un film sur le célibat?

Pas forcément, c’est plus un film sur la dépression, pour moi. On ne te dit pas que si t’as un mec, ta vie va être géniale…

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Même si c’est pas Bridget Jones, ça parle quand même d’une célibataire qui goûte aux «joies» de Tinder…

Oui, mais Tinder, je trouve ça super déprimant! T’imagines bien que moi, étant connue, je vais pas aller me foutre sur des applications de rencontre. Mais on me raconte des histoires. Je trouve ça horrible de balayer des gens en deux secondes sur ton téléphone. Parfois, il faut du temps pour arriver à montrer qui on est. La rencontre, c’est un risque et il faut l’accepter. Tinder, ça te fait rentrer dans une logique de consommation, et je pense que ça te rend toujours insatisfait. Ça peut être excitant au départ, mais je pense que c’est voué à la tristesse.

C’est quoi qui t’a attiré dans ce personnage d’avocate divorcée qui se demande ce qui a «merdé chimiquement» dans sa vie?

Ses contradictions. Victoria est un personnage hyper complexe. Ce n’est ni une femme soumise, ni une Wonder Woman. Elle est à la fois forte et fragile. Elle est solide, mais ça ne l’empêche pas de tomber. C’est rare aussi d’avoir des rôles de femme de 40 ans qui ont des enfants et une sexualité en même temps. Je trouve ce personnage assez passionnant.

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Tu peux être une femme ambitieuse comme Victoria et être épanouie dans ta vie amoureuse? Souvent, au cinéma, t’as l’impression que c’est impossible de concilier les deux…

Je trouve que c’est une manière binaire de voir la vie. Je reçois aussi souvent des scénarios où t’as une femme très ambitieuse qui forcément délaisse un peu ses enfants, et qui à la fin va au spectacle de l’école et se rend compte que le plus important, c’est quand même la famille. Il faut arrêter avec ça! Les choses sont beaucoup plus mêlées dans la vie. Il n’y pas d’un côté ma vie professionnelle et de l’autre ma vie amoureuse.

Le célibat se prête souvent à la comédie. Toi-même, tu as plutôt envie d’en rire ou d’en pleurer?

Moi, je trouve ça très chouette d’être célibataire, C’est l’espérance d’une rencontre. Je vois pas ça comme un truc où tu es lésée quelque part. Je vois pas le fait d’être célibataire comme une tare…

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T’as vu le film The Lobster avec Colin Farrell?

Oui, c’est un film génial! Genre, c’est interdit d’être célibataire, sous peine de te voir transformé en animal de ton choix (dans le film, Colin Farrell choisi d’être transformé en homard s’il ne trouve pas l’amour en 45 jours)! J’ai adoré. Ça se moque justement de l’obligation de se mettre en couple. C’est une satire sur le conformisme. Tu as des gens bien rangés dans leur couple, mais qui ne sont pas heureux pour autant.

Dans la vraie vie, t’es en couple avec le père de ta fille. Mais t’as fait le choix de ne pas habiter avec lui. C’est un choix que les gens comprennent facilement autour de toi?

Les gens sont plus intéressés que choqués, ils veulent savoir si ça marche, comme s’il y avait un mode d’emploi pour toutes les relations! On me regarde souvent comme si j’avais trouvé le secret de la longévité dans un couple. Mais, y a pas de secret! Moi, je trouve ça bien parce que toutes les tâches ménagères sont réellement partagées. Ça épargne des discussions bien chiantes. Je suis pas pour l’amour propriétaire, je suis pas pour l’amour sécuritaire. Il faut essayer d’inventer ses propres codes. En amour, y’a un contrat entre deux personnes, et on peut l’inventer ce contrat, on n’est pas obligé de suivre des règles préétablies. On peut inventer ensemble ce qu’est la fidélité et plein d’autres choses. Il faut avoir un peu d’imagination.

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Ça t’es déjà arrivée qu’un ex balance toute ta vie privée sur un blog comme dans Victoria?

Non. J’ai plutôt tendance à faire confiance aux gens avec qui je suis. Et ça s’est pas démenti. Et puis je vais pas faire signer des accords de confidentialité à mes partenaires. Je viens de Bruxelles, pas de Los Angeles. Je suis Viriginie Efira, je suis pas Madonna!

T’as tourné dans un film qui s’appelait L’amour c’est mieux à deux, mais penses-tu, comme Céline Dion, que L’amour existe encore?

Bien sûr! T’as l’air désespéré toi, pour me poser des questions comme ça… (Rires) Oui, l’amour existe encore! Mais il faut du temps. Il faut prendre le temps de regarder l’autre. Et puis, on a quand même la chance de vivre dans des sociétés où le célibat n’est pas trop mal vécu. Il y a d’autres cultures où c’est beaucoup plus difficile, notamment pour une femme, de rester célibataire.

***

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Qu’on soit célibataire ou pas, condamné ou non à passer le restant de sa vie dans la peau d’un homard ou d’un poney (suivant les goûts), difficile de ne pas craquer pour Virginie Efira. Pour la découvrir dans Victoria, rendez-vous au Festival de films CINEMANIA ce dimanche à 17h15. Le festival présentera également ce samedi à 20h30, le film de Paul Verhoeven Elle, avec Isabelle Huppert et Virginie Efira. Pour plus d’information, c’est par ici !

Pour lire l’entrevue de Soko, venue présenter le film « Voir du pays » au Festival de films CINEMANIA: « Soko, artiste intense ».

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