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Ville de la semaine : Carleton-sur-Mer

Par
Julie Day-Lebel
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Quand on me demande d’où je viens en Gaspésie pis que je réponds Nouvelle, ça dit pas grand-chose à mon interlocuteur. Pour l’éclairer, j’ajoute toujours la même précision éprouvée avec les années :

“Ouais, Nouvelle. C’est proche de Carleton.”

T’sais, ta chum de fille que t’as pas le goût d’inviter dans un party parce qu’elle va voler la vedette, mais que t’amènes pareil parce qu’au fond, toi aussi, tu tripes dessus?

Ben cette amie-là, c’est Carleton-sur-Mer. C’est LE village de la Baie-des-Chaleurs dont tout le monde tombe systématiquement amoureux.

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Généralement, quand j’en suis rendue à prononcer Carleton et Baie-des-Chaleurs, j’ai généralement droit à des réactions allant de “Non, mais hey c’est tu pas assez beau ce coin-là!” à “OH MY GOD j’ai passé mes vacances là l’année passée, y’a fallu qu’on me détache de l’arbre auquel je m’étais ligoté pis qu’on me ramène de force!”

On sent quand même une certaine unanimité.

En ce qui me concerne, j’y ai vécu (ou survécu) mon secondaire et mon cégep. Malgré mes deux-trois piercings dans la face, c’était pas ma passe la plus reluisante. Le secondaire, quand t’es pas cute, c’t’un peu comme… la vie adulte quand t’es pas cute, dans le fond.

Même si la petite ville me rapporte immanquablement à cette awkward période de ma vie, non seulement elle me plaît toujours, mais encore plus aujourd’hui qu’à l’époque. Ayant quitté la péninsule depuis six ans maintenant, un tel recul m’apporte une vision flambant neuve de ma région natale.

Pis c’est vrai que, sur bien des aspects, ce petit bout de planète est à couper le souffle.

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Un de mes endroits préférés pour profiter du grand air, c’est la Brûlerie du Quai. À chaque fois que je repars de la Gaspésie après une de mes précieuses visites bisannuelles, j’ai le cœur gros de quitter trois choses :

  • Les gens que j’aime;
  • Mon chat de 15 ans (je l’sais, y’achève, parle-moi en pas);
  • Le café de la Brûlerie du quai.

Quand je m’étends sur une de leurs chaises longues face à la mer, un latte glacé à la main, je me sens comme une toune de Beau Dommage. (Oui ça se peut.)

Y’a pire.

Pour les sportifs et enthousiastes de plein air, l’Écovoile, située sur la plage municipale, loue catamarans, dériveurs, planches à voile, kayaks et planches à pagaie. On peut aussi gravir le Mont-St-Joseph à pied, à vélo, en voiture ou à cheval, enfin, comme on le souhaite. Mettons que la vue d’en haut est pas trop mal.

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Bref, y’a tout ce dont tu peux rêver, même un terrain de golf. Ok, je sais pas pourquoi tu rêverais d’un terrain de golf, mais sache que si jamais tu voulais vivre ta retraite là-bas, tu pourrais écouler tes vieux jours sur un green à te convaincre que c’est un sport au même titre que les autres.

Des artisses pis de la musique

Carleton bénéficie d’un engouement culturel et artistique florissant, ce qu’on est loin de pouvoir observer dans toutes les municipalités de la région. Centre d’artistes muni d’une salle d’exposition, galerie d’art et boutique d’artisans, le village déborde à la fois de culture régionale et internationale, tant populaire que marginale. Non, les expos attirent pas les foules, mais toutes proportions gardées, ça me semble comparable à un achalandage du même type en ville… si on compte les touristes, mettons.

Y’a même une mignonne salle de spectacle réputée pour son acoustique, le Studio Hydro-Québec. Malheureusement, comme j’ai fait Arts et lettres au cégep et que la bâtisse est annexée au bâtiment abritant ladite salle, j’y ai probablement plus souvent joué sur scène dans des productions douteuses qu’assisté à des shows. Surtout que pour une petite place, la programmation s’avère d’une qualité indéniable. Quand j’ai vu que Bernard Adamus y donnait un spectacle en avril passé, j’aurais souhaité pouvoir me téléporter dans mon patelin, comme c’est souvent moins cher, plus accessible, intime. Super intime.

T’inquiète pas Bern, on aura à nouveau notre chance un jour.

Qui dit hospitalité dit nourriture

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Dans l’opinion populaire, les habitants de cette région sont accueillants, gentils, sympathiques et bons vivants. C’est pas faux, et par chez nous, accueil et bouffe vont de pair. En tous cas, c’est ce que ma mère dirait après s’être assurée que personne a faim.

En plus de concocter les meilleurs croissants amandes-chocolat au monde, la boulangerie-pâtisserie La Mie Véritable excelle dans l’art du pain moelleux et des gâteaux fancy, beaux et bons à se rouler par terre. Autres coups de cœur perso : le nid d’abeille et l’Opéra.

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J’ai pas le choix. L’expérience Carleton-sur-Mer serait incomplète sans un classique trois morceaux du Dixie Lee. Oh oui, j’ose. Pour les Gaspésiens, sur le plan sentimental, le Dix’ équivaut au St-Hubert pour le reste du peuple québécois. Sauf qu’au lieu d’être rôti, leur poulet est frit. Tout est frit là-bas : les calmars, les pétoncles, les crevettes… même les frites. Des vrais malades. Essaye ça. Au diable tes artères. En plus, fouille-moi pourquoi, la légende veut que la franchise de Carleton torche toutes les autres.

Justement, faut pas oublier les fruits de mer. C’est pour ça que je te conseille le club au homard du casse-croûte O’Migoua, qui en amérindien signifie “bon dans yeule en tabarnane”. Non pour vrai j’ai aucune idée d’où ça vient ce nom-là, je sais juste que leur club vaut le détour. Car certains objecteront que cette cantine se trouve plutôt à Saint-Omer, le village voisin. Pourtant, en théorie, les deux municipalités ont été fusionnées en 2000. Eh oui, les guerres de clochers, ça existe encore.

Y’a tu d’la bière icitte?

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Si t’as soif après tout ça, c’est à la Microbrasserie le Naufrageur que ça se passe. C’est sûr que ça se passe pas beaucoup ailleurs que tu vas me dire parce que le bar fournit une dizaine de villages avoisinants, mais on y va pas juste parce que y’a nulle part d’autre où aller, promis. En plus de servir d’excellentes bières, goûteuses, souvent amères, mais bien équilibrées, connues partout au Québec, le bar présente fréquemment des spectacles.

Avant qu’elle existe, on faisait quoi? On restait chez nous.

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Ok, je l’admets, on peut aussi prendre un verre (et manger) à la Marina – le club nautique – et profiter à l’occasion de petites soirées musicales mettant en vedettes des artistes locaux. Perso, j’y suis jamais allée, mais je suis pas stressée de conseiller la place.

Mettre le système “D” en fonction

Soyons honnêtes : on y trouve pas les mêmes services qu’en ville. Si t’es seulement de passage en plein été, y’en aura pas de problème. Mais rester plus longtemps, ça implique d’être conscient que l’hiver, y vente à décoller la peinture de sur les maisons, que si tu veux du lait, le dépanneur ferme à 10h, que tu pourras jamais commander une poutine à 3h du matin pis que le Winners le plus proche est à 3 heures de route.

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Au moins y’a un Métro. L’épicerie, pas le transport en commun, of course. Parce qu’à vrai dire, les moyens de se déplacer sont assez limités. Tu te demandes sûrement comment les Gaspésiens retournent chez eux quand ils ont pris un coup? En conduisant leur char.

BEN NON!

Y’en a juste quelques-uns qui le font.

BEN NON!

Ce sont des gens responsables voyons.

Pis au pire, du pire… on peut toujours dormir à la belle étoile!

***

Pour lire un autre reportage Ville de la semaine : Saint-Félicien

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