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Blink-182 est de retour. En réalité, il n’est jamais vraiment parti. C’est le chanteur Tom DeLonge, qui a quitté le groupe en 2015 pour devenir chasseur d’ovnis, qui est de retour. Blink-182 a enregistré deux albums le remplaçant par Matt Skiba d’Alkaline Trio en 2016 et 2019. C’était Blink-182, mais ce n’était pas NOTRE Blink-182. Alors oui, Blink-182 est de retour.
C’est le retour du Blink de nos jeunes et folles années. Cette époque où il fallait payer 1 $ pour « surfer la toile » sur AltaVista à la bibliothèque ou au café internet du coin. Celle où personne ne prenait de selfies parce que l’idée même de prendre des photos impliquait de payer pour une caméra, du film et du développement.
Bref, c’est normal de se sentir nostalgique dès les premières notes de What’s My Age Again? Pour plusieurs d’entre nous, Blink-182 est notre lien avec un monde qui n’existe plus.
Pour plusieurs d’entre nous, Blink-182 est notre lien avec un monde qui n’existe plus.
Un retour aux sources était donc la chose la plus naturelle et prévisible pour le groupe. Une nouvelle chanson avec Tom a d’ailleurs été lancée pas plus tard que cette semaine. Le trio qu’on appelle affectueusement « Blink » s’est aussi attiré les foudres de son public en annonçant une tournée dont les billets sont absolument hors de prix pour le commun des mortels. Est-ce que ce retour est une fausse bonne idée? Pour paraphraser la sagesse intemporelle du philosophe Héraclite : est-ce qu’on peut se baigner deux fois dans le même fleuve?
Explorons ensemble l’idée du retour du Blink-182 de notre adolescence pour essayer de comprendre si on s’apprête à vivre une deuxième puberté ou à être sévèrement déçu.e.s.
Pourquoi on aime Blink?
Formé en 1992 dans la petite ville de Poway en Californie après que Tom DeLonge se soit fait expulser de son école secondaire pour avoir été saoul à une partie de basketball (ce qui lui permettra de rencontrer Mark Hoppus et son premier batteur Scott Raynor à sa nouvelle école), Blink-182 n’a philosophiquement jamais eu grand-chose à voir avec la première vague de musique punk des années 70 et 80.
C’était les petits tannants de l’école secondaire qui faisaient sourire intérieurement les enseignant.e.s qui leur donnaient une retenue.
Le groupe prendra quelques années avant d’atteindre les plus hauts sommets de la musique avec l’album Enema of the State en 1999, mais son idéologie a toujours été claire. Blink-182 incarne la rébellion douce. Celle qui nous permet d’affirmer notre identité en désobéissant aux autorités parentales et scolaires sans hypothéquer notre futur. Ses membres chantaient à propos de leurs blondes, célébraient leur propre immaturité, et transformaient le plus d’aspects de leurs vies possible en paroles funnées.
Ils n’ont jamais été les petits bums qui faisaient des fuck you à la police, ni même les enfants rebelles pour qui on s’inquiète. C’était les petits tannants de l’école secondaire qui faisaient sourire intérieurement les enseignant.e.s qui leur donnaient une retenue. À cause de ça, leur musique était aussi la bande sonore de nos niaiseries d’adolescent.e.s.
Bien que Blink-182 ait été actif pendant la majorité des trente dernières années, on aime surtout le groupe pour la période cruciale de 1999 à 2003 où il a glorieusement enchaîné Enema, Take off Your Pants & Jackets et son album éponyme, qui explorait juste un peu la musique emo, mais pas trop. Tom, Mark et Travis étaient le reflet de qui on était ou de qui on voulait être.
Travis Barker et l’art de vieillir en beauté
Malgré ce fiasco gênant avec Ticketmaster qui risque d’empêcher le commun des mortels de profiter du retour de Blink Ouanéditou (comme les appelle mon collègue Pierre-Luc Racine), je crois à ce nouveau départ pour les petits bums inoffensifs de notre adolescence.
S’ils jouent bien leurs cartes (et leur nouvelle chanson Edging me laisse croire que ce sera le cas), ils ont plus que jamais leur place auprès d’un auditoire qui vieillit de corps, mais pas d’esprit.
J’ai déjà parlé en long et en large de mon admiration pour Travis Barker, mais le célèbre batteur et producteur ne cesse jamais de me surprendre.
On a maintenant besoin du trio pour nous rappeler notre droit d’être niaiseux.ses. De faire les fous ou les folles.
La seule chose que les gars ont à faire pour reconquérir le monde, c’est de continuer de refléter l’état d’esprit de leur auditoire; d’assumer qui ils sont et le fait qu’ils ont vieilli. Les gens de mon âge (j’aurai 40 ans dans quelques semaines) vous le diront, c’est facile de disparaître derrière ses responsabilités d’adulte et de tomber dans une vie sans joie au nom de la sacro-sainte maturité. Le retour de Blink-182 vient potentiellement combler un besoin dans cette période post-pandémique difficile pour la santé mentale : celui de valoriser les niaiseries, mauvaises idées et autres vecteurs de bonne humeur chez les gens qui savent vivre dans le moment présent.
Blink-182 nous a enseigné à être rebelles sans faire de mal à personne au tournant du millénaire. On a maintenant besoin du trio pour nous rappeler notre droit d’être niaiseux.ses. De faire les fous ou les folles. D’assumer qu’on est pas juste notre travail ou la somme de nos responsabilités.
Oui, c’est terrible que le groupe demande 230 $ pour des billets dans le pit du centre Bell. Le critique américain Finn McKenty a aussi découvert que le groupe n’est pas une victime innocente de cette manœuvre mercantile. Mais la bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas besoin d’aller le voir en spectacle pour profiter de son retour. Le Turbo Haüs, ce débit de boisson béni des Dieux, organise un spectacle de covers de Blink gratuit le même soir que le spectacle au Centre Bell, si votre besoin de vivre votre nostalgie en présentiel vous dévore.
Notre relation à Blink-182 se passe quand même d’abord et avant tout à travers nos écouteurs, comme à l’époque. Il suffit de peser sur « play » et de laisser Tom, Mark et Travis faire ressortir notre coquin.e intérieur. Pas besoin de payer 1000 $ pour ça.