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Avec les soirées folles que Jean-Denis Lapointe organisait dans son appart de l’avenue Mont-Royal, on soupçonne ce vétéran locataire d’être à l’origine de la branchitude du plateau.
Depuis combien de temps habitez-vous sur le plateau?
Je suis arrivé en août 1978. Le propriétaire demandait 285$ par mois, mais je l’ai négocié à 265$ parce que la fenestration était un peu déficiente.
A-t-elle été réparée depuis?
Non, mais il a changé les portes. Aujourd’hui, je paie 800$. C’est très peu pour un 10½ sur l’avenue Mont-Royal, sur deux étages, avec deux immenses terrasses. À côté, le loyer est plus que le double. Pendant longtemps, j’ai eu un entrepôt de machines à coudre comme voisin. Dieu sait qu’on en a fait, des partys.
Ça devait être fou?
En 1982, j’ai organisé le premier party new wave à Montréal. Au moins 200 personnes sont venues, toutes costumées. Quand j’étais propriétaire du bar le Lézard, on finissait souvent les soirées ici.
C’est vous qui aviez ça, le Lézard?
Oui, un endroit mythique. C’était très ouvert, il y avait autant de gais que d’hétéros qui s’y tenaient. Dans le temps, c’était moins cloisonné. Quand Jean-Paul Gaultier venait à Montréal, c’est au Lézard qu’il venait.
Et la police n’est jamais débarquée chez vous?
Non! À un moment donné, c’était des jeunes qui habitaient à côté. Comme ils n’avaient pas les moyens de payer le loyer, eux aussi organisaient des partys, où ils faisaient de l’argent en vendant de l’alcool et probablement d’autres choses illicites. C’était ben le fun. Aujourd’hui c’est différent, on ne peut même plus écouter la musique un peu fort sans que les voisins se plaignent.
Et cette décoration extravagante, elle vient d’où?
J’ai fait 56 métiers, surtout dans les arts. J’ai fait des décors et des costumes. J’ai travaillé avec Douglas Coco Léopold, qu’on voit dans Funkytown, Louise Portal, Pied de Poule, etc. Je fais aussi les vitrines des magasins sur Mont-Royal.
Comment ça a changé, en 30 ans, l’avenue Mont-Royal?
Quand je suis arrivé, ce n’était pas du tout une rue branchée. Il y avait des commerces, mais c’était surtout des magasins de brassières, des 5-10-15, des dépanneurs. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus une rue de bars et de restos.
Vous n’avez jamais regretté de ne pas devenir propriétaire?
Non. J’aurais acheté ici, mais ce n’était pas à vendre. Au prix que je paie et avec la liberté que me laisse la propriétaire, je suis bien heureux.
320 000$ : coût moyen d’un condo sur le Plateau Mont-Royal. Celui d’une maison unifamiliale? 600 000$
Une bonne façon de se plonger dans l’univers artistique éclaté du plateau Mont-Royal des années 1980 est de visiter la page Facebook «Bar Lezard Montreal friends». Plus de 300 photos y sont exposées. Au menu : voitures de police carrées, t-shirt Black Label et Mado Lamothe dans son jeune temps.