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Vers une sortie de l’ironie?

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Il y a quelques semaines, j’ai eu un échange mouvementé avec quelques amis sur notre rapport générationnel à l’ironie.

Il était question de notre tendance à nous, « les ‘eunes » de la sapristi de génération Y, à ne se représenter que par l’ironie et à ne communiquer qu’en ces termes.
grosso modo
Forcément, depuis, je me questionne sur la place que j’octroie à l’ironie dans ma vie. Histoire de voir si je contrôle encore la farce, quoi.
Ou bien au contraire : mon mode d’insertion dans le réel repose-t-il essentiellement sur le métadiscours de l’ironie? Et c’est grave, Docteur?
Des questions un peu graves, ouais, quand même…
Partout, nous dit-on, il n’y aurait plus que sarcasme et moquerie; tant et si bien que nous ne les voyons plus. Nous empilons sans cesse les couches parodiques, comme s’il s’agissait des seuls codes que nous sachions encore déchiffrer.
S’approprier le réel par la satire, à défaut de savoir faire autrement… Sombre, sombre manière d’appréhender le monde, vous en conviendrez. Pas très constructif, pour parler comme une maîtresse d’école.
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C’est une ritournelle qu’on radotte depuis longtemps, ça : les satanés Y qui ne savent exister autrement que par la nonchalance et l’autodérision perpétuelle. Une gang de p’tits baveux « dangereusement nihilistes », et patati patata…
Millenial Generation
Plus précisément, elle adressait sa diatribe aux « hipsters » en règle; ces top-champions-de-course de l’ironie paradigmatique.
Les hipsters, tels que définis par Wampole, seraient ni plus ni moins les ambassadeurs du « cancer » qui grignotte notre génération. Bardés d’ironie et de cynisme, ils incarneraient les avatars d’une génération qui se complaît dans son désenchantement, et qui, conséquemment, adopte un comportement aussi destructeur que déprimant: celui du bouffon triste. De plus, les hipsters seraient en quelques sortes les intégristes de cette mouvance, mais celle-ci serait généralisée…
Par ailleurs, toute initiative [originale] s’imprégnant de l’ironie ambiante serait, toujours selon Wampole, appelée à être purgée d’emblée de toute signification. « It pre-emptively acknowledges its own failure to accomplish anything meaningful » écrit-elle.
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Ainsi, dissimulés derrière le masque de l’ironie, nous, les « enfants rois », les « enfants du Web », rions de tout, mais ne faisons rien. Et même lorsque nous faisons quelque chose, nous en rions si fort que lorsque l’hilarité se dissipe, plus rien ne subsiste.
floush
L’ironie, c’est indéniable, vise à s’élever au dessus des choses pour mieux les annihiler. Rien à redire. Et c’est déprimant.
Néanmoins, y’a un truc qui me chicotte dans tout ça. L’ironie, bien sûr qu’elle est partout. C’est un puissant levier humoristique, et un mode de communication très valorisé en société. On l’associe généralement à la sophistication, à l’esprit. À la « lucidité », même. Soit.
En revanche, je crois franchement qu’il est fallacieux d’énoncer que le « tout à l’ironie » résulte ou témoigne d’un renoncement collectif à attester la valeur des choses; à chercher un sens. Bien au contraire!
J’ai plutôt tendance à croire que cet engouement pour l’ironie ne serait en fait que cosmétique. Un chic convenable et abordable; sans portée profonde.
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Je le crois notamment parce que, voyez : on dit souvent de ma génération qu’elle est précocement cynique, apathique et nonchalante. Mais n’oublions pas qu’on dit également d’elle qu’elle est bouillante de détermination, impatiente, impétueuse. Et surtout, lorsqu’elle ose formuler quelconque doléance, qu’elle est fâcheusement idéaliste…
Or, l’ironie destructrice et l’idéalisme ne peuvent être élevés ensemble au rang de valeurs cardinales. Elles sont, par nature, mutuellement exclusives.
J’aurais envie de dire qu’au fond, faudrait bien faire un choix quant au préjugé générationnel qu’on priorise! D’une part, l’arrogance d’une génération trop pressée. D’autre part, son cynisme congénital.
« Faudrait s’brancher, la gang ». Mais disons simplement que cette contradiction pointe une sortie possible du cycle de l’ironie en pelures d’oignons; et du désenchantement qui en est le corollaire.
En d’autres mots, y’a moyen de se positionner quelque part entre les deux.
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Je ne peux donc m’empêcher de croire qu’au lieu d’embrasser l’ironie par dépit et renoncement, nous cherchons en quelque sorte à renouer avec quelque chose de radicalement authentique. Ne serait-ce que pour nous adjoindre, un tant soit peu, dans notre quête de sens au sein d’un monde qui n’en a pas beaucoup.
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C’est tout pour aujourd’hui.
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