.jpg)
URBANIA et le festival Cabane Panache s’unissent pour vous faire tomber en amour avec Verdun! #verdunluv
La première fois que j’ai entendu parler de Verdun, je devais avoir cinq ou six ans. J’avais de la famille là-bas, mais comme la maison de mes parents représentait le point de rencontre officieux de nos fêtes familiales, je n’y avais jamais mis les pieds. Je me disais, à ce moment-là, que ça sonnait comme « verre d’eau » ou comme « vert-brun ».
En plus, pour la petite fille de Saint-Eustache que j’étais, résidant en face du célèbre marché aux puces, ça semblait loin. Tout ça pour dire : je m’en foutais. J’écrivais des lettres de la plus haute importance avec mes « crayons gel », j’organisais mes collants Tweety Bird et j’inventais des chorégraphies spectaculaires dans le confort de mon sous-sol.
C’était vers la fin des années 90. Accessoirement, c’était également un peu avant que Verdun n’intègre la Ville de Montréal, lors de la fusion de 2002. Trêve d’histoire et flash forward.
Un jour, la mi-vingtaine. Après quelques années à vagabonder – de Ville-Marie à Rosemont en passant par Saint-Léonard et le Plateau –, j’ai fini par migrer dans le sud. Pas celui où il fait considérablement plus chaud. Non. Celui qui est situé au-delà de la frontière mythique qu’est la station de métro Lionel-Groulx, crainte par une majorité à moitié silencieuse de Montréalais assoiffés d’aventure et de parc Laurier. « Mais tu habites donc bien loin ! » Toute chose étant relative, mon chum, sache qu’à moi aussi ça prend maximum une demi-heure pour me rendre à l’UQAM. Je pars juste dans une direction différente de la tienne.
Quand j’ai mis les pieds à Verdun, je ne connaissais pas grand-chose de l’endroit. J’ignore si c’est à cause de mes faibles attentes dues au manque d’enthousiasme de mon entourage ou en raison du fait que le lieu s’avère finalement un secret trop bien gardé, mais c’est arrivé. Doucement, discrètement, tendrement : le béguin. Et au fil des ans, je me rends compte que je suis loin d’être la seule dans cette situation.
Le quartier avec la rue Cool
(Avant toute chose, j’aimerais simplement mentionner qu’à Verdun, il y a une rue Cool. Du genre : « Salut, j’habite au XX, rue Cool. » J’aimerais que ce soit entre autres ça, ma vie. N’empêche, je ne me lasse pas de rendre sporadiquement hommage à ce court tronçon dans mes stories Instagram. On a de la suite dans les idées ou on n’en a pas.)
Bordé au nord par l’autoroute 15 et le pont Samuel-De Champlain, à l’ouest par le canal de l’Aqueduc et au sud-ouest par l’arrondissement de LaSalle, étalé le long de trois stations de la ligne verte – LaSalle, De l’Église et Verdun –, le quartier séduit un nombre croissant de résidents depuis quelques années. #Verdunluv – on salue au passage Murphy Cooper, créateur de ce hashtag désormais consacré –, c’est le tranquille compromis entre le béton et la verdure. Grâce à ses 15 km de « bord de l’eau » aménagé et à 27 km de pistes cyclables, mais aussi à une profusion de magasins pratiques, c’est comme un coquet village où l’on croise souvent les mêmes visages en se promenant, mais sans les ragots gossants.
Destination courue par les familles en quête d’un territoire (encore) abordable où construire leur nid, le quartier demeure largement résidentiel, certes, mais n’est pour autant pas dénué d’action.
Pour la petite histoire, il s’agit d’une ancienne ville « sèche », charmante mesure instaurée afin de limiter les débordements d’une classe ouvrière susceptible de tuer l’ennui avec la bouteille… en s’attirant potentiellement des ennuis.
Pour la petite histoire, il s’agit d’une ancienne ville « sèche », charmante mesure instaurée afin de limiter les débordements d’une classe ouvrière susceptible de tuer l’ennui avec la bouteille… en s’attirant potentiellement des ennuis. Ce fut le cas pendant près de 140 ans. Le tout s’est réglé en 2015, année où le Benelux s’est vu autorisé à servir des p’tits drinks avec pas d’bouffe, au grand bonheur de la masse : la game venait de changer.
D’autres débits d’alcool, dont le Palco et le Bar Social Verdun, ont rapidement poussé dans le quartier. Depuis, on y tient des shows, des soirées d’humour, on lève (raisonnablement) le coude et tout le monde est content.
Cafés et autres délices
Autrement, au chapitre des liquides goûteux, le coin donne aussi dans le bon café grâce à la très Pinterest Station W et au décontracté café Baobab (que j’appellerai par contre toujours « Le Balboa », merci-pas-merci au chum d’une amie qui tripe un peu trop sur Rocky). Jusqu’en 2018, il y avait même un résistant Dunkin’ Donuts, qui me faisait un peu l’effet de la madeleine de Proust, et devant lequel je passe aujourd’hui le cœur full sentimental. La bâtisse est désormais inoccupée.
Tout ça, c’est rue Wellington, aussi affectueusement appelée « la Well ». C’est l’artère principale du quartier, et on y trouve de tout (peut-être même un ami, si c’est ce que l’on cherche, sinon, direction le Jean Coutu SUR DEUX ÉTAGES). Il y a des crèmeries (vivement l’été et la crème molle deux couleurs), des boutiques écoresponsables, d’autres moins, du sport en masse, de la chaussure, de l’épicerie fancy ou pas fancy, des restaurants queb’, turcs, fusion, à déjeuner, BBQ, madelinots (fun fact : Verdun regroupe la plus forte concentration de Madelinots en dehors des Îles-de-la-Madeleine, d’un coup que le désir des vacances, de l’accent et/ou de la bouffe se fassent trop criants sans toutefois que vous ayez l’envie de vous taper la route), alouette.
À celui qui ne se met rien de bon dans le bedon, je répondrai que c’est parce que c’est ce qu’il veut. Il y a aussi La Librairie de Verdun, sanctuaire du beau bouquin et de l’objet mignon en tout genre. Bref, c’est ça, la Well.
Du monde comme un buffet à volonté
Et parfois, tout le monde s’en va jouer dehors. La Promenade s’anime alors et devient piétonnière, que ce soit à l’occasion des quelques « ventes de trottoir » annuelles, d’événements comme Cabane Panache, des festivals Marionnettes Plein la rue, Verdun’Art et même du Festival international de jazz de Montréal. Ça marche, ça court, ça s’entrecroise, ça jase, ça rit, ça chiale… C’est un melting pot où on trouve vraiment un peu de tout, comme un buffet à volonté, mais qui ne tombe pas sur le cœur.
C’est d’abord et avant tout un endroit où il est facile de se sentir chez soi. La foule est bigarrée, et il y a de la place pour tout le monde.
En fait, c’est probablement grâce à son hétérogénéité que Verdun peut revendiquer ses lettres de noblesse. C’est d’abord et avant tout un endroit où il est facile de se sentir chez soi. La foule est bigarrée, et il y a de la place pour tout le monde. Je ne me surprends jamais de voir quelqu’un sortir d’un dépanneur en robe de chambre, ou avec une planche de surf sous le bras, ou encore muni de skis de fond (sauf en été, ça, c’est spiiicial), pas plus que je ne sursaute quand je passe à un cheveu de me faire foncer dedans par un case de guitare aux abords du studio Musicopratik.
Je souris en passant devant le Pierrette Patates et le Nouveau Verdun. La vue sur le centre-ville de Montréal que je me prends en pleine gueule fait maintenant partie du quotidien. Tout comme celle des individus en quadriporteurs qui me lancent « ’tention! » et celle des bébés en poussette.
On cohabite et ce n’est pas compliqué. Et c’est ça, l’affaire : elle est sans prétention, aucune, cette vie verdunoise. Je me dis que c’est pour ça que ceux qui l’aiment un jour l’aiment souvent pour longtemps.
(Et ce n’est même pas vrai que c’est loin, Verdun, OK? OK!)
*********