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On se plaint souvent de la qualité de l’architecture au Québec. (Allo, les écoles moches style bunker-pas-de-fenêtres). Mais à Montréal, on trouve quand même beaucoup de maisons d’architectes, qui sont quelques coches au-dessus du bungalow du commun des mortels.
On a jasé de ces maisons méconnues avec Marie Champagne, qu’on a rencontrée en faisant la série Vendeurs de rêve. Cette courtière immobilière à l’agence haut de gamme Engel & Völkers est une vraie passionnée de design et d’architecture. Elle rêve de vendre seulement des maisons d’architecte et souhaite « promouvoir les avantages d’un style de vie axé sur le design et l’architecture ».
C’est quoi, une maison d’architecte ?
À la base, l’expression « maison d’architecte » peut signifier beaucoup de choses. Pour moi, c’est une maison où il y a eu un concept architectural, dont les plans ont été pensés par un architecte, qu’il soit connu ou pas. On peut voir ça en opposition à une maison qui aurait été construite par un entrepreneur, sans recherche architecturale. Ces maisons ont donc un concept à valeur ajoutée et elles offrent un produit différent et agréable.
Pourquoi acheter une maison d’architecte ?
L’architecte québécois Pierre Thibault parle beaucoup de la façon dont l’architecture peut améliorer la qualité de vie, et il a raison. On se sent tellement mieux dans une maison dessinée par un architecte : on circule aisément, c’est visuellement agréable, il y a vraiment une amélioration de la qualité de vie.
Les maisons d’architecte se vendent aussi très bien. Au Québec, on ne pense pas encore assez à la qualité architecturale quand on se fait construire une maison ou quand on fait des rénovations. Le coût peut être plus élevé, mais l’intervention d’un architecte préserve la valeur dans le temps. Par exemple, des maisons des années 1960 de type Mid-century modern sont encore magnifiques aujourd’hui. En comparaison, quelque chose qui a été conçu plus rapidement ou moins bien devient désuet plus vite.
Un peu comme le prêt-à-porter versus les vêtements de designer qui sont non seulement adaptés à notre corps, mais sont plus résistants dans le temps… ?
J’adore cette analogie ! Au-delà d’un produit immobilier, on peut aussi parler d’une œuvre d’art qu’on achète. Je me fais une mission de sensibiliser les gens à leur valeur et je pense qu’on est sur la bonne voie. Je remarque que c’est plus une préoccupation pour les nouvelles générations et on voit que certains architectes deviennent des vedettes locales, comme La SHED. Quand tu mets une maison de La SHED en vente, il y a beaucoup d’intérêt, ça devient presque un produit de collection, les gens veulent acheter une La SHED.
Quelles sont tes maisons coups de cœur ?
Il y en a plein ! Je suis chanceuse, je vois plein de petits bijoux que le public ne voit pas parce que ce n’est pas tous les propriétaires qui sont show off ou qui veulent un article publié à propos de leur maison.
J’ai eu la chance de vendre une maison des années 1960, un petit bijou, une vraie Mid-century modern construite pour la famille Miron (celle de la carrière) dans le quartier Ahuntsic, à Montréal, et c’est extraordinaire de visiter et de vendre ce genre de maison et de la transmettre à une nouvelle famille qui va l’habiter. C’est hors du temps.
J’ai aussi des amis architectes qui font des choses vraiment super, comme Atelier Barda, une petite boîte qui n’a que quelques années et qui fait des petits bijoux. La conception derrière leurs constructions est vraiment magique. Au bout du compte, même si on ne se doute pas de tout le travail qui a été mis, on peut le ressentir parce que le résultat est magnifique.
Est-ce qu’il faut être riche pour avoir une maison d’architecte ?
Non, je ne pense pas. Souvent, je vois des rénovations qui ont coûté cher, mais qui n’ont pas été bien pensées et je trouve ça tellement dommage parce qu’avec un architecte, le résultat aurait été bien meilleur. C’est sûr que c’est plus long : on sort de la consommation rapide, il faut qu’il y ait une réflexion derrière la démarche. Mais c’est possible de faire du beau travail en gardant un budget. Évidemment, certains architectes seront hors de prix, mais il y a moyen de trouver chaussure à son pied.
On peut aussi faire faire des rénovations par un architecte. À Montréal, par exemple, on voit souvent des gens acheter des duplex et les transformer en cottage, par exemple.
Est-ce que Montréal est ouverte à la construction de maisons d’architectes ?
À Londres, les bâtiments anciens en bon état côtoient des propriétés ultramodernes. C’est ça qui fait la richesse de la ville, c’est super beau. Ici, c’est plus difficile. Oui, on a des super quartiers avec de la belle architecture qu’il serait dommage de perdre, mais d’autres fois c’est moins intéressant et malgré tout, les arrondissements mettent des bâtons dans les roues de super beaux projets. Il ne semble pas y avoir de vision d’ensemble à long terme. Je suis en faveur de garder notre héritage, mais la ville gagnerait à être un peu plus ouverte et avant-gardiste. Le Mile-Ex est un bon exemple d’un quartier où se côtoient les anciens bâtiments industriels et les façades ultramodernes.
As-tu des exemples de constructions vraiment uniques ?
Ce sont souvent des détails qui font la différence. J’ai un client qui a fait faire des rénovations par MXMA, et la firme a camouflé une poutre de 20 pieds avec un superbe design en bois, c’est comme avoir une œuvre d’art au plafond ! Sinon, ce sont les jeux de hauteur, comme quand on enlève un morceau d’étage pour gagner de l’ouverture au plafond, ça donne du wow factor et un effet grandiose. C’est aussi très à la mode de faire des murs qui ne vont pas jusqu’au sol, ce qui leur donne l’impression de flotter. C’est sûr que ce genre de finition est plus chère, mais elles ajoutent tellement côté look. Je pense aussi aux pièces vitrées, où les murs, le plancher et le plafond sont en vitre. C’est vraiment top.