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Vanyfox amène la batida de Lisbonne à Osheaga

Le DJ et producteur portugais d’origine angolaise est le nouvel ambassadeur de ce genre musical typique du quartier où il a grandi.

Par
Billy Eff
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Dans les rues du quartier d’Odivelas, en banlieue de Lisbonne, les jeunes dansent sur des sons rapides, saccadés, effrénés, d’une simplicité désarmante. Dans ce pays au fort passé colonial, la jeunesse afrodescendante s’est bâti un style musical – ou plutôt une approche musicale – qui lui est propre. Un peu comme la tradition brésilienne du favela funk, des producteurs et DJ comme Marfox, Niggafox ou Lycox (oui, leurs noms finissent souvent en -ox) ont fait connaître au monde leur « sons du ghetto de Lisbonne ».

Nouvel ambassadeur de ce genre, le DJ et producteur Vanyfox parcourt le globe depuis la dernière année en disséminant son style unique mélangeant batida, kuduro et afrobeats. Une rencontre fortuite avec l’équipe derrière les légendaires soirées montréalaises Moonshine l’a amené à se produire quelques fois à Montréal. Et cette année, il a reçu le grand appel : il fera groover les festivaliers d’Osheaga ce samedi, sur la Scène de l’Île!

Représenter son quartier et sa culture

« Batida, c’est le mot qu’on utilise pour parler des beats. C’est inspiré des traditions percussives angolaises et d’un peu partout en Afrique continentale. C’est assez rapide, entre 130 et 150 battements par minute. C’est un mélange de kuduro, d’afro-house, mais vraiment à notre sauce; à la manière du ghetto », m’explique le jeune de 23 ans.

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Comme plusieurs producteurs en herbe, c’est à travers son grand frère et l’ordinateur familial que Vanyfox, de son vrai nom Paulo Alexandre, se met à produire alors qu’il n’a que 12 ans. Fasciné par les couleurs et le design de FL Studio (qu’il utilise encore à ce jour), il observe son frère faire des sons « un peu whatever ». Peu de temps après, il fait la rencontre du légendaire artiste Shaka Lion, qui le prend sous son aile. Il continue tranquillement à apprendre les rudiments de la production musicale.

« Je me souviens de ma première bonne chanson. J’avais 13 ans et j’étais tellement excité! Je l’avais fait avant de me rendre à l’école le matin, je ne voulais pas être en retard, donc je l’ai simplement exportée en mp3 et je l’ai écoutée dans le bus. Je trouvais ça tellement bon, j’ai su qu’il fallait que je persiste dans la musique. »

Faire de la musique plutôt que des conneries

L’année suivante, sa mère et lui déménagent à Reims, en France, où il poursuivra ses études le jour et ses prods la nuit. C’est là qu’il se rend compte que la musique peut être une discipline qui transcende les simples rythmes; à travers elle, il a le pouvoir de changer sa propre vie et celle des gens de son entourage. Dans une société où l’oisiveté chez les jeunes des minorités visibles dans les quartiers précaires est source de danger, il lui fallait une échappatoire.

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« Je me suis vraiment investi à fond dans la production, vu que je ne connaissais personne dans mon quartier. J’avais l’école aussi, mais ma préoccupation première était de rester loin du trouble. Donc je produisais pour rester à l’abri du danger, autant à un niveau mental que physique, explique-t-il. Je suis quelqu’un qui ne parle pas beaucoup, je suis assez tranquille. Mais pour moi, la musique est devenue une manière de dire ce que j’avais à dire. Un peu à la manière du baile funk, où ils parlent de leur réalité, aussi crue soit-elle, et conseillent les jeunes. »

À partir de ce moment, il est devenu clair pour lui que sa musique se devait d’être porteuse d’un message fort pour la jeunesse désabusée. « Je sais par expérience que si ça ne va pas bien mentalement, la musique est là pour vous aider. Peu importe votre penchant créatif, si vous avez l’énergie pour créer, il faut le faire! Sortez ça de vous et vous ne savez jamais qui verra ça et en sera inspiré. »

Du ghetto au grosses scènes

Gonflé à bloc pour son premier set de festival mainstream au Canada, le jeune artiste donnera une leçon double, ce samedi. Après sa performance à Osheaga, il sera de la partie pour une méga-soirée Moonshine, collectif afro-montréalais auprès duquel Vanyfox gravite depuis la dernière année.

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Pour nous mettre dans l’ambiance, il nous livre la chanson Final Feliz (ou « fin heureuse ») et annonce du même coup son prochain EP, Sonho Azul. Cette nouvelle chanson est une collaboration avec la chanteuse portugaise Nayela, dont la voix mielleuse se colle parfaitement aux percussions beaucoup plus calmes et moins délurées qu’à l’habitude de Vanyfox.

Avec ses rythmes percutants, son énergie contagieuse et son son qui repousse les limites, Vanyfox fait découvrir la musique africaine à de nouveaux publics dans le monde entier. Il contribue à mettre la culture luso-angolaise sous les feux de la rampe, mais ne se voit pas pour autant comme « ambassadeur » de la batida, « Je suis simplement un bon élève et un homme de mission. Je ne fais que remplir la mienne! »

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