Ça a l’air qu’il n’est pas le seul à se poser cette question. Plus de 1,5 million de photos sont accompagnées de la mention #vanlife sur Instagram. C’est l’Américain Foster Huntington qui a créé, en 2011, le mot-clic (en référence à la thug life de Tupac), autour duquel ce mouvement s’est cristallisé.
Mais oubliez le stéréotype des vieux hippies aux cheveux longs qui sentent drôle (quoiqu’ils existent et soient apparemment très cool, confirme Julien). Les vanlifers de 2017 sont surtout des professionnels dans la vingtaine ou la trentaine qui veulent un emploi épanouissant, sans être coincé dans un endroit fixe ou un horaire inflexible. Aussi, comme la crise économique de 2008 a fessé fort aux États-Unis, vivre sur la route est un beau pied de nez à la précarité du marché du travail et au prix exorbitant des maisons.
La van life, c’est pas juste un long road trip.
«C’est la nouvelle génération qui veut vivre plus et posséder moins. Ils amènent leurs carrières sur la route: ils sont designers, développeurs web, caméramans ou réalisateurs», raconte Julien. Lui-même gère sur la route une boutique en ligne et son magazine web Go-Van, où il publie des récits de vanlifers.
#vanlife = #sponso? Pour Julien, la van life, c’est pas juste un long road trip. Il se pose régulièrement quelques semaines dans une même ville pour travailler ou simplement recharger ses piles. Il passe aussi environ la moitié de l’année à Montréal, chez des copains ou dans sa van (on a juré de ne pas révéler ses meilleurs «spots» pour dormir dans la métropole).
Mais à regarder les réseaux sociaux des vanlifers les plus populaires — majoritairement des couples hétéros avec de la photogénie à revendre, qui monnaient leur following à des commanditaires —, un paysage à couper le souffle n’attend pas l’autre. Où sont les soirées passées à regarder des séries télé en profitant du Wi-Fi d’un Home Depot, ou encore les douches qu’on prend dans des vestiaires de gym semi-propres? Pour rire un bon coup de cette réalité un ti-peu «stagée», le compte Instagram You Did Not Sleep There fait bien la job.
Les vanlifers s’entraident et se donnent des trucs.
Mais derrière cette façade bien léchée, il y a une véritable communauté tissée serré, assure Julien. Les vanlifers s’entraident et se donnent des trucs: comment assurer sa sécurité lors d’un orage violent; comment cuisiner sans s’empoisonner au monoxyde de carbone; comment rester propre de sa personne avec trois lingettes humides et quart et un accès sporadique aux toilettes du Starbucks; quoi faire quand les enfants atteignent l’âge scolaire (parce que, oui, certaines familles adoptent ce mode de vie)…
Et quand leur itinéraire le permet, ils se voient en vrai. Avec Go-Van, Julien organise d’ailleurs des rendez-vous un peu partout en Amérique du Nord qui attirent des dizaines de vanlifers. Le dernier se tenait en Colombie-Britannique, à la fin juin, pour célébrer le début de la saison des road trips.
Éventuellement, Julien finira par se poser un peu plus.
– Un jour, j’aimerais trouver un terrain sur la côte Ouest — ou au Mexique, où je pourrais habiter l’hiver venu.
Et tu ne t’ennuieras pas de la liberté de la route?
– J’aurai toujours un véhicule pour partir, c’est sûr.
On peut sortir le gars de la van, mais pas la van du gars, comme on dit.