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URBANIA Musique x LaF: Mon premier Osheaga – Partie 2

Une histoire réunissant terrasse VIP, Travis Scott et attente interminable.

Par
Hugo Bastien
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Je pense que je suis tranquillement en train d’asphyxier dans la foule. Autour de moi se trouvent des milliers de gens, de chests et de bras tout trempe qui se frottent

sur ma peau.

Nous sommes à Osheaga, dans l’énorme foule qui se masse rapidement devant la scène où Travis Scott s’apprête à jouer sous peu. Barbara (rédactrice en chef d’URBANIA) regarde au loin : « Je la vois pas, la maudite tente! ».

La tente que nous cherchons c’est celle qui nous mène à l’entrée de la section VIP, où nous attende LaF, le groupe que nous suivons lors de son premier Osheaga! Nous nous étions donné rendez-vous pour regarder le spectacle ensemble, mais tout porte à croire que je vais plutôt crever dans cette foule, piétiné ou tout simplement noyé dans une flaque de sueur.

Tentant le tout pour le tout, je décide d’enjamber la clôture de sécurité, et de marcher dans le couloir réservé. Pendant que je négocie avec la sécurité, Barbara escalade elle aussi le grillage, dans une cascade digne d’une scène de Spiderman. Enfin sortis de la marée de gens, nous nous dirigeons vers la tente VIP.

Tout porte à croire que je vais crever dans cette foule, piétiné ou tout simplement noyé dans une flaque de sueur.

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Je dois avouer que je commence à devenir fébrile. Je suis en train de vivre beaucoup de première fois : première visite à Osheaga, premier show de Travis Scott (un de mes artistes préférés) et première fois que je suis apparemment considéré comme une « Very Important Person ».

Une fois arrivés dans la section VIP (une espèce de terrasse surélevée à droite de la scène) je réalise que la définition de « very important person » est un peu lousse : je suis plutôt entouré de semi-vedettes que j’ai déjà vu un jour sur Instagram, des douches riches pas de t-shirt et Sébastien Diaz.

Plus loin j’aperçois finalement LaF! Les six gars du groupe ainsi que leurs blondes sont en train de rouler un joint lorsque Barbara et moi nous présentons à eux.

« C’est fou parce que y’a deux jours on était à Shawinigan dans un festival de hippies, le Widewood. Là-bas la scène avait été fabriquée à la main par les organisateurs, des espèces de messieurs chilleurs de 40 ans. Pis aujourd’hui on est dans une section VIP… C’est comme si on était à l’autre opposé totalement. »

Pis qu’est-ce que vous avez fait de votre journée?

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« On est allé voir des shows. On est même allé voir Rae Sremmurd… Mais après 15 minutes on est partis : ils rappaient même pas sur leurs chansons… »

La conversation va bon train et on ne réalise pas que le spectacle a maintenant 20 minutes de retard. Rapidement dans le groupe les théories se multiplient : est-ce que Travis Scott est en retard? Est-ce qu’il est trop buzzé pour jouer? Est-ce qu’il fait la diva dans les loges?

LaF commence à s’impatienter : contrairement à ceux qui nous entourent, ils ne sont pas venus prendre le plein de selfies jet set : ils sont venus voir un show!

« Moi je comprends pas ça! Nous avant les shows on a toujours hâte de jouer. »

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Plus l’attente se fait, plus de gens se greffent au groupe. Un des gars du groupe est venu directement après son shift de job. Un autre raconte que son collègue ne le croyait pas qu’il jouerait à Osheaga. Pendant ce temps, on nous apprend que Travis Scott est en retard puisqu’il est retenu aux douanes.

LaF commence à s’impatienter : contrairement à ceux qui nous entourent, ils ne sont pas venus prendre le plein de selfies jet set : ils sont venus voir un show!

Voilà maintenant 45 minutes qu’on attend après Travis Scott et il commence à faire tard. Déçus que notre concept d’article tombe à l’eau, les gars me disent qu’ils vont devoir partir. L’envie de chiller l’emporte sur le désir « d’être avec des vedettes ».

« C’est chill les boys, y’a pas de problème! »

Après s’être serré la main, le groupe quitte et je me retrouve maintenant seul dans la section VIP. Je ne comprends pas trop pourquoi les boys sont partis. Je veux dire, on t’offre une vue excellente sur la scène, de la bière et surtout, de l’espace! Le tout gratuitement! Tant pis, moi j’en profiterai jusqu’à la fin.

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J’observe autour de moi. Les gens se saoulent la gueule, se tripotent. Une gang d’amis se lancent dans un marathon de french entrecoupé de shooters. On dirait que tout le monde est soit un vendeur de poudre, ou un client de vendeur de poudre.

On dirait que tout le monde est soit un vendeur de poudre, ou un client de vendeur de poudre.

Pendant que je regarde les gars à côté de moi faire des signes de lichage de vagin avec leurs doigts, Travis Scott monte finalement sur le stage. La foule extatique gueule de plaisir malgré son retard d’une heure. Tandis que tout le monde se pousse à mes pieds, les gens à mon étage restent immobiles et se contentent d’applaudir poliment.

« Dans leurs châteaux là-haut, ils s’ennuient / Pendant qu’en bas nous on danse toute la nuit ». La toune cheesy de Roméo & Juliette résonne dans mes oreilles. Je regarde la foule plus bas qui tripe, puis mes voisins qui comparent la grosseur de leurs biceps en me disant « Mais qu’est-ce que je fous ici moi? ».

Ce n’est pas mon monde. Ce n’est pas celui de LaF non plus.

Fuck les VIP, je m’en vais prendre le métro.

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