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Une semaine sans saveur

Manger pendant cinq jours à la cafétéria de ta job

Par
Nadine Mathurin
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En fait, je peux vous rassurer, le titre est faux. Car ça arrive, des fois, que les plats du jour goûtent la marde. Bien que j’en aie jamais mangé, je peux m’imaginer ce que goûte la marde, parce que c’est impossible que ces plats du jour soient censés goûter “comme de la nourriture”.

Remarquez, les plats du jour pourraient également goûter “la bouette”, “la pourriture”, “la vidange” ou mon préféré, “le siège d’autobus”. Ça, c’est quand ils goûtent quelque chose, ce qui est rare.

Dans un élan d’altruisme envers mes collègues, j’ai commencé il y a quelques années à photographier les pires plats du jour servis à la cafétéria de mon travail. La joke est bientôt devenue un callback, puis un running gag, pour enfin devenir un véritable trademark “Nadine Mathurin”, entre l’anti-foodie et le trolling de mes suiveux sur Instagram.

Voici donc “Une semaine sans saveur”, ou encore “J’avais pas de lunch pendant 5 journées d’affilée”.

LUNDI

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Un lundi d’une tristesse infinie. La journée où la saveur a callé malade. Le midi où l’épicurien décide d’aller à l’abattoir. Des choux de Bruxelles à l’eau, des pommes de terre aux mottons (remarquez, ce ne sont pas des patates en poudre, n’en déplaise au ministre de la santé). Quand même du tzatziki est pas capable de sauver une brochette de poulet, tu te dis que ce poulet-là méritait pas de mourir.

MARDI
MARDI

Vous pensiez que faire un voyage au Maroc et aller passer une nuit dans le Sahara vous donneraient une bonne définition de ce qu’est la sécheresse? C’est que vous n’avez jamais goûté à ce… fajitas? enchilada? burrito? Peu importe : ceci se désintègre en poussière au contact de vos dents. Bouffe d’astronaute pour les nuls.

Ah pis, les deux petites boules à côté goûtaient exactement la même affaire : le sel.

MERCREDI

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MONOCHROME. L’hommage au Carré blanc sur fond blanc de Malevitch. La Révolution, toé-chose, dans ton contenant en carton. Même Pantone n’y verrait que du feu. Tout est dans la subtilité des tons. Orange sur jaune-orange. Fallait y penser.

JEUDI

Un poisson pané sec. Une couple de fèves jaunes à l’eau en canne. Deux morceaux de pommes de terre trop cuites. Trois heures de mal de ventre. C’était le menu “santé”, l’affaire la plus équilibrée sur la carte du jour.

Le ketchup, c’est pour ajouter du punch dans la photo.

VENDREDI
VENDREDI

“DIARRHEA IS TRENDING AU 21E ÉTAGE DU BUILDING!”

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Je n’ai jamais su à quoi ces boulettes étaient, je n’ai jamais compris ce que devait goûter cette sauce. Mon système digestif s’est sûrement dit : “WTF?!” en recevant cette patente-là, avant de s’empresser de la rejeter, tel un juge de La Voix face à une concurrente dont l’histoire familiale n’est pas assez touchante.

Mine de rien, écrire cet article-là, qui se voulait une joke au départ, m’a réellement fait réaliser à quel point il est essentiel de bien se nourrir et qu’il est surtout difficile d’y arriver.

Cette cafétéria-là, pour ne pas la nommer, prend un peu ses consommateurs pour des caves. 5,50$ pour un plat du jour dont les légumes proviennent d’une canne qui vient peut-être des années 1990 est une insulte aussi grande que de nous servir des purées au sel, de la sauce blanche aux ingrédients indescriptibles pis des boulettes de viande avec mottons de gras.

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Je rêve de ce jour une émission “de cuisine” sera réellement utile et fera le tour des établissements avec cafétéria pour analyser la qualité des plats au Québec, comme l’a fait Jamie Oliver en Angleterre avec Jamie’s School Dinners. Mais en commençant par nos hôpitaux, nos CHSLD, nos écoles et nos CPE. Être en santé commence un peu par bien se nourrir, non?

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