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Une journée au musée
URBANIA et le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) s’unissent pour vous rappeler qu’une visite au musée, ça change le mal de place (même si les œuvres ne s’éveilleront pas la nuit dans la vraie vie).
Je vous avertis, vous serez sûrement jaloux.se en lisant l’article qui suit, et je m’en excuse d’avance. Lorsqu’on nous a proposé, à ma copine et à moi, de faire une visite privée de la nouvelle exposition du Musée d’art contemporain de Montréal, je n’y croyais pas vraiment.
C’est que, depuis mars dernier, je quitte ma maison seulement pour aller acheter quelque chose ou pour travailler. Vous pouvez donc vous imaginer qu’aller dans un musée pour la première fois depuis des années, c’était tout un événement. Parce que c’est ben cool se taper des séries télé, mais après une couple de mois évaché sur mon sofa, même les histoires de kidnapping de District 31 deviennent banales.
Ça prend quelque chose de plus. Quelque chose qui fait réfléchir, qui nous transcende et nous fait oublier la platitude que l’on vit depuis mars. En ce moment, même si c’est moins ma tasse de thé, une visite au musée va donc me faire le plus grand bien, j’en suis sûr. Et pour ma blonde, ce sera carrément une bénédiction. Diplômée d’un bac en art et d’une formation en scénographie à l’École nationale de théâtre, elle considère un peu le MAC comme sa deuxième maison. Elle sera donc mon soutien moral pendant les moments où je fixerai une œuvre, perplexe, en me disant « Mais… pourquoi… ? ». Heureusement, elle n’a pas dû intervenir souvent durant la visite.
La serinette
Notre entrée au musée se passe par la porte d’en arrière, alors que Mark Lanctôt, conservateur au MAC et co-commissaire de l’exposition, nous accueille derrière son masque. Une fois les mains désinfectées, on entreprend avec lui la visite de l’exposition La machine qui enseignait des airs aux oiseaux, qui présente le travail de 34 artistes de Montréal et de ses environs.
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Longuement réfléchi, le thème de l’exposition a été inspiré par un artefact de l’ancien temps : la serinette, une machine à musique qui recrée des chants d’oiseaux exotiques. L’ironie de cette machine est qu’elle récréait ces chants dans le but de les enseigner aux oiseaux des gens de la haute société. C’est donc une machine qui a apprend des chants d’oiseaux … aux oiseaux. Comme quoi l’argent ne finance pas juste le progrès, mais aussi des absurdités comme la serinette, ou les segways.
La serinette a donc insufflé les thèmes de la machine et de la transformation du média au cœur de l’exposition, et ce, dès qu’on entre dans le hall du musée. Nous sommes accueillis par une œuvre dont le titre est aussi long que ma dernière année de secondaire : Ce qui importe, ce ne doit pas être l’espace, mais ce qui s’y passe. Signée par Jacques Bilodeau, l’installation se veut un « parcours d’objets actifs » avec lesquels le public peut interagir. Un mélange entre l’art, le design et l’architecture.
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Ces machines inventées sont inspirées de machines agricoles, ce qui touche particulièrement ma copine, originaire de l’Alberta et qui a grandi dans un milieu plus rural. De mon côté, je me sentais dans une annonce de la CSN, mais sans Claude Legault.
Mais l’appréciation de l’art est subjective, pis c’est ben correct comme ça.
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Quand la construction donne des émotions
La preuve : la prochaine œuvre qu’on nous a présentée m’a complètement chamboulé. Et pourtant, en voyant cette grosse clôture de béton en plein milieu de la pièce, ma réaction initiale a été : « Ah ben, on s’en sort pas : même ici y’a des chantiers de construction. »
Mais Mark nous fait comprendre que c’est une création qui fait partie de l’exposition, signée par la sculptrice et activiste antiprison Sheena Hoszko. L’idée de la « sculpture » est de nous donner une unité de mesure : en multipliant la longueur de la barrière 130 fois, on obtient le périmètre du terrain du nouveau Centre de surveillance de l’immigration de Laval. En gros, une prison pour réfugiés.
Alors que les machines du hall m’ont laissé de marbre, ce simple bout de clôture me donne le vertige, et m’éduque sur un établissement dont je ne connaissais même pas l’existence. Bien joué, l’Art!
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Taken In, Taking On
La visite se poursuit dans une autre pièce. Avant d’y entrer, nous sommes accueillis par un mur rempli de petits fils noirs qui rappellent les arches d’un immeuble, une sorte de portail. Mark décrit plutôt ça comme une « partition murale ». Il m’a pris de vitesse parce que c’était PILE ÇA que j’allais dire ensuite.
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De loin, on dirait de la laine, mais quand on s’approche, on se rend compte que ce sont en fait des billes. BEAUCOUP DE BILLES! Pendant que ma copine est en admiration devant le travail de l’artiste Surabhi Ghosh, je remercie le ciel d’être seulement un auteur et de pouvoir faire un simple CTRL+Z quand je fais une erreur.
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Cette œuvre me rappelle quelque chose
Derrière le mur de billes, on trouve beaucoup d’œuvres, dont je ne pourrai malheureusement pas vous parler puisque le temps me manque. Cependant, deux en particulier ont retenu mon attention.
La première, c’est la série Tabarium: Field Notes, réalisée par l’artiste Kristan Horton. En plusieurs tableaux, l’artiste mélange photographie, collage, dessin par ordinateur et carton de boîtes de céréales pour créer une œuvre à la fois déstabilisante et fascinante. Il se passe tellement de choses dans l’image qu’on ne peut s’empêcher de rester devant pour en apprécier tous les détails. Un genre d’Où est Charlie? qui mélange illusion d’optique, brouillon et chaos.
En voyant ça, j’ai dit à ma copine « On dirait mon cerveau », et elle s’est contentée de hocher la tête, parce qu’elle le sait déjà.
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Finalement, j’ai adoré le travail de l’artiste Thea Yabut, qui utilise la pulpe de papier de dessins recyclés pour créer ses sculptures murales. Les reliefs de l’œuvre sont inspirés par la zoologie et la botanique, d’où la présence de formes rappelant, entre autres, des colonnes vertébrales. Moi, je trouvais que ça ressemblait à la carte topographique d’un monde dans un jeu vidéo. Une sorte de Battle Royale sur une île volcanique. Chacun ses référents, j’imagine.
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Une visite qui fait du bien
C’est donc la tête pleine de ces images magnifiques que nous sommes rentrés, après avoir remercié Mark pour la visite. Sur le chemin du retour, ma copine et moi avons discuté des impressions que nous avaient laissées ces œuvres. Pour la première fois depuis longtemps, on jasait d’autre chose que de la maudite pandémie ou bien de ce qu’on allait manger ce soir, pis mon dieu que ça faisait du bien.
Notre après-midi au MAC nous a permis d’échapper à la vraie vie, le temps de quelques heures. En sortant, nous nous sentions revigorés, créatifs, prêts à revenir à nos journées monotones, tout en trouvant absurde qu’autant de beauté ait dormi aussi longtemps dans un musée sans visiteurs.
Heureusement, elle est maintenant réveillée.
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Bonne nouvelle! Le MAC est maintenant ouvert et vous aussi pouvez venir découvrir cette exposition et comparer vos impressions avec celles d’Hugo et de sa blonde.
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La machine qui enseignait des airs aux oiseaux est présentée jusqu’au 25 avril 2021.