Logo

Une date, l’hiver

Publicité

J’ai une date à soir. Criss qui fait frette. Je suis cernée et blême. Cette fois-ci, pas de manucure, épilation de la moustache, ni de quelque partie que ce soit de mon corps frigorifié. Je vais y aller dans mon état semi-présentable.

Au moins, il est petit (5’4″ selon sa fiche, donc sans doute moins que ça en vrai), alors, pas besoin de me faire faire la repousse – ben installée au bar, il ne me verra pas le fond de la tête – ni de mettre des bottes à talons hauts pour sortir dans le Plateau sibérien.

Pourquoi est-ce que je me fais subir ça? Je voudrais rester couchée dans mon lit avec un chocolat chaud à écouter le dernier épisode d’Unité 9. Mon esprit balance entre : j’ai peur de le décevoir (je ne suis pas sûre d’être assez remise de ma séparation/flushage-pour-une-plus-jeune pour supporter ça) ET j’ai peur d’être déçue. La deuxième option étant à peine plus facile à envisager que la première. Si sur place il me dit : alors, on se rappelle… Je suis à peu près certaine que je serai incapable de dire non. Pis que je vais angoisser rendue chez moi. Et prendre trois jours pour composer un message nul pour mettre fin à une relation même pas commencée. C’est quoi déjà qui est cool dans c’te patente-là? Je veux dire, au point qu’on préfère s’infliger ça à moins mille degrés au lieu d’être écrasée dans un pyj de flanalette?

Publicité

Je me dis que ça ne doit pas être plus le fun pour lui. Je nous imagine comme deux chevreuils au milieu d’une route de campagne enneigée, les yeux écarquillés, figés dans la lumière des phares de la voiture qui fonce sur eux. Pas plus le goût l’un que l’autre. On s’en va à l’abattoir. Où on sera soit le fermier, soit la bête. À moins qu’on ne soit la belle et la bête ;-) (Hmm, mon sens de l’humour est descendu sous zéro lui aussi).

Cette fois, promis, c’est la dernière. Ze last ouanne.

Retour à la maison

Après deux secondes, même pas, je savais. N’en aura pas de french! Suis restée trois heures! Ai bu une bière, un verre de vin et trois gins tonic (à l’encontre de la Règle no. 14). Même pas réussi à m’engourdir (ni à m’amener dans un état où je m’amuse avec moi-même dans ma tite tête). Je suis nulle!

Je dis ça, « je suis nulle », pour faire ma fine. Mais pour être tout à fait honnête, c’était même pas une soirée désagréable. Le gars avait de la conversation (on a passé une bonne demi-heure à parler voyages à vélo et camping), il était loin d’être con, avait des goûts musicaux semblables aux miens, il ne faisait pas le coq… Mais je n’ai pas ri. Pis quess tu veux, quand ça vibre pas, ça vibre pas!

Publicité

Pis pourquoi ça vibre des fois pis d’autres fois pas? De quoi est faite cette fameuse « chimie »? Si on le savait, on pourrait faire de quoi avec, peut-être, prendre une tite pilule pour s’allumer la mèche. Entécas, dans mon cas, le gars a assurément pas besoin d’être un pétard. Non, même que des fois, trop beau c’comme pas assez… C’est plus une affaire de lueur dans les yeux, de sens de l’humour (il FAUT qu’il me fasse rire), de dégaine… Pis, comme dirait Émilie, il y a « la texture anticipée de ses lèvres »…

Mettons qu’on ne parle même pas d’amour, parce que là, il y a aussi toutes les névroses personnelles qui se mettent de la partie pour te faire élire la personne avec qui tu as envie de passer des semaines, des mois, des années et de discuter, éventuellement, de qui doit sortir les vidanges. Mettons qu’on parle juste d’attirance physique… Je me souviens d’un gars (quand j’étais jeune et naïve) qui avait une blonde, pis que je voulais donc surtout pas qu’il m’attire. Pis que je venais les jambes comme du coton dès qu’il me regardait dans les yeux. Bon, vous me direz que, dans un cas comme ça, il y a l’effet « interdit » qui est un puissant aphrodisiaque. (Non, vous saurez pas si on a couché ensemble.) Entécas, si des fois, quand on ne veut pas être attirée, l’attraction n’en devient que plus forte, c’est absolument certain que se forcer pour sentir de l’attirance, c’est du domaine de l’utopie la plus totale… Dans mon cas, du moins.

Publicité

Ce qui fait que, ça se pourrait ben que ce soit là que nos chemins se séparent, Zéro Contact…

Sauf que, me voilà seule dans mon lit et pas plus avancée. Pis c’est l’hiver, les terrasses sont pas ouvertes, ça prend tout son ti change pour juste mettre le nez dehors, j’ai les enfants la moitié du temps, alors, où c’est que je pourrais ben rencontrer quelqu’un? Peut-être – je dis bien peut-être – que je vais te donner une autre dernière chance, ZC, d’abord.

PS: Dieu, Valentin (saint patron des frenchs), les forces de l’univers, whatever, je vous demande pas grand-chose, juste un gars que j’aurais envie de frencher. Pis réciproquement. Pis qui frenche comme un Dieu. Juste ça…

Pleeeeeaaaaaze!