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Une date historique à Pointe-à-Callière… avec mon ex

Quoi de mieux que de revisiter l’histoire avec quelqu’un avec qui on en a beaucoup?

Par
Guglielmo Scrittore
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URBANIA et Pointe-à-Callière s’associent pour vous faire découvrir le vrai Montréal underground!

Quand on arrive dans une ville pour la première fois, il y a deux endroits à visiter si on veut vite se faire une idée de ce qu’elle a à offrir : le marché, et le musée. Mais pas besoin d’être en vacances loin de chez soi pour aller au musée. C’est un bel exercice civique que d’aller découvrir ce que les touristes découvrent sur notre ville et qu’on ne savait même pas. Et, si on veut vraiment savoir de quoi sa ville est faite, il faut aller creuser un peu plus loin.

À nous deux, me suis-je imaginé, on devrait en savoir quand même pas mal sur notre ville. Mais, fidèle à son habitude, Montréal a toujours de quoi nous surprendre!

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C’est dans cette optique que j’ai décidé d’aller où les experts creusent pour vrai, pour en découvrir plus sur Montréal, son histoire et sa fondation. Pointe-à-Callière était par conséquent l’endroit tout désigné. Cette institution muséale montréalaise est non seulement le plus grand musée d’archéologie au pays, elle est littéralement construite sur les fondations de la ville!

Faire des découvertes à deux, c’est toujours mieux. J’ai donc invité une femme calée en histoire et avec qui j’ai moi-même beaucoup d’histoire : mon ex. Originaire la côte ouest américaine, elle termine en ce moment sa maîtrise en histoire, sujet qu’elle souhaite enseigner au secondaire. À nous deux, me suis-je imaginé, on devrait en savoir quand même pas mal sur notre ville. Mais, fidèle à son habitude, Montréal a toujours de quoi nous surprendre!

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Montréal à l’italienne

À notre arrivée à l’accueil, on nous informe d’une nouvelle exposition sur l’histoire des Italo-Montréalais et de leur contribution à la société québécoise. Il ne m’en fallait pas plus : j’attrape Ellie par le bras et on file au troisième.

Beaucoup moins contemplative que moi, Ellie se dirige tout droit vers l’autre extrémité de la salle. Armée du stylet qu’on nous a fourni à l’entrée, COVID oblige, elle va découvrir la partie interactive de l’exposition. De mon côté, je m’instruis sur les premières vagues d’immigration italienne à Montréal.

Après l’unification de l’Italie en 1861, qui a créé des crises socio-économiques dans la botte, de nombreux paysans quittent le pays dans l’espoir de trouver de meilleures conditions autre part. Montréal en accueillera plusieurs dizaines de milliers, en vagues successives jusqu’à la moitié du siècle dernier.

On s’étonne tous les deux de notre ignorance de l’histoire des Italo-Montréalais. De la construction de chemins de fer à leur implication dans les mouvements syndicalistes post-Duplessis, ces immigrants ont littéralement aidé à bâtir notre société

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J’en savais beaucoup sur l’immigration italienne aux États-Unis, particulièrement à New York : leur arrivée à Ellis Island, leur implantation dans les cinq arrondissements et le savoir-faire en construction et en ingénierie dont ils ont fait preuve lorsque ce fut le temps d’ériger le pont de Brooklyn. Mais lorsque je retrouve Ellie vers la fin de l’expo, on s’étonne tous les deux de notre ignorance de l’histoire des Italo-Montréalais. De la construction de chemins de fer à leur implication dans les mouvements syndicalistes post-Duplessis, ces immigrants ont littéralement aidé à bâtir notre société.

D’artéfact en photo, on comprend mieux l’importance de la communauté italo-montréalaise, ses contributions énormes à la ville et à son histoire. Unis par un catholicisme fervent et la bonhomie du Vieux Continent, Québécois et Italiens ont formé une culture distincte qui continue d’enchanter et de dépayser les visiteurs jusqu’à aujourd’hui.

Les Bâtisseurs de Montréal

La vraie âme de l’ancienne Ville-Marie, c’est dans le sous-sol qu’on la retrouve. C’est sur ce site même que la ville fut fondée, 375 ans avant l’ouverture du musée après 10 ans de fouilles archéologiques.

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Quel privilège, toutes ces années plus tard, que de pouvoir voir ces vestiges, apprendre leur histoire. Entre autres, les visiteurs pourront admirer le premier égout collecteur construit en Amérique du Nord, et qui resta en service jusque dans les années 1980. Quelques pas plus loin, on retrouve ce qu’il reste du premier cimetière catholique de la ville, ainsi que le mur des fortifications de cette dernière datant du 18e siècle.

Les objets de la collection archéologique de Pointe-à-Callière nous permettent de découvrir près de 600 ans de présence humaine sur ce terrain exact. Et, heureusement, ils rappellent aussi aux visiteurs que d’autres étaient là avant nous, comme en témoignent de nombreux objets du quotidien des communautés anicinape, kanien’kehá et wendat exposés dans la crypte archéologique.

Les objets de la collection archéologique de Pointe-à-Callière nous permettent de découvrir près de 600 ans de présence humaine sur ce terrain exact.

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« C’est fou qu’ils aient pu retrouver tout ça ici! », s’exclame Ellie devant ces artéfacts – pipes en céramique, pointes de lance en pierre et autres. « Retrouver autant d’objets, de nations et d’époques différentes, au même endroit, ça ne peut pas être anodin. Ça signifie forcément que quelque chose dans l’emplacement géographique de cet endroit est spécial. »

C’est un peu plus loin qu’on découvre l’importance de ce site dans l’histoire postcoloniale de Montréal. Servant de fort dès l’arrivée des premiers colons, il accueillera par la suite la résidence du gouverneur général de la Nouvelle-France, d’importants entrepôts commerciaux pour les objets récemment arrivés via le port avoisinant, et plus tard une douane. L’Éperon, bâtiment principal de Pointe-à-Callière, y fut finalement inauguré en 1992.

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À l’abordage! Pirates ou corsaires?

Beaucoup de choses ont changé à Pointe-à-Callière depuis la dernière fois où j’y suis allé. Entre autres, ma prof de sixième année ne m’a pas obligé à lui tenir la main pendant toute la visite de peur que je touche à quelque chose… De nouvelles expositions ont aussi vu le jour, et de nouveaux bâtiments ont été investis, pour former la « Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal », qui regroupe sept lieux et bâtiments importants.

Depuis 2013, le musée s’est aussi doté d’une expo qui a fait chavirer le cœur de kid d’Ellie, qui regardait beaucoup trop Pirates of the Caribbean dans son enfance : l’expo À l’abordage! Pirates ou corsaires?

En explorant le navire de Pierre Le Moyne d’Iberville, le plus célèbre corsaire à être né sur le sol montréalais, les visiteurs pourront découvrir la vie très peu glamour des marins de l’époque. On apprend notamment qu’ils buvaient des quantités considérables de rhum, pas seulement pour ses effets secondaires, mais aussi parce que c’était souvent moins dangereux à boire que l’eau à laquelle ils avaient accès!

Malgré l’allure de rebelle sans cause que Johnny Depp a donné aux pirates dans la culture populaire, ils avaient un code strict qui régissait la vie quotidienne sur le bateau

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L’exposition étant destinée aux jeunes, ceux-ci peuvent aussi en apprendre beaucoup sur les conditions sociales de cette période, et par l’entremise des pirates de différentes nations mieux comprendre l’Histoire et son impact sur le monde de l’exploration et de la navigation. Ils apprendront de plus qu’avant l’invention des GPS, il fallait une carte, quelques instruments rudimentaires et une bonne connaissance des étoiles pour s’y retrouver en haute mer. Mais également que malgré l’allure de rebelle sans cause que Johnny Depp a donné aux pirates dans la culture populaire, ils avaient un code strict qui régissait la vie quotidienne sur le bateau, afin de promouvoir un partage égalitaire des ressources pillées. Ils avaient vraiment les valeurs à la bonne place, ces pirates!

Entre la famine, les maladies à répétition et les rats, Ellie affirme que je n’aurais pas été un très bon marin. « Tu te rappelles la fois où j’ai dû venir te sauver parce qu’il y avait une souris devant la porte chez toi et que tu étais figé de peur? »

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Elle a oublié un million de choses qui sont arrivées durant notre relation, mais, de toute évidence, pas les moments importants…

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Vous pensez tout savoir sur Montréal, son histoire et ses secrets? Allez tester vos connaissances en visitant l’une des nombreuses expos de Pointe-à-Callière!