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Une date dans la Grande Roue

Et une réflexion sur les rendez-vous sans alcool.

Par
Laïma A. Gérald
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Mon collègue François, le responsable du contenu pour DEHORS, s’est mis dans la tête de me matcher. Aussi investi dans son travail de journaliste que dans son rôle d’héritier de Cupidon, il m’a récemment transféré un courriel ayant pour objet «Pour une virée à La Grande Roue de Montréal» dans lequel l’équipe de la Grande Roue proposait à URBANIA de (re)découvrir ce classique du paysage montréalais. Au programme de l’invitation média : escapade dans la mythique Grande Roue, mocktails sur la terrasse et vue imprenable sur le Saint-Laurent.

«My god Laïma, tu devrais tellement aller en date dans la Grande Roue, ça serait sick!», me lance mon entremetteur préféré bien installé à son poste de travail. Ne reculant devant rien et ouverte à toutes éventualités, j’ai accepté, le rouge aux joues.

As-tu le vertige?

Le concept de ma prochaine date en poche, ne me manque que de la compagnie. J’y pense un instant: je vais me retrouver dans une nacelle à 60 mètres du sol pendant plusieurs minutes, je ne peux quand même pas y aller avec n’importe qui. Comme je ne souhaite pas me retrouver dans une situation embarrassante ni dans un scénario digne d’un film d’horreur, je sélectionne un candidat que je connais déjà un peu et slide tout de go dans ses DM.

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Fière de mon approche, que je qualifierai de «mystério-cute», j’attends patiemment la réponse de mon prospect. « Je suis libre. J’ai pas le vertige. Pourquoi? ». Après lui avoir expliqué dans quoi j’étais en train de l’embarquer, il me demande s’il sera mon Instagram husband pour la soirée. Je prends ça pour un oui et ajoute:

Un ciel de Renaissance

J’arrive au Vieux-Port. Malgré la soirée fraîche et la menace de pluie, j’ai mis une robe à fleurs. Tant qu’à faire. Trois quatre groupes de touristes me demandent de les photographier devant l’énorme signe J’❤️ MONTRÉAL, puis ma date arrive, tout sourire. On regarde le ciel bas à travers lequel percent les derniers rayons de soleil. « On dirait un ciel de peinture de la Renaissance! » affirme candidement mon invité de choix, semant tout de suite un peu de poésie sur les berges du Vieux-Port. C’est donc sur une note Michelangelesque que débute notre rendez-vous roue.

«j’ai le sentiment que Jay Du Temple est sur le point d’arriver pour nous dévoiler une twist

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On nous invite à monter dans la cabine 42, celle dont le plancher est en verre et dont les sièges sont en cuir italien. Rien de trop beau. La Grande Roue entame sa rotation. Le jour tombe sur le pont Jacques-Cartier, on voit la croix du Mont-Royal au loin, les immeubles du Centre-Ville, les magnifiques bâtiments du Vieux-Port et le fleuve à perte de vue. Les lumières de la ville s’allument une à une, comme des centaines de petites étoiles qui veillent sur notre soirée. C’est sublime vu d’en haut. On se rappelle soudainement que je dois documenter l’expérience, mon InstaHusband immortalise donc le moment, en mode flou artistique.

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Mocktails nocturnes et méta-date

Une fois de retour sur la terre ferme, on nous invite à nous diriger vers la terrasse adjacente, pour y déguster un mocktail. Pendant qu’on s’installe, le Vieux-Port nocturne se dévoilant sous nos yeux, j’ai le sentiment que Jay Du Temple est sur le point d’arriver pour nous dévoiler une twist. J’haïs pas ça.

La pandémie, avec les mesures sanitaires entraînant la fermeture des bars et des restos, a très certainement sorti le monde du dating des bars

Entre chaque gorgée de nos boissons à base de gin sans alcool, on se dit à quel point les rendez-vous galants sont très souvent associés à la consommation d’alcool. On s’entend que le scénario de première date par excellence, c’est d’aller prendre un verre dans un bar. Mais comment ça? À cause des propriétés désinhibantes du classique vodka soda? Parce que ce n’est pas trop engageant et qu’on peut aisément prétexter qu’on a autre chose après la deuxième pinte si ça clique pas? Un peu toutes ces réponses, sans doute.

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La pandémie, avec les mesures sanitaires entraînant la fermeture des bars et des restos, a très certainement sorti le monde du dating des bars. On a jamais autant donné rendez-vous à nos matchs Tinder dans les parcs et aux coins des rues, pour aller marcher. Incidemment, la dernière année et demie a sans doute poussé les célibataires à être créatifs et créatives, à explorer des quartiers, hiver comme été, tels des touristes dans leur propre ville.

Mon +1 et moi, on se met à imaginer une liste de différents endroits où on pourrait dater en dehors des bars. « Une date au ciné-parc, avec du thé pis des couvertes, assis dans le coffre du char! », « Ou une date au mini-putt, c’est parfait pour apprendre à connaître quelqu’un, non? Tu vois comment la personne réagis dans un contexte d’activité et si elle est mauvaise perdante ou non. ». « Monter le mont Royal ou une montagne, ça enlève de la pression de devoir trouver des sujets. C’est comme moins stressant, parce que tu marches en même temps…». Plus la liste s’allonge, plus on se rend compte que c’est une super idée de faire une activité extérieure pour apprendre à connaître quelqu’un. Moins gênant, plus dans l’action, comme. Bien sûr, je ne partirais pas forcément faire une randonnée de calibre « expert » à 3h de Montréal, avec un match Bumble que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, mais une 2e ou 3e date avec quelqu’un que j’apprécie, pourquoi pas?

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Captivés pour notre conversation très méta, on se rappelle encore que je souhaite écrire un article à la suite de cette soirée. Mon mari Instagram, qui prend manifestement son rôle très au sérieux, me propose de me photographier en mode influenceuse.

Une fois nos mocktails terminés (et parce que Jay Du Temple n’est malheureusement jamais venu nous dévoiler qu’un de nous deux aura une place à la table de délibération), on marche vers le métro. La place Jacques-Cartier avec ses touristes, ses musiciens de rue et son effervescence naturelle accompagnent notre marche du retour.

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Je conclurai ce texte avec un message directement adressé à mon +1, mon InstaBoyfriend d’un soir: si t’as envie de remettre ça, slide dans mes DM…