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Une carotte qui fait un tabac dans Villeray
Elle ne passe pas inaperçue dans le quartier et intrigue une bonne partie de la diaspora française égarée à Montréal, sans parler de ceux et celles qui ne savent absolument pas de quoi il s’agit : la carotte du Tabac Villeray, un petit nouveau dans le quartier depuis cet été.
Si vous êtes Québécois.e et que le mot « carotte » n’est que synonyme de légume dans votre esprit, sachez qu’en France, une carotte est aussi une enseigne rouge que l’on trouve en façade des débits de tabac, ces commerces spécialisés dans la vente de produits du tabac.
Je dois l’avouer, j’ai réalisé le pouvoir de la carotte après avoir publié sur Instagram une simple story à son sujet. « Oh wow! », « Je veux y aller », « Il est à combien, le Ricard? Et le paquet de clopes? ;) » : je n’ai jamais reçu autant de réactions de la part de mes compatriotes. Mon enfant de quatre ans (star de mon Instagram) venait de se faire voler la vedette par une… carotte de bar tabac. Sick sad world. Bref, on s’est fait carotte, comme on dit aux pays des Lumières.
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Après avoir dévoré son jambon-beurre et sa tartine de rillettes-cornichon, j’ai eu envie d’en savoir plus sur cet endroit déjà culte et sur cette (maudite bonne) idée d’ouvrir une buvette de quartier coin Villeray/Rousselot, là où il était grand temps de créer l’événement.
Avant toute chose, mettons les choses au clair : c’est un Tabac où on ne vend pas de tabac. Faites-vous une raison. « Vendre des clopes ici, ce serait clairement anachronique! Ceci dit, je pense qu’on pourrait le faire si on voulait, mais ça ne nous intéresse pas de pousser ce côté-là. On a surtout voulu garder l’esprit de proximité du bar tabac français plus qu’autre chose. On est ouvert tôt le matin, on va du café à l’apéro en toute modestie, comme n’importe quel bar tabac le ferait avec une petite touche plus raffinée peut-être », explique simplement le maître des lieux, Patrick Bernatchez.
Son objectif de départ était d’ailleurs tout trouvé : ouvrir un bar de quartier où les gens du coin peuvent se retrouver. Mots d’ordre : convivialité, simplicité et proximité. « J’ai trouvé cet endroit par hasard, c’est un accident, raconte le propriétaire. J’ai vu que c’était à louer en passant à vélo, et voilà… »
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En réalité, cela fait une bonne dizaine d’années que Patrick Bernatchez mijote son chaleureux projet. « J’ai toujours eu envie d’ouvrir un petit conteneur à des endroits insolites à Montréal. Mon idée, c’était de transposer ce que je voyais partout en Europe quand j’y allais : c’est presque standardisé là-bas. Finalement, ça a pris la forme du Tabac, mais c’est peut-être le début d’un projet plus vaste… l’avenir nous le dira! », confie-t-il, parfois lassé par l’encadrement trop strict du règlement de zonage à Montréal. « Ça casse la spontanéité d’un projet et ça peut refroidir la créativité. »
Mais qu’importe, il a bien l’intention de faire du bruit dans le quartier et pas seulement grâce à la carte des vins. « On travaille sur une carte de programmation culturelle. Le volet culture sera très important au Tabac, on a déjà noué quelques partenariats avec certaines maisons d’édition… cette carte va s’élaborer doucement au courant de la prochaine année. »
La preuve : le 20 septembre, dès 17 h, Julie Delporte sera dans la place pour célébrer la parution de son nouveau livre, Corps vivante. De quoi rameuter tout le quartier.
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« On aura un piano un peu particulier qui va nous permettre de faire une programmation internationale aussi… », confie Patrick, qui n’en dira pas plus. « On ne veut pas créer un pastiche de tabac français : c’est un mix de plein de trucs, notre Tabac sur Villeray », poursuit-il, flippé à l’idée qu’on enferme son Tabac dans une case trop étroite.
« Tout le monde est bienvenu ici, on prône la diversité et l’inclusion, cela va de soi. On avance et on s’adapte lentement, mais sûrement. Le plus important, à nos yeux, c’est d’abord que les gens du coin s’habituent à nous, que le Tabac devienne leur bar à eux. C’est pour ça qu’on n’a pas fait beaucoup de promo encore », explique Patrick, fier d’avoir des prix relativement abordables pour sa clientèle.
« C’est un défi à l’heure actuelle, mais on y arrive. Il y en a pour tous les goûts et les portefeuilles », ajoute Guillaume Van-Roberge, l’autre partenaire du projet, qui a vécu 16 ans à Paris avant de rentrer à Montréal en octobre dernier. C’est d’ailleurs à lui qu’on doit la fameuse carotte. « Je l’ai ramenée d’un vrai bar tabac à Versailles qui changeait d’enseigne. Ça tombait bien! », raconte le musicien-écrivain qui a réussi à passer les douanes sans encombre malgré le mètre 50 de cette carotte en métal vintage délavée.
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D’ici peu, le chef et copropriétaire Jean-François de Villemure prendra les commandes de la cuisine et enrichira doucement le menu. « On prépare aussi une série d’événements qui s’intitulera, un truc du genre”nouvelle administration” : une fois par mois, on invitera un.e chef.fe , un.e mixologue ou un.e sommelièr.e à s’emparer du TABAC le temps d’une soirée, pour nous ouvrir à d’autres horizons… pour s’amuser» », expliquent les deux acolytes.
En attendant que tout cela se mette en place, faites-vous du bien du petit-déj à l’apéro. Au menu : viennoiseries, huîtres, charcuterie, frites, vins & compagnie. « On avait envie de créer un espace convivial avec un staff bienveillant et accueillant. On a réussi à créer une place chaleureuse, je crois », conclut Patrick.
Il a raison, on valide : on y mange, on y boit et on y télétravaille bien. On se retrouve en terrasse?