IMPROBABLES BFF
En 2003, à Sherbrooke, c’était difficile de trouver deux personnes qui se haïssaient plus que Patrick Côté et Yan Pellerin. La rumeur voulait que ces deux athlètes d’arts martiaux mixtes se traitaient de pas bons l’un dans le dos de l’autre. Le genre de truc qui fait « pomper » des gars dans la jeune vingtaine avec la testostérone dans le tapis.
Ils n’ont pas réglé leurs comptes au « rack à bécyk », comme des grands garçons : ils sont plutôt montés sur le ring pour s’arracher la face, en dignes combattants.
Le visage en sang, ils ont échangé un long regard. Un respect mutuel s’est installé, et ils ont compris qu’ils allaient donner tout un spectacle, ensemble, jusqu’à la fin.
Si le promoteur a profité de leur haine mutuelle pour faire mousser le combat, les gars, eux, voulaient littéralement s’entretuer. Ils ont même refusé de se donner la poignée de main formelle au début du combat. « Je me souviens qu’il y avait beaucoup d’animosité. On s’est même pas touché les gants, pis en plus, je le narguais ! » raconte Patrick « The Predator » Côté, 38 ans.
Au début du troisième round, quelque chose a changé. Le visage en sang, ils ont échangé un long regard. Un respect mutuel s’est installé, et ils ont compris qu’ils allaient donner tout un spectacle, ensemble, jusqu’à la fin. Quand la cloche a sonné, les athlètes se sont agenouillés l’un en face de l’autre, puis ils se sont dit : « C’est fini ? On n’est plus fâchés ? »
Patrick avait gagné le combat. Mais les deux athlètes repartaient vainqueurs avec, sous le bras, le plus improbable BFF. Patrick est aujourd’hui gérant et fan no 1 de son pire ennemi de l’époque, Yan « Wild Thing » Pellerin. Ils vivent maintenant leur passion commune pour les arts martiaux mixtes ensemble.
CONNECTÉS JUSQUE DANS LES NEURONES
La science prouve d’ailleurs qu’on a tendance à tisser des liens avec des personnes qui nous ressemblent (âge, opinions politiques, scolarité…). Mais des chercheurs en neurosciences sociales ont découvert que les amis seraient connectés jusque dans leur cerveau, c’est-à-dire que leurs neurones répondraient de façon similaire aux mêmes stimuli. Rien de moins.
Patrick et Yan n’ont d’ailleurs jamais su pourquoi ils se détestaient autant.
« On a réalisé qu’on s’est laissés influencer par ce que les autres disaient sur nous », explique Patrick.
« On a réalisé qu’on s’est laissés influencer par ce que les autres disaient sur nous », explique Patrick. Pour qu’une amitié survive aux accrochages, ce dernier suggère de ne pas écouter les rumeurs et de désamorcer illico les conflits. Il spécifie que ça doit se faire avec des mots, et non pas avec la passe de la clé articulaire.
Cette longue et virile bromance coule toujours des jours heureux. Les deux hommes sont devenus d’inséparables partenaires d’entraînement et se fréquentent autant au boulot que dans les loisirs. « Peu de gens peuvent comprendre que deux meilleurs amis puissent se frapper dessus le plus fort possible, et être contents à la fin et se donner la main. C’est bizarre comme relation, hein ? »
COMMENT SE MAGASINER UN BFF SANS SE FAIRE TAPER SUR LA GUEULE
Vous vous demandez peut-être comment on fait pour trouver une amitié aussi forte que ça ? Cherchez d’abord des gens sympas dans votre entourage — parmi vos collègues, vos voisins, les parents de la garderie, etc. Intéressez-vous à leur vie en jasant de météo, de District 31, ou encore de votre passion pour les mèmes de Manon Grenier. Le small talk, c’est merveilleux pour trouver des points en commun.
La maman d’Edmond « trippe » sur le squash ? Allez donc en faire ensemble ! Prendre la chance de proposer à l’autre une activité en dehors du « cadre » où vous vous côtoyez habituellement, c’est un beau risque qui peut s’avérer payant. Vous pouvez toujours inviter quelqu’un à se battre avec vous, mais ce n’est pas garanti que ça va finir aussi bien que pour Patrick et Yan.