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Un sport de gars, un orignal pis une pitoune

Par
Sarah Labarre
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Fa’que là, l’autre jour, j’ai vu ça : une photo sur un groupe de chasse et pêche, glorifiant la chasse à l’orignal, avec une pitoune tounue sur ledit orignal.

De l’objectification du corps de la femme

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Turtle Wax
Le sexe, ça vend. Plutôt, la vente fait miroiter le sexe. Je m’explique. Avec ces publicités, ces calendriers ou cette culture de pitounisation du produit, on fait croire que consommer ledit produit est la clé vers le succès sexuel des consommateurs. Alors, on consomme. On vend. On exploite. On paie, grassement. Tout le monde l’a vu. Tout le monde le sait. Certains s’insurgent, d’autres pas. Or, je fais partie de ceux et celles qui s’insurgent, notamment parce qu’à part si elles ont un look vendable quand elles sont tounues, les femmes ont encore bien peu de place dans le marché lucratif du gossage de rêves.
Adieu, veau, vache, cochon, orignal
Pas obligé de marketer un bien de consommation ou d’apposer le logo d’une compagnie – pas obligé, donc, de vendre quelque chose, un produit, pour objectiver le corps de la femme, puisque celui-ci peut être un produit, ou plutôt une fin, en soi.
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Ainsi, dans le cas de ma photo de pitoune, on rend en image le pire et le meilleur des week-ends de chasse entre gars. Je ne suis quand même pas née de la dernière pluie; j’ai une petite idée des propos qui peuvent être tenus entre une gang de chums, une caisse de 24 pis les vapes d’un spray d’urine d’orignal. Je suis moi-même pas pire en débitage de gros gibier et de propos grossiers juste-pour-le-fun-surtout-quand-j’ai-bu (mais je ne bois plus).
Mais t’sais, mon problème, avec cette photo, au-delà de l’objectification du corps de la femme pour rendre la chasse attrayante et sexy, au-delà d’utiliser l’image sexuelle d’une femme comme ralliement de gars pour une activité, avouons-le, principalement masculine, et au-delà de l’image de la fille dont la seule participation se réduit à être à poil, à califourchon sur l’objet d’une activité de gars – que ce soit sur un orignal, une moto, une voiture de course ou une caisse de bière, il y a le ridicule de la photo. On dit parfois que le ridicule ne tue pas, mais je n’en suis pas tout à fait certaine, ici.
Quand le ridicule tue
sport de gars
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C’est pas que j’aime pas ça, l’orignal. Bien au contraire, je trouve ça vraiment bon dans’yeule. Mais quand on verra des publicités de produits ménagers (encore une affaire hyper genrée) avec des photos de gars tounus et huilés, aguichant amoureusement les flagelles d’une méchante bactérie porteuse de maladies, sous la mire d’un spray de Lysol, on pourra peut-être commencer à arrêter de parler d’objectification du corps de la femme. Peut-être.