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À quelques décennies d’intervalle, Clovis et moi, nous avons fait le même rêve. Pendant des années, ce rêve m’a habité. Puis, sans crier gare, il a emménagé chez mon fils. Cette semaine, nous l’avons retrouvé à Billund, un petit bled perdu au centre du Danemark, à près de mille kilomètres de Bruxelles par les petites routes de campagne de Hollande et les autobahn d’Allemagne.
Dans les années 1970, j’avais collé, dans la vieille valise qui renfermait tous mes précieux blocs Lego, un dépliant de Legoland. Je ne sais pas d’où il venait ni qui me l’avait donné. Mais je me souviens de l’avoir affiché sur ma boîte de Lego comme d’autres collent la photo de la vedette qu’ils rêvent de rencontrer.
Dans ma tête de petit garçon, Legoland n’était pas un parc d’attraction, c’était une véritable nation avec ses villes et ses villages construits en briques de plastique blanches, rouges, bleues, jaunes, rarement vertes ou noires. Dans ce pays, le chef de police et les gardes du palais royal avaient la face plate, les maisons avaient des toits irréguliers, la Statue de la Liberté avait une robe en escaliers, les quatre Présidents du mont Rushmore avaient le bout du nez droit, les voitures avaient des roues carrées et les habitants avaient quatre ronds au sommet du crâne.
Dans ce monde à angles droits, l’imagination était au pouvoir. Il n’y avait pas de vaisseaux spatiaux en 4367 morceaux, que des briques de une à quatre rangées. Il n’y avait pas de sagas hollywoodiennes ou de personnages de Star Wars, que des rectangles et des cubes pour créer des histoires de toutes pièces.
La simplicité au service de la créativité.
Nous sommes arrivés à 9 H devant les portes de Legoland. Elles ouvraient à 10. On ne nous a pas demandé notre passeport pour passer l’immense porte. Mais j’avais le cœur qui battait fort et le sentiment d’entrer enfin dans le pays de mes rêves.
Les maisons colorées du port de Copenhagen étaient les mêmes que sur mon vieux dépliant aux couleurs délavées, le palais royal, les églises, les moulins, les fermes aux toits de chaume, les canaux, les autos, les trains qui avancent et qui reculent, tout un monde rien qu’en Lego. Pas de concessions au monde numérique ou aux effets spéciaux. Le Miniland de Legoland était bien le pays envoûtant de mes rêves d’enfant.
Le reste n’est qu’un parc d’attraction comme les autres avec des manèges qui tournent, des boutiques de cadeaux inutiles, des restaurants fastes food, un faux village western avec de faux Amérindiens, des enfants (sages) et des parents (obéissants) qui font la file pour la prochaine attraction. La différence avec les autres parcs, c’est qu’il y a des Lego dans les moindres détails.
Et c’est dans les détails qu’on sait si c’est un rêve ou si c’est la réalité.
Rien que pour le voyage au pays inventé que je tentais autrefois de recréer à quatre pattes sur le plancher de l’atelier de ma maman, ça valait le déplacement.
Maintenant Legoland est au rayon des rêves devenus réalités aux côtés du Camino de Santiago, du mariage avec la femme de ma vie, du Wesfalia 1978 ou des couchers de soleil sur l’Océan Pacifique.
La vie est-elle une succession de songes qu’on vivrait éveillé?
Nous avons repris la 2CV, direction Berlin où il n’y a pas si longtemps, le seul rêve de milliers de personnes était de franchir le mur qui séparait l’Est de l’Ouest.
Mon fil Twitter tournera au ralenti pendant mon tour d’Europe avec mon fils et puis avec mon père, mais vous pouvez quand même monter à bord : @pascalhenrard
Je posterai, comme on envoie des cartes postales, quelques images de ce voyage sur Instagram, sur Twitter ou même sur Facebook avec le mot clic #Eurotrip2V