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Un peu (plus) d’huile sur le feu

Les nouveaux agents de sécurité de l'Université de Montréal font jaser...

Par
André Péloquin
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Le webmestre du site de l’Université de Montréal a vraiment un drôle de sens de l’humour. Alors que la direction vient d’embaucher une vingtaine de gardiens qui maintiennent la sécurité dans l’établissement à grands coups de « vos papiers? » et « décrisse ton camp! », on peut voir ceci sur la page frontispice du www.umontreal.ca…

Comme Michelle Pfeiffer!

Alors que des étudiants pointent du doigt l’administration financière des universités, la direction de l’UdeM semble vouloir leur donner raison en engageant un véritable escadron pour maintenir l’ordre entre ses murs.
On se rappellera que, le 5 avril dernier, on lâchait des sauterelles dans une bibliothèque et un escalier du HEC. Puis, le 12, on déversait de la peinture et on fracassait des carreaux dans le pavillon Roger-Gaudry… et c’est tout (du moins, selon mes recherches pas très exhaustives). Une vingtaine de gorilles flanqués de gilets pare-balles (oui, oui, comme dans l’école de Michelle Pfeiffer dans Dangerous Minds!) versus une bonbonne de chasse-moustiques, un vitrier, de l’eau de Javel et un concierge qui va en baver. Optons pour l’option la moins économique et la plus provocante!

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De mes souvenirs de l’Université de Montréal, je peux affirmer que le recteur n’a jamais pénétré dans les toilettes publiques du centre sportif après un match des Carabins, ni dans une salle de bain pendant un des fameux partys 2 étages. Les dégâts et immondices sont tels qu’il aurait exigé que des F-35 patrouillent au-dessus de la zone jusqu’à ce que les odeurs se dissipent.

(Mauvaise) blague à part, la décision de la direction est discutable, certes, mais les débordements dans le pavillon Roger-Gaudry, qui se voulaient une riposte à la fameuse injonction portant atteinte à une grève votée démocratiquement en assemblées par plusieurs associations étudiantes du campus, sont aussi vifs et témoignent de la tension grandissante alors que le gouvernement Charest nous laisse tous mijoter…

Bien qu’un suspect – Félix-Généreux Marotte – a été accusé et recevra la pire sentence qu’un jeune adulte dans la vingtaine peut recevoir (retourner vivre chez ses parents), les malabars demeurent actifs, exigeant de voir les cartes d’identité des étudiants arpentant certains pavillons. Après l’état policier, les hautes études à saveur dystopique. Suuupeeer!

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Cauchemar, mauvais sort…

Cette grève aura permis à des étudiants, bien sûr, mais aussi à plusieurs citoyens provenant de différentes strates, de faire front commun face à un « establishment» coulé dans le téflon, mais les dérapages qui en découlent, eux, mettent aussi à l’avant-plan beaucoup de laideur : des images d’un gouvernement rébarbatif qui entrebâille finalement sa porte pour des «négociations» plutôt que de l’ouvrir toute grande à tous les principaux acteurs de cette gigantesque prise de bec et des «flashs» de recteurs aux jupons qui dépassent de façon indécente. Au centre, des étudiants à qui on colle de nombreuses étiquettes – dont «terroriste» grâce à un caricaturiste pas très subtil – et une population qui retient son souffle alors qu’on entame le troisième acte.

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Et puis après?

Cette nouvelle manœuvre des bonzes de l’UdeM risque d’entacher pour un bail la réputation de l’établissement et s’ajoute à une série de mesures, tout comme le vent de panique suscité par les récentes communications de McGill et l’expulsion d’une professeure de l’UQO, qui ne dit vraiment rien qui vaille.

Alors que l’action se radicalise des deux côtés, que peut-on faire? En attendant le dénouement, faisons comme les agents de sécurité de l’UdeM, les médias et les grévistes : prenons des tonnes d’images… histoire de les avoir en tête lorsqu’on déclenchera ces fameuses élections (mais pour voter pour qui? Hé boy… ça, ça reste à voir…)