Traverser une douane est toujours un moment stressant.
A-t-on oublié que ça prend un visa pour entrer? Faut-il déjà avoir en main une preuve de sortie? Une autre pour la fièvre jaune? Va-t-on tomber sur un fonctionnaire zélé? Est-ce que la coke enroulée dans mon t-shirt « I ♥️ Colombia » est bien dissimulée?
C’est donc accablé de ces appréhensions que nous franchissons en bus la frontière entre le Pérou et la Bolivie, longeant le lac Titicaca qui lie les deux pays comme l’onctueux crémage blanc à l’intérieur d’un biscuit Oréo.
Le bus s’immobilise du côté péruvien et il faut abattre une centaine de pieds à la marche jusqu’à un petit poste frontalier déglingué. Nous avions déjà franchi une frontière à pied comme ça au Cambodge, mais sinon, c’est plutôt rare que ça arrive (depuis la fermeture du chemin Roxham, surtout).
« Bienvenido a Bolivia », s’excite une pancarte tapageuse érigée à l’entrée de Copacabana (la version Wish de celle au Brésil).
Passés quelques petits kiosques alignés côte à côte pour transformer nos soles péruviens en bolivianos, tout converge au port, joli. La berge est tapissée de bateaux prêts à nous trimballer le long du vaste lac sur lequel sont éparpillées de nombreuses îles. On met le cap vers l’une d’elle.
Le soleil brille, la Bolivie suinte déjà de mille promesses.
D’abord, une première bouffe bolivienne sur une terrasse donnant sur le havre foisonnant.
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J’ai déjà mangé des omelettes dégueulasses dans ma vie, mais celle de ce bouiboui bat tous les records. On nous a prévenus que la bouffe bolivienne était bof, on n’est pas déçus.
Mais trêve de caprice, on ne peut pas juger la gastronomie d’un pays par sa première omelette.
Et qui suis-je pour critiquer? À mes yeux, la quintessence de l’art culinaire est la pizza-ghetti de chez Marconi (j’en rêve).
Ça me rappelle un petit jeu bien tendance ces jours-ci au sein de notre joyeuse équipée : ériger la liste des choses qu’on a hâte de retrouver en rentrant.
Parce qu’il s’achève, ce damné voyage, mine de rien.
On passe des années à le fantasmer, quelques mois à le vivre, puis des semaines à se raconter ce qu’on fera en revenant.
À part un blues passager au Chili où on se faisait un brin chier (à cause des prix exorbitants), ce voyage déboule aussi vite qu’une vente de billets pour les Foo Fighters à Verdun (habile Hugo!).
À un mois du retour, les enfants commencent par contre à avoir hâte de chiller avec d’autre monde que leurs parents.
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Ah oui, les listes (je vais revenir à la Bolivie après, promis).
Simone :
Ses amies, les crêpes de grand-papa, le café Alpaga sur Masson, aller aux glissades d’eau, le lait, la poutine.
Martine :
Son confort bourgeois, ses vêtements griffés, son maquillage, son travail reposant (prof lol!), son absurde passe-temps et ses visites à la caisse populaire (bâillement).
Victor :
Sa chambre.
Pour ma part, no offense, mais je m’ennuie pratiquement de rien (à part le bar clandestin des Migneault, peut-être).
Je gaspille tellement de temps sur les réseaux sociaux que j’ai l’impression d’avoir pris et donné des nouvelles à satiété.
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Chaque nouvelle polémique (Émile Bilodeau, chier sur Mme B le jour de son décès, la retraite de Xavier Dolan, Threads ou le combat Zuckerberg/Musk) me donne envie d’aller m’enterrer vivant dans le désert de sel d’Uyuni.
C’est normal, je sais, de ressentir du désintérêt quand on est loin. De remettre en perspective certaines polémiques en voyant des enfants de l’âge de ma fille me quêter de l’argent sur la rue.
Je vais revenir rempli de belles intentions (je suis sobre depuis janvier), mais ça ne prendra pas deux minutes avant d’aller postillonner dans un micro au Normandie, puis me garrocher dans des reportages nonos* qui ne poseront hélas aucune pierre sur l’édifice de l’avancée humaine.
*Une soirée dans la peau d’un Lambertois pendant Guns N’ Roses au parc Jean-Drapeau!
N’empêche que les milliardaires virent crackpot, dernièrement. D’abord avec leur expédition débile au Titanic puis avec cette histoire de combat de MMA.
Le sort de l’humanité n’est pas entre de super bonnes mains.
On voit déjà les symptômes du bras de fer qui oppose Meta au gouvernement canadien, en marge de l’adoption du projet de loi C-18. Plutôt que de verser une compensation aux médias d’information pour la publication de leurs contenus, l’entreprise de Zuckerberg préfère bloquer l’accès aux nouvelles sur ses plates-formes pour tous les Canadiens d’ici six mois.
En attendant l’avènement d’un réseau social entièrement meublé de photos de chats, de coups de gueule en majuscules de gens convaincus que les feux de forêt sont l’œuvre du gouverneMENT ou de messages du genre « Si toi aussi tu crois qu’être grand-maman est le plus beau rôle dans la vie, partage », les prises de soumission sont déjà bien palpables sur les pages Facebook de sites d’information.
D’ailleurs, si ce texte ne génère que 8 réactions (dont deux émojis tristes), c’est à cause de tout ça, pas parce qu’il est poche…
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« Enfant du soleil, tu parcours la Terre, le ciel! »
On doit se rendre à l’Isla del Sol, une oasis de 15 kilomètres carrés située sur le lac Titicaca. J’ai réservé un chalet sur l’île avec une vue qui décoiffe, question d’inaugurer notre périple bolivien sur une folie.
Un gars nous attend pour nous conduire à un quai éloigné situé en ligne droite avec notre chalet des prochains jours. On m’avait prévenu : la Bolivie est la ligue nationale de la conduite automobile de bordures de ravins. Je quote mon collègue JP : « Je m’endormais dans les bus de nuit, sans savoir si j’allais me réveiller le matin ».
On vit notre baptême avec ce chauffeur à bord d’un amas de tôle en ruine, roulant à tombeau ouvert en frôlant des précipices. Notre poubelle dévale la route sinueuse et poussiéreuse jusqu’à une embarcation, crachant une fumée noire qui a certainement à elle seule rétréci l’espérance de vie de Gaïa d’une couple de mois.
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Ce jeu infernal avec nos vies en vaut finalement la chandelle.
D’abord dépité de nous faire larguer cavalièrement sur la berge de l’île en voyant qu’il fallait grimper en haut de la montagne avec nos gros sacs pour nous rendre au chalet, v’là-tu pas que Diego s’amène au loin avec son âne.
Diego, c’est le conjoint de Maritza (comme la chanteuse de Star Académie 1, mais avec des dents en or*), celle qui nous héberge.
* Apparemment, porter des dents en or en Bolivie est un signe de prospérité au sein de la bourgeoisie autochtone, notamment chez les Cholas, ces femmes qui portent toujours des vêtements traditionnels, encore très nombreuses en Bolivie comparé au Pérou où c’est surtout pour émoustiller le touriste.
C’est à dos d’âne que nos bagages empruntent le chemin escarpé vers notre logis. Une première mondiale pour nous.
Mais le clou demeure bien sûr la vue imprenable sur le lac depuis notre chalet perché à flanc de montagne. Le prix n’est pas donné (140 $ la nuit*) mais j’en aurais mis le triple pour ce feu d’artifice de beauté qui s’offre à nos yeux durant ce séjour.
*Ce prix inclut un petit-dej de Maritza livré à notre chambre par Diego, meilleure nourriture ingérée jusqu’ici en Bolivie.
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Un séjour sous le signe du repos, pour nous permettre de souffler un peu. On ne fera brailler personne, ici (voyager = un privilège), mais ça épuise, à la longue, un périple du genre.
Trouver les destinations au fur et à mesure, réserver les Airbnb/hôtels, faire/défaire sans arrêt les sacs à dos, gérer les humeurs de l’équipage, la logistique, l’école, le lavage, la bouffe, la salubrité/confort variable, le budget, la langue, la dangerosité, les transports, jouer au Uno (ark) et marcher, beaucoup.
Rien pour atténuer la chance de vivre tout ça, mais juste pour dire que parfois, on a envie de se poser et ne rien crisser.
C’est le cas à l’Isla del Sol.
Les enfants passeront cinq jours enfermés dans le petit chalet à alterner entre la vue de leurs écrans et celle du lac Titicaca à travers l’immense fenêtre de la chambre.
Bon, je pense qu’ils s’en crissent pas mal de la vue, soyons honnêtes.
Moi, je m’en gargarise même aux chiottes.
Pas de farce, c’est le seul endroit sur terre où tu peux faire caca en contemplant le lac Titicaca (j’ai hésité, mais je ne regrette rien).
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Pas grand-chose à faire sinon sur l’île, à part flâner dessus et s’excuser de ne rien acheter aux Cholas qu’on croise sur les petits sentiers obliques.
Beaucoup de touristes, par contre, des Français surtout, qui semblent entretenir une relation aussi étroite avec la Bolivie qu’avec le Plateau-Mont-Royal.
Fais gaffe Montréal, tu vas les perdre! Ici, ce ne sont pas des écureuils qu’ils peuvent domestiquer, mais plutôt d’adorables bourriques.
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Côté bouffe, même le mot « redondant » vient de me texter pour me dire qu’il mordait la vie à pleines dents en comparaison. Sur toutes les ardoises des gargotes de l’île, trois classiques:
1- Milanesa de pollo
2- Espaguetis (avec sauce louche)
3- Trucha frita
C’est comestible, surtout avec l’excellente soupe au quinoa servie en extra. Mais ce qui supplante le repas, c’est le contexte. Nos restaurants sont en réalité des pièces dans les maisons des insulaires, qui viennent vous servir votre plat d’une main en tenant leur bébé de l’autre. Tous les résidents (environ 2 000) s’improvisent restaurateurs, aubergistes, vendeurs de tuques en laine d’alpaga ou guides.
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Le reste du temps, ils fabriquent des briques, cultivent le quinoa, des patates et s’efforcent de gagner leur vie, en multipliant les allers-retours sur la terre ferme pour s’approvisionner.
Un mode de vie paradoxal, où des gens dépourvus occupent un espace d’une richesse inouïe.
J’en étais à ces bêtes réflexions en arpentant l’île, à me demander ce que je voudrais de plus si je vivais ici, même de manière aussi rudimentaire.
La réponse vient le soir même en frôlant l’hypothermie dès que le soleil s’éclipse derrière les montagnes à l’horizon.
Puis, vint ce dur constat : BARNAK, ON GÈLE EN BOLIVIE.
On a eu un avant-goût au Pérou, mais la nuit ici, c’est comme être en permanence embarré dans le frigidaire à bière du Couche-Tard (sans la bière).
Diego désigne un petit calorifère au propane (qui serait certainement déconseillé par l’OMS) pour réchauffer la chambre. Je dois ouvrir la valve de la bonbonne rouillée du crisse et jeter une allumette pour que le feu s’embrase, brûlant chaque fois mes précieux sourcils au passage.
Une fois sous les couvertures, ça va, mais malheur à quiconque développe une envie de pisser nocturne.
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Puis, le matin revient, comme si rien n’était, avec son soleil radieux qui nous fait oublier instantanément le climat polaire de la veille comme le stylo effaceur de mémoire dans Men in black.
Avant de quitter l’île, on réussit l’exploit d’extirper les enfants du chalet pour une balade sur l’île.
À la vue du soleil, ils ressemblent à Kirsten Dunst dans le puits avec la madame qui a pas rapport dans Entretien avec un vampire (niché).
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On traverse l’île au complet (3h) en se perdant pas mal (+ 2h) pour aboutir dans une autre communauté installée au nord. Rien pour écrire à sa mère, sinon un couple de Français qui nous met en garde contre la bouffe de rue en Bolivie, après l’hospitalisation de la fille à La Paz.
Le soleil tombe, vite au refuge sous nos couvertures!
Winter is coming.
Passion téléphérique à La Paz
L’âne de Diego donne à nouveau un lift à nos bagages jusqu’au port.
J’ai beau être en défaveur de l’exploitation animale, le trajet est tellement escarpé qu’on se serait assurément tué ou – pire – foulé une cheville.
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Jusqu’au bout, on pourrait qualifier Diego d’homme de peu de mots. Au moment des adieux, il initie pourtant une première conversation.
– Es cierto que Xavier Dolan se jubila a los 34?
– Ah, si, creo que va a ver el mundo arder con Catherine Brunet.
On débarque dans la capitale quelques heures plus tard.
À travers la vitrine du bus, les habitations s’étendent à perte de vue jusqu’à se perdre dans les montagnes tout autour, sans oublier les gratte-ciels et le son des klaxons.
Après la quiétude de l’île, le contraste est violent.
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Mais ce qui frappe, c’est la présence d’un téléphérique gigantesque en guise de métro aérien qui étend ses tentacules partout au-dessus de la cité de 2,5 millions d’âmes. Ce moyen de transport constitue un attrait touristique en soi et il y a moyen de se perdre dans les différentes lignes des jours entiers.
Je tombe aussitôt sous le charme de La Paz, de son côté brouillon et bordélique authentique rappelant l’Inde.
Après les modernes Buenos Aires et même Lima, il fait bon de retrouver ce parfum d’exotisme qui justifie les voyages.
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Impossible de tout voir en quelques jours, mais on va se perdre dans le cimetière général de La Paz, un immense site mortuaire aussi achalandé que le Carrefour Laval. Les gens y défilent, bouquets en main, pour rendre visite à leurs défunts ou pour entretenir leurs tombes, mausolées ou petites enceintes vitrées.
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C’est plutôt drôle de voir des bouteilles de Coke, de bière, des cigarettes ou certaines friandises, autant d’objets immortalisant les vices des disparus durant leur passage terrestre.
Avec ses 92 000 mètres carrés, le cimetière constitue également une galerie d’art à ciel ouvert, avec ses nombreuses murales.
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Le soir, c’est encore l’hiver par contre dans notre logement perché au sixième étage d’un bloc appartements. La douche est chaude, enfin. Un rare luxe depuis des mois. Ne manque que du papier cul qui ne ressemble pas à du papier sablé et on se croirait à la maison.
Martine – qui n’écoute jamais les consignes – ramène des denrées suspectes aux enfants pour leur collation. Ce qui devait arriver arriva, Simone vomit sa vie (moins que dans l’avion, l’autre jour). Malgré ses plus plates excuses, j’en déduis qu’il s’agit là d’une TENTATIVE D’ASSASSINAT SUR SES PROPRES ENFANTS.
Mais bon, comme elle vient de ville Sainte-Catherine sur la Rive-Sud, elle a de puissants avocats.
C’est sans compter l’horrible feu sauvage qui a élu domicile depuis deux semaines sur sa lèvre inférieure, incarnant du coup un moyen de contraception aussi efficace que l’abstinence.
Comme les filles ne sont pas présentables (beurk), j’en profite pour faire une activité père-fils, ce précieux moment où entre boys, on parle des petites cocottes, de musique rock et de chars modifiés, yaaa!
Sous la recommandation de François de Montigny, un compatriote qui a vécu un an à La Paz, on se rend au restaurant Popular Cocina Boliviana où l’on te sert un repas gastronomique de plusieurs services pour 15 $.
Sans farce si vous passez dans le coin, faites-y escale. C’est divin, mais faut arriver tôt puisque la trentaine de places se remplit plus vite qu’une pataugeoire montréalaise en pleine canicule.
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Tant qu’à être dans une ville civilisée, pas le choix de se taper le dernier Indiana Jones dans un cinéma désert de Sopocachi. Désert sauf pour quelques locaux solitaires qui ont cette fâcheuse manie de S’ASSEOIR DRETTE EN ARRIÈRE DE NOUS MÊME SI LA PLACE EST VIDE.
Pas si grave, c’est juste que ces gens entretiennent une relation trouble avec leur téléphone cellulaire, de niveau « j’ai pas de problème avec crier sur speaker phone ou écouter des vidéos Youtube le volume dans le tapis en public sans raison ».
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Tout le monde se tient heureusement tranquille et on a pu rien comprendre en écoutant la version espagnole en paix.
On n’est pas niochons et on a quand même retenu l’essentiel : Indiana Jones est encore capable de prendre part à plusieurs courses poursuites à 80 balais et Shia Labeouf est mort.
Sans farce, c’est du très bon divertissement avec une touche émouvante de voir partir un héros de notre enfance, faque les nerfs ceux qui s’imaginent écouter Le Cuirassé Potemkine en allant voir ça.
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Avant de quitter La Paz, on fait un saut au marché des sorcières, un attrape-touriste situé pas trop loin du cinoche. On y vend des potions, amulettes et fœtus de lamas momifiés.
À défaut de trouver un philtre d’amour dans l’espoir de ressentir autre chose que du mépris pour Martine, je m’achète du CBD pour dormir dans le bus de nuit menant à Uyuni.
Le sel de la Bolivie
Il y a deux sortes d’êtres humains : ceux qui dorment dans les bus de nuit et les autres. Je suis dans le deuxième camp.
Mais pas le choix de se taper dix heures de nuit pour aller au désert de sel, LA chose à ne pas rater en Bolivie.
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Mes enfants sont chanceux, capables de dormir n’importe où (sauf dans leur lit les dix premières années de leur vie, calisse d’esti).
Depuis qu’elle a développé la phobie de sacrer le camp en bas d’un cliff, Martine ne dort que d’un œil. Moi, je regarde des films que j’ai téléchargés toute la nuit en maudissant mon sort (les documentaires sur Val Kilmer et Arnold sont fascinants).
On débarque à Uyuni à l’aube comme dans un village Far West. Ne manque que les petites balles de foin qui traversent les rues désertes en tournoyant.
En attendant la visite du désert prévue le lendemain, j’en profite pour magasiner une nouvelle carte SIM.
En retrouvant l’Internet, la première chose qui pop sur mon téléphone est le décès inattendu (et trop jeune) de mon ex-collègue Marc-André Lussier. Le choc est total, surtout qu’il y a quelques jours à peine, il révélait sur Facebook se remettre avec succès (et optimisme) d’une grave opération.
Je ne veux pas hijacker le deuil de personne, mais ça m’attriste de voir la profession perdre l’un de ses derniers vrais critiques et le monde, une personne aussi adorable.
Je conserverai de lui le souvenir de ce voisin de bureau pince-sans-rire, qui aimait se payer ma gueule (toujours gentiment) quand je mettais trois étoiles et demie à des navets comme Assaut sur la maison blanche durant mon court passage aux arts.
Ce rappel de la fragilité de la vie et de l’urgence d’en profiter ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, la veille de notre expédition dans le désert.
Mais voilà qu’après Simone, au tour de Victor de choper une gastro, au point de vomir l’équivalent de son poids plusieurs fois au cours de la nuit précédente.
Le cœur au bord des lèvres, il s’embarque néanmoins avec nous à bord de la Jeep du Salty Desert Aventours pour une expédition d’environ douze heures.
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L’agence de notre expédition exige le port de verres fumées et d’un chapeau à cause du reflet du soleil sur le désert lisse et translucide.
Pour le reste, c’est clé en main. Une Brésilienne et un Américain complètent notre équipage.
Sans farce, les attentes sont basses. Les dépliants vantant l’expédition témoignent d’une quétainerie olympique.
La Jeep avale des kilomètres sur une surface ressemblant à un glaçage de mille-feuilles, pour s’arrêter à un spot perdu au milieu de nulle part où des gens proposent une série de photos loufoques mettant en vedette la perspective contre 10 bolivianos par personne (2 $).
D’abord réticents parce qu’on se trouve trop cool pour ça, on succombe lâchement en voyant tout le monde le faire.
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Une excellente décision, puisqu’on a vraiment eu un fun noir à prendre part à ce shooting, sauf Victor qui a l’âge de vouloir se défenestrer plutôt que de s’abandonner à ce genre d’affaire-là avec sa famille.
Notre guide/conducteur est motivé, voulant nous en donner pour notre argent en tournant autour de nous au volant de son truck avec mon cell pour nous montrer l’étendue du pouvoir de la perspective.
La journée culmine vers un endroit où l’eau recouvre le sel, donnant un effet miroir hallucinant.
Ironiquement, on réalise autour de notre dernier repas ici que la bouffe bolivienne est parmi la moins salée de ce voyage. On grimpe dans quelques heures dans un autre bus de nuit, cette fois en direction de Sucre*.
J’imagine que la nourriture sera fade là-bas, à suivre.
*Un voyage complètement sucré-salé ma parole!
-Hugo Chouinard.
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À mon tour d’avoir l’estomac qui gargouille… j’ai peur de devoir camper dans les toilettes brimbalantes et nauséabondes du bus pour gerber.
Je me console en me disant qu’une gastro rime toujours avec quelques livres en moins, ce qui sera bon pour mes photos de plage au Brésil sous peu.
Tout est une question de perspective.