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Depuis ce matin, je lis des horreurs, je tweet, je désespère. On assiste à un véritable massacre derrière nos cellulaires et ordinateurs. C’est un terrible sentiment d’impuissance et d’inhumanité qui nous envahit tandis qu’à Alep-Est les gens meurent les uns après les autres.
Selon l’observatoire syrien des droits de l’homme, le conflit a déjà fait 310 000 morts, dont 90 000 civils, depuis le début du conflit en 2011. Après des semaines de bombardements et de siège, les forces de Bachar Al-Assad sont en train d’écraser les derniers quartiers contrôlés par les rebelles à Alep-Est. Cette nuit, des milliers d’habitants ont connu l’horreur à l’état pur. Sur les réseaux sociaux, on a assisté (et on assiste toujours) à un véritable massacre en direct. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas, jamais une guerre n’a autant été relayée en temps réel. Comme le partageait ce matin le photographe franco-syrien Ammar Abd Rabbo « Alep : chronique d’une mort annoncée… celle de notre humanité… ».
Les témoignages terribles
Ce professeur, père de famille et activiste fait ses adieux. « Les miliciens sont à 300 mètres. Aucun endroit où s’échapper. J’espère pouvoir vous parler encore. Je ne sais que dire. J’espère que vous pourrez faire quelque chose pour les gens d’Alep, pour ma fille, pour les autres enfants. Je ne sais plus quoi dire. Je n’ai plus de mots. J’espère que vous pourrez faire cesser le massacre à venir. L’autre jour, le bâtiment d’à côté s’est effondré (sous les bombes). De nombreuses personnes sont mortes. Il n’y a plus d’hôpitaux ».
La petite Bana qui a ému le monde entier en s’exprimant à travers les tweets de sa maman nous fait aussi ses adieux.
Traduction : Dernier message- les gens meurent depuis la nuit dernière. Je suis très surprise de tweeter maintenant et d’être encore en vie. -Fatah
Une activiste s’adresse au monde. « À tous ceux qui peuvent m’entendre, nous sommes ici exposés à un génocide dans la ville assiégée d’Alep. Ceci pourrait être ma dernière vidéo. Plus de 50 000 civils contre le dictateur Al-Assad sont menacés d’exécution, ou de mort sous les bombes. Selon les activistes, plus de 1800 personnes ont été exécutées dans les régions reprises par le régime….»
Un message de la défense civile syrienne
Traduction : Il n’y a pas de nombre total des victimes de la ville assiégée d’Alep aujourd’hui. Toutes les rues et les bâtiments détruits sont remplis de cadavres. C’est l’enfer.
Kareem Shaheen, journaliste pour le Guardian
Traduction : S’il vous plaît, racontez nos histoires au monde, s’il vous plaît laissez mon fils être fier de son père.
Laura-Maï Gaveriaux, reporter de guerre
Les réactions face à l’horreur
Janine di Giovanni, journaliste au Newsweek
Traduction : Aujourd’hui, je sens l’échec. Près de 25 ans à témoigner des crimes de guerre n’a rien ajouté… Nous avons dit « plus jamais ». Qu’est-il arrivé?
Un jeune qui pointe le manque de réactions du reste du monde.
Traduction : Quand le 9/11 est arrivé, quand Paris a été bombardé, le monde s’est lié dans l’unité. Mais nous nous asseyons ici et regardons #Aleppo sans remords.
Une ado de 15 ans.
Les organisations internationales
Le comité international de la Croix Rouge
Traduction : Nous demandons aux parties d’examiner le sort des civils prisonniers des combats en cours et de faire tout leur possible pour les épargner et les protéger. C’est peut-être la dernière chance de sauver des vies.
L’ONU
Depuis le début de l’offensive, il y a un mois, ils seraient près de 130 000 à avoir quitté leur maison. Cette nuit, selon l’ONU, les forces syriennes ont exécuté au moins 82 civils, dont des femmes et des enfants dans des quartiers d’Alep-Est repris à l’opposition.
Les dernières nouvelles annoncent une évacuation des civils et des rebelles.
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