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À la sortie du bureau. Après une journée d’averses, quand le soleil se glisse entre les nuages et que l’horizon s’orne d’un double-rainbow digne de partage sur les réseaux sociaux.
Dieu soit loué (pour les croyants) et que le paradis soit mis en vente (pour les mécréants), il y a encore des regards qui se tournent vers le firmament, des gens qui prennent le temps d’admirer un soleil qui se couche ou un vol d’hirondelles!
À l’heure du tout à l’écran, des textos à répétition et des statuts frénétiques, des milliers d’yeux émerveillés ont arrêté leur course folle de fin de journée lundi dernier pour contempler la nature qui s’illuminait comme une guirlande de Noël.
Si vous n’étiez pas à Montréal, si vous étiez enfermé dans un studio au troisième sous-sol de Radio-Canada, si vous attendiez qu’un métro bondé vous laisse entrer à Berri-UQAM, vous n’avez pas pu admirer live de votre vivant la magie de ce ciel d’automne qui se disputait avec le soleil d’été.
Mais que les choses sont bien faites… comme tout le monde à travers le monde, vous avez quand même pu assister en direct, ou presque, via votre téléphone intelligent ou votre ordinateur de bureau, à l’éclosion de milliers d’arcs-en-ciel instagramisés pour la postérité.
J’aime ces partages d’éblouissements, ces moments de communion où nous vivons tous ensemble le même instant d’émerveillement. Pour une rare fois, tous les statuts s’entendaient. Le bonheur simple des choses de la vie avait le dessus sur les poncifs balourds du candidat Coderre, les cris hystériques des Femen en chest ou les débats qui s’enfargent dans les voiles.
Il y aura toujours des aigris pour se plaindre d’une invasion d’arcs-en-ciel sur leur TL ou d’un surplus de couchers de soleil sur leur mur FB. Qu’ils ferment les yeux et leurs rideaux et qu’ils s’enferment dans leur monde virtuel où il est plus facile de se plaindre que de se réjouir.
Moi je veux du bonheur, qu’il soit vrai ou en pixels.
Le plaisir de voir un arc-en-ciel en double est décuplé quand il est partagé. Ce matin, le ciel était d’un bleu vif et le soleil donnait aux feuilles des éclats de jewels.
En avez-vous profité ?
Je vous laisse sur ces paroles impérissables de Jacques Brel : « Rêver, un impossible rêve… Et les villes s’éclabousseraient de bleu, parce qu’un malheureux brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé. Brûle encore, même trop, même mal. Pour atteindre à s’en écarteler. Pour atteindre l’inaccessible étoile. » Je ne m’en lasse pas.