Un déjeuner avec Naomi d’Occupation Double

« La production m’a demandé si j’avais réellement démissionné d’URBANIA. Il y avait une rumeur là-bas que j’étais en mode infiltration. La gueule m’est tombée à terre. En réalité, j’avais écrit “être repêchée à OD” sur ma carte de bingo 2025, alors c’était déjà quelque chose que je voulais faire. »

N’en déplaise aux conspirationnistes, mon ex-collègue Naomi Auger était bel et bien partie vivre l’expérience Occupation Double pour de vrai. Elle et moi avons travaillé ensemble un peu plus d’un an. On était assis en diagonal l’un de l’autre. Ne vous attendez donc pas à un article objectif. Nao et moi n’étions peut-être pas assez proches pour être des amis (on ne s’est jamais vus en dehors du bureau pré-OD), mais j’ai un préjugé positif. Sachez-le.

Parce qu’il y a un aspect irréel à côtoyer une personne aussi objectivement belle que Naomi au quotidien. Le genre de personne qui fait tourner les têtes dans la rue. Pas parce qu’elle joue une game, mais c’est comme côtoyer un personnage de cinéma. On se raconte des histoires à son sujet. On veut instinctivement lui plaire et je soupçonne que c’est réciproque.

De retour d’un mois on ne peut plus irréel à Chypre, j’ai invité Naomi à l’endroit le plus réel que je connaisse : le restaurant Corvette sur Jarry, une institution de Villeray où nous étions les deux seules personnes en bas de l’âge de la retraite. Pas d’admirateurs. Pas de critiques. Juste deux anciens collègues réunis autour d’un sandwich à la Bob.

D’entrée de jeu, clarifions quelque chose : non, Naomi n’est pas vraiment une enthousiaste finie du système carcéral.

« Il y avait beaucoup de nervosité et de maladresse dans ce moment-là. Quand je suis nerveuse, je parle beaucoup », explique Naomi à propos de sa déclaration d’amour spontanée aux prisons faite à Jérémy, agent correctionnel dans la vie de tous les jours. « J’ai trippé sur Shawshank Redemption, Prison Break, je suis allée visiter Alcatraz quand j’étais ado. L’univers m’intéresse dans la culture populaire, mais c’était pas une apologie du système carcéral. Je ne suis pas pour le principe d’emprisonner des gens. »

La semaine dernière, la déclaration un peu champ gauche et totalement dénuée de contexte de Naomi a fait le tour du web, en plus d’avoir été vertement critiquée dans les cercles militants. Il faut dire que le small talk prend une tout autre dimension dans un milieu où les interactions sont scrutées à la loupe pour être ensuite sélectionnées dans une optique de divertissement.

L’aventure de Naomi n’aura duré que douze jours, sans compter le temps passé dans la maison des exclus. Le Québec se souviendra d’elle pour son profil atypique, sa personnalité extravertie, mais surtout pour son élimination stratégique par Arnaud, le candidat avec lequel elle était partie en voyage, et à qui elle s’était un peu trop confiée.

« Je me sentais confiante, là-bas. Je me sentais moi-même, dans mon élément. J’aime ça faire de la télé. J’aime ça cruiser. J’ai placé ma confiance en Arnaud et il ne me l’a pas rendu. En regardant les épisodes, j’étais crampée. Je parlais beaucoup trop. Je me disais : “Garde ça pour toi, girl” », raconte-t-elle.

Naomi se voyait poursuivre l’aventure jusqu’à la toute fin. Ç’a été un choc brutal d’avoir à prendre le chemin de la maison des exclus aussi tôt dans le processus.

Ses meilleurs souvenirs de l’aventure ne concernent pas les gars, mais plutôt son amitié avec ses concurrentes. « On a eu un moment, le soir de mon élimination, où on était toutes dans ma chambre et on ne pouvait pas regarder dehors. On n’était pas filmées. On a chanté toutes ensemble. J’ai chanté du High School Musical, du Camp Rock, du Taylor Swift. C’était tellement un beau moment de sororité. C’est de ça que je vais me rappeler. »

Naomi est d’accord avec ma théorie voulant que les belles personnes se retrouvent souvent à jouer un rôle (subconsciemment ou non) pour être à la hauteur des attentes des gens qu’elles croisent.

« La vraie Naomi, c’est la Naomi que vous avez vue à OD. J’étais sur mon X. Mon rêve de petite fille depuis toujours, c’était de faire de la télé et là, j’y étais. », confie la jeune femme. Elle s’y est présentée comme une compétitrice, confiante et résolue à jouer le jeu. « Je suis orgueilleuse, surtout. Plus que je suis compétitive, même. Si je sais que je ne serai pas bonne à quelque chose, je le fais juste pas. Mes défauts que vous avez vus, c’est mes vrais défauts. »

L’orgueil est en effet un défaut qu’on ne lui connaissait pas tant que ça au bureau. Elle le cachait très bien derrière son sourire scintillant, dans cette zone tampon entre l’amitié et la politesse qu’utilisent ceux et celles qui se protègent du regard des autres.

Pourquoi faire OD, alors? Pour faire de la télé. Pour réaliser son rêve. Parce que l’objectif est clair aussi. Tout le monde est là pour la même raison. « Je n’avais pas été célibataire de ma vingtaine jusqu’à tout récemment et l’ultime expérience de célibataire, c’est Occupation Double. En audition, quand on m’a demandé de décrire mon homme idéal, je me suis lâchée lousse. C’est leur job de me caster les plus beaux célibataires du Québec. Ils m’ont trouvé des gars avec des tatouages sur les mains », révèle Naomi en riant.

Même si elle a réalisé à rebours qu’elle s’était fait poignarder dans le dos par Arnaud, Naomi ne lui en veut pas trop d’avoir orchestré son exclusion. Plutôt, elle souhaite se tourner vers l’avenir et continuer de produire du contenu pour ses réseaux sociaux qu’Occupation Double a propulsé vers l’avant. Elle ignore d’ailleurs ce qu’elle lui dira au Moment de vérité, la semaine suivant la finale, plus tard cet automne.

Je vous l’annonce en primeur, Naomi Auger va survivre à Arnaud Nadeau. La jeune femme avec qui j’ai discuté devant un café et des œufs est plus épanouie et plus connectée à la vraie Naomi que la collègue qui nous a dit au revoir le mois dernier. Le jeu aura été une consécration. L’aventure OD est peut-être finie, mais vous la reverrez sans doute à la télé.

C’est sa place. C’est son X.