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Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin. Tu le sais, parce que toutes les Mélanie du bureau sèment des plats avec des ti-cœurs à la cannelle aux trois pieds depuis deux semaines. Mais les petits cœurs ne t’emballent pas plus qu’il faut. Toi, t’es plus de type 1991; cette année phare où l’on n’hésitait pas à se quérir partenaire par le biais de cet exquis ballet aujourd’hui désuet qu’est le beau grand slow.
En ce 14 février, j’aurais pu faire ma smatte. Vous parler de ma pire date à vie. Celle où ma date s’est présentée AVEC UNE DATE. C’est arrivé.
J’aurais pu vous parler de ce fameux dimanche matin de 2007 où, aux aurores, l’ex du garçon avec qui je dormais paisiblement est entrée dans la chambre telle une furie EN HURLANT AVEC UN ACCENT ÉQUATORIEN. C’est arrivé, aussi.
Mais je suis une romantique.
Et je fais aussi dans la nostalgie. Dans les Filles de Caleb. Ce billet, j’aurais pu le dédier à Marina Orsini. Mais aujourd’hui, j’ai eu envie de m’agiter le petit mouchoir brodé en direction d’une tombe qui n’est plus fleurie depuis longtemps.
Qu’est-il diable advenu du slow?
La question est légitime (du moins elle l’est, pour moi. Pas de farce. Il s’agit là d’un cri du cœur).
Quelle époque magnifique que celle où, qu’importe le lieu, le gymnase ou le sous-sol de boulevard Taschereau, le cœur nous faisait trois tours à l’idée même d’hypothétiquement effleurer la possibilité de peut-être danser collé collé sur Wind of change avec autrui. Peu importe l’autrui.
Eh! Qu’on se sentait importants. DÉSIRÉS.
Certes, on voulait mourir quand notre regard, bon an dansant, croisait celui d’un autre couple qui tournaillait lentement, lui aussi, mains dans les poches de fesses de jeans, aux rythmes paillards d’un Bon Jovi qui hurlait une marque de serviette sanitaire. Mais même si Louis-Philippe, ton digne cavalier, avait une tache d’orangeade sur son t-shirt Fido Dido et qu’il t’avait demandé de lui accorder cette danse aux trois-quarts de la toune avec un peu de dédain dans le fond de la rétine, tu ne te sentais pas moins dans les bras d’un prince.
D’UN FAKIR DE LA SÉDUCTION.
Une dix-septaine d’années se sont écoulées depuis que j’ai dansé mon dernier slow. À 32 ans, j’ignore ce qui s’est passé avec ces petits moments de corps à corps abandonnés qui nous rougissaient la joue (des joues de Maxime Landry, que je soupçonne d’ailleurs de revenir de danser un sérieux plain chaque fois qu’il passe devant l’objectif).
Elle est passée où, la tradition?
Ai-je-ti raté son chant du cygne?
L’a-t-on envoyée en punition, à genoux dans le coin?
La danse nuptiale de ma pré-adolescence ne mérite pas de porter le chapeau d’âne.
Comment ça se fait, donc, que tout last call qui se respecte n’est pas suivi d’une grasse demi-heure de slows bien sentis, où gentilhommes et damoiselles peuvent laisser libre court au péristaltisme de leur menuet en toute quiétude?
On ne danse plus. À deux, je veux dire.
Et épargnez-moi vos veillées de swing, j’ai donné. Je parle ici de cour. De danse lascive ne nécessitant aucun poster avec des traces de pas dessus. Que de l’instinct et du dippity-do.
En ce vendredi de la Saint-Valentin, je déclare cette journée comme étant le jour officiel et claironnant de la résurrection du slow. Toutes techniques confondues. Que tu sois après manger ton sandwich aux caps de tomates ou chaud désagréable sur Prince-Arthur au moment de lire ces lignes, ARRÊTE TOUT. IMMÉDIATEMENT.
Passe-toi la main dans les cheveux.
Trouve-toi cavalier/ère. Choisis-le/la bien. Mais rate pas le momentum.
Et pèse sur play. Tu sais que t’en as envie.
N’hésite pas à monter le son. Tu peux même siffler l’intro, si ça te le dit.
Entre collègues de bureau, ça va tisser des liens.
Allez. Comme le feu qui pogne dans l’foin, pis qui brûle la grange, faites-moi plaisir.
À tous les amoureux et les plus seuls, je vous en souhaite une bonne.
Fleur à la boutonnière, la maxi bise.