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Un an plus tard, comment vont les Femmes* en musique?

*et personnes de genre non conforme.

Par
Lucie Piqueur
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En mai 2017, une écœurantite généralisée a pogné les femmes du milieu de la musique québécois. Plusieurs d’entre elles avaient alors publié, d’une voix commune, une lettre ouverte dans le journal Le Devoir, afin d’ouvrir le dialogue et de dénoncer les inégalités, la sous-représentation et le sexisme qu’elles connaissaient trop bien dans leur industrie. Elles avaient créé un regroupement et une page de discussion sur Facebook : Femmes En Musique. Quelques représentantes des F*EM étaient passées nous voir chez URBANIA, et on avait conclu la discussion en se disant que le mouvement en marche était là pour durer, que le coup de gueule des Femmes en Musique n’était pas un coup d’épée dans l’eau.

Un an plus tard, on a voulu prendre de leurs nouvelles.

Jointes par appel vidéo, Maryse Dubé et Marcie, du comité communication des F*EM, sont posées et déterminées. Pour elles, il n’a jamais été question de chercher des fautifs ou de créer une guerre des sexes, mais bien de mettre en lumière des problèmes et de leur trouver des solutions simples et incontournables.

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Regrouper et consulter les centaines de femmes et personnes non binaires qui œuvrent dans le milieu québécois de la musique, ça prend du temps. Non seulement les enjeux sont larges, de la rémunération, à la sécurité dans un milieu sur le party, en passant par les stéréotypes de rôles; ils sont aussi très différents selon les domaines musicaux. Mais de la disquaire, à la cheffe d’orchestre, à la rappeuse, les F*EM partagent la même envie de faire valoir leurs grandes connaissances et talents, ainsi que d’offrir aux plus jeunes des possibilités à la hauteur de leurs ambitions.

Les choses se passent

Depuis un an, donc, elles se réunissent régulièrement pour des Assemblées Générales et ont créé plusieurs comités et projets. Marcie m’explique : « Pour l’instant, on fonctionne de façon très horizontale et démocratique. À long terme, on vise une organisation plus structurée, avec une porte-parole, par exemple. Mais pour bien faire les choses, il faut d’abord prendre le temps d’écouter tout le monde. »

« Pour l’instant, on fonctionne de façon très horizontale et démocratique. À long terme, on vise une organisation plus structurée, avec une porte-parole, par exemple. Mais pour bien faire les choses, il faut d’abord prendre le temps d’écouter tout le monde. »

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Cela dit, les initiatives des F*EM sont déjà bien concrètes. Il y a d’abord une infolettre, qui garde les membres unies et informées. Un comité de recherche recense ce qui se fait ailleurs dans le monde pour supporter les femmes et personnes de genre non conforme qui œuvre dans le milieu musical ailleurs dans le monde. Une formation en sonorisation sera bientôt offerte pour les membres du regroupement qui le désirent, sans bullshit ni mansplaining.

Rendre les talents visibles

Une autre excellente idée, c’est le répertoire des F*EM. Selon Maryse, il s’agit d’offrir une solution « clé en main » aux programmateurs.trices et autres professionnel.les impliqués dans la possible parité de l’industrie musicale québécoise (si vous êtes une femme ou une personne de genre non conforme œuvrant dans le milieu de la musique, vous pouvez d’ailleurs écrire à [email protected] pour ajouter vos informations de contact au répertoire.) Dans un monde où on entend souvent que si les femmes sont moins bookées, c’est qu’elles sont moins disponibles — voire absentes — le répertoire sera un outil imparable pour déboulonner le mythe.

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Enfin, pour tout le monde, les F*EM ont créé plusieurs playlists Spotify, afin de répandre par leurs propres moyens tout ce débordement de talents féminins québécois.

En écoutant tout ce qui se fait chez les F*EM, impossible de trouver encore des excuses pour les inégalités de l’industrie musicale québécoise. Heureusement, la discussion se poursuit et le mouvement prend de la vitesse. Si vous souhaitez vous y joindre, ou même vous engager dans un de leurs comités, c’est sur Facebook que ça se passe : F*EM — Espace public ou F*EM — Groupe de discussion (Groupe fermé pour les femmes ou personnes de genre non conforme).

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Quant à nous, on continuera de prendre régulièrement des nouvelles de cette initiative indispensable.