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Tu voudrais que le monde soit léger comme un flocon, virevolter sur toi-même sans jamais t’arrêter, épouser le mouvement…
…t’envoler sur une note de musique, transformer les lumières de la ville en champ d’étoiles, regarder dans les yeux le soleil qui se couche et retarder l’aube d’un grand coup de poing sur le cadran. Tu voudrais que la beauté soit un service essentiel, que l’insouciance soit obligatoire, qu’on puisse glisser sur les trottoirs comme sur une patinoire parce que tu aimes patiner.
Tu voudrais que les fleurs poussent sur le béton même en hiver, que le mauvais goût soit interdit, que la méchanceté n’existe plus, que tous ces gens pressés se mettent à marcher synchronisés comme dans un film de Jacques Demy. Tu voudrais qu’on parle en chantant, qu’on fasse des vers sans en avoir l’air, comme Victor Hugo sur son petit pot, que le temps qui passe revienne de temps en temps.
Tu aimerais pouvoir faire valser les foules, que le gris ne soit plus une couleur, que les distances n’existent plus, qu’il suffise de fermer les yeux pour se retrouver de l’autre côté de l’océan, dans les bras de tes grands-parents. Si tu pouvais, tu jouerais du piano toute la journée, tu transformerais la table du petit déjeuner en clavier magique qui chanterait du Yann Thiersen et ferait la vaisselle en même temps.
Tu rhabillerais le monde, tu redessinerais la vie. Sur les guerres, sur les horreurs, sur le mal, sur le malheur, tu jetterais un voile de tulle pour effacer la souffrance, pour éponger la tristesse.
Tu inventerais des histoires qui feraient couler l’émotion à fleur de mots. Tu tournerais les pages, tu changerais de décor, tu réécrirais le quotidien pour pouvoir aller toi aussi à l’école des sorciers.
Tu voudrais danser. Et tu es déjà en train de faire de ta vie la plus belle des chorégraphies, ma fille.
La vidéo du jour a la légèreté de la meringue et la fraîcheur du champagne.
(Crédit-image: rognage de «La Danse», de Chagall, 1950.)