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Travailler ailleurs pour se découvrir soi-même

Aller loin, voir si le bonheur y est!

Par
Pierre-Luc Racine
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SUCO et URBANIA s’associent pour vous parler de solidarité internationale afin de vous montrer les bienfaits de coopérer avec des organismes dans d’autres pays.

Alors que j’arborais un chandail à manches longues, Rachel Vincent est apparue en camisole à notre rencontre sur Zoom. Ici, en octobre, il commence à faire frais, mais au Nicaragua, elle profite d’un 31 degrés ensoleillé. La chanceuse!

Cela dit, elle y est habituée. Ça fait maintenant 10 ans qu’elle réside là-bas et qu’elle y fait du volontariat pour SUCO et ses partenaires.

Du volontariat

Ses études en administration et en développement international, jumelées à ses expériences en agriculture, ont motivé cette femme de la ville de Québec à faire ses valises pour l’Amérique centrale – comme quoi tous les parcours peuvent mener à des endroits insoupçonnés!

Bien qu’elle apprécie l’ambiance de la Belle Province, l’appel de l’aventure, de la solidarité et de l’inconnu était trop grand pour qu’elle y résiste et reste ici. Elle vit maintenant à l’étranger depuis une décennie et n’a pas encore fixé sa date de retour. Sa passion du volontariat est trop forte. D’ailleurs… du volontariat, c’est du bénévolat?

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« Ce n’est pas la même affaire pantoute que du bénévolat », clarifie-t-elle d’entrée de jeu. Du volontariat, c’est rémunéré et basé sur des expertises précises, comme les communications, l’agriculture, l’environnement et bien d’autres.

Rachel est donc arrivée au Nicaragua il y a 10 ans avec un autre groupe d’entraide internationale. L’année suivante, elle repartait avec SUCO pour un projet en collaboration avec l’Institution de formation technique du Nicaragua, dont l’objectif était à la fois simple et compliqué : former 2 000 jeunes du nord du pays en agroécologie!

Crédit photo: Vicky Tremblay
Crédit photo: Vicky Tremblay
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« Je dis toujours que ce type de travail consiste à communiquer avec tous les acteurs impliqués dans le projet à propos de ses différents éléments, afin de déterminer les besoins, d’analyser les difficultés, de voir comment ces dernières peuvent être surmontées et de systématiser les bons coups. J’ai fait ce travail pendant trois ans, de 2014 à 2017. »

C’était un défi sur plusieurs plans pour la coordonnatrice générale qu’elle était – ce serait compliqué à accomplir au Québec, alors imaginez avec des barrières de langue et de culture! Mais c’est justement ce genre de défi qui attire Rachel.

Où en est-elle maintenant? « Je suis revenue à SUCO comme coopérante, et actuellement je suis coopérante en développement organisationnel pour le partenaire Asociación Tierra y Vida, dont la mission est de faire la promotion de l’agroécologie à Carazo, dans le sud du Nicaragua. Mon rôle consiste à appuyer ce partenaire dans la formulation de projets, dans la révision de son plan stratégique et dans la mise en œuvre d’un plan de développement d’activités d’autofinancement. Jusqu’à maintenant, j’ai conçu certains outils de communication, comme une brochure de l’organisation, j’ai contribué à la formulation de six demandes de financement, j’ai participé à l’organisation d’un événement pour la Journée mondiale de l’environnement, et j’ai créé un atelier sur l’histoire de l’agroécologie! C’est assez concret comme travail! »

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Comment ça l’a changée

Partir pour un pays situé près de l’équateur n’est vraiment pas la même chose que d’aller vivre à Rimouski. « J’ai pris en humilité, ça, c’est certain! C’est ce qui se produit lorsqu’on s’immerge dans un environnement si peu familier. On se rend compte que le Canada n’est qu’un petit cocon sur notre globe terrestre. Ça force une ouverture vers le monde. Tu penses que tu en sais beaucoup plus que ce que tu penses, et finalement, tu réalises que tu ne sais rien! », raconte-t-elle.

Au sein d’une toute nouvelle culture, ce ne sont pas tous nos réflexes nord-américains qui sont appropriés. C’est ainsi qu’elle a gagné en écoute et en débrouillardise. S’adapter à une nouvelle contrée nécessite de sortir de sa zone de confiance et de grandir plus rapidement que prévu. Comme elle est dans un pays où ça a brassé dernièrement sur le plan sociopolitique, ses habiletés en gestion de crise sont plus accrues que celles de n’importe quelle personne habitant près d’un métro!

Rachel avec l’équipe technique du partenaire Asocación Tierra y Vida. Crédit photo: Omar Guardado.
Rachel avec l’équipe technique du partenaire Asocación Tierra y Vida. Crédit photo: Omar Guardado.
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De plus, le Nicaragua est un des pays qui subit déjà les contrecoups des changements climatiques. Être témoin de toutes ces transformations est une chose, les vivre est une tout autre expérience! Et ce n’est pas tout : elle a aussi pu visiter le Costa Rica, juste au sud. Elle m’a raconté combien tout cela a bâti en elle une résilience maintenant immuable.

Bref, si elle revenait au pays demain matin, ses proches seraient surpris de voir ce qu’elle est devenue!

La recherche d’égalité entre les genres

« Je suis devenue une féministe convaincue avec SUCO. Je l’étais déjà avant, mais là, c’est encore plus ancré en moi. » Sans minimiser les écarts entre les hommes et les femmes qu’on vit ici, Rachel me raconte qu’ils sont beaucoup plus visibles au Nicaragua : pas le choix d’avoir une vision intersectionnelle du féminisme lorsqu’on compare le traitement des femmes autochtones à celui des paysannes.

Elle note au passage que c’était déconcertant de voir ses principes féministes, construits sur notre existence ici, se buter à une tout autre réalité, à des milliers de kilomètres. En 10 ans, elle a quand même vu un progrès : « OK, on comprend les causes. Maintenant, comment on fait pour améliorer ça? »

Au Vivero Nambume, l’entreprise agrotouristique d’un producteur agroécologique autochtone avec qui Rachel travaille, qui fait la promotion des plats typiques ancestraux. Crédit photo: Ramón Potosme
Au Vivero Nambume, l’entreprise agrotouristique d’un producteur agroécologique autochtone avec qui Rachel travaille, qui fait la promotion des plats typiques ancestraux. Crédit photo: Ramón Potosme
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Rachel apporte sa touche féministe aux projets auxquels elle participe. Dernièrement, pour la Journée mondiale de l’environnement, elle faisait partie de l’organisation d’un événement mettant en valeur des banques de semences au cours duquel des paysannes venaient offrir aux communautés le fruit de leur labeur. En temps normal, un élu ou un leader public – un homme – aurait pris la parole. Rachel a décidé de donner une tribune à une paysanne, qui a expliqué comment les plants de tomates poussent très bien même en période de sécheresse.

C’est clair, les problèmes là-bas ne sont pas les mêmes qu’au Québec, où on parle rarement de sécheresse, mais Rachel pense que c’est ce qui amène les Nicaraguayens et les Nicaraguayennes à user de créativité et à vivre dans le moment présent.

Une expérience à vivre au moins une fois

« C’est une chose de partir en voyage, c’en est une autre de vivre dans un autre environnement! » Elle souhaite que tous et toutes puissent vivre cette aventure une fois dans leur vie.

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Je lui ai demandé ce qu’elle conseillerait d’abord et avant tout aux personnes qui aimeraient à leur tour s’adonner au volontariat. « Qu’elles prennent leur temps », m’a-t-elle répondu. « Ça prend du temps pour s’habituer. En plus d’en apprendre sur une nouvelle culture, tu en apprends sur la tienne, et sur toi aussi! »

Et elle conclut qu’avec le temps, elle n’a pu faire autrement que de tomber en amour avec le Nicaragua.

Prêt.e à vous impliquer et à relever de nouveaux défis? Visitez le site Web de SUCO pour découvrir les mandats actuellement proposés et en savoir plus sur les projets en cours.