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Transformer un autobus en studio : le Mixbus au Festival BleuBleu

Suivez les aventures du Mixbus Studio sur la route des festivals.

Par
Isabelle Langlois
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Le Mixbus Studio a survécu aux piqûres de moustiques des Îles-de-Boucherville avec le Festival Beside la semaine dernière. Malgré la pluie, on a attrapé quelques coups de soleil et on se demande encore comment le monde de plein air fait pour ne pas virer en cuir après chaque promenade en nature.

Notre prochaine destination de road trip musical m’exaltait particulièrement parce qu’on se dirigeait au Festival BleuBleu à Carleton-sur-Mer, fleuron de la Baie-des-Chaleurs. Dans ma tête, on allait se sentir comme à Punta Cana, guédilles au homard en bonus. À mon grand désarroi d’exhibitionniste de mollets, il faisait trop frisquet pour le paréo. Néanmoins, on a expérimenté la chaleur autrement. La camaraderie des Gaspésiens m’a réchauffé le cœur comme une tournée de Cuba Libre.

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Nous sommes arrivés en ville juste à temps pour le souper de cambuse de morue à la marina (des mots aussi plaisants en bouche que ce que ça goûte). Sur place, une centaine de bons vivants admiraient le coucher du soleil baigner les voiliers de rayons dorés. Je ne veux pas offenser les Chevaliers de Colomb, mais c’était pas mal plus cute qu’un souper spaghetti dans un sous-sol d’église.

La programmation musicale de la soirée était tout aussi alléchante que notre repas : Michel Rivard, Brown Family et Sara Dufour. Cette dernière a livré un marathon de country et de jokes saguenéennes pendant plus de 2 heures. « Dans la vie, j’ai deux passions. L’amour… Les ski-doos, les 4X4, les motocross, les chars, les Weed Eater… »

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Un kombucha aux teintes du festival (tirant plus sur le mauve, mais fallait pas le dire à voix haute)

Le lendemain, on pouvait naviguer avec Doudou, le père d’une des organisatrices pour un concert marin de Normand Parent. Je voulais vivre mon fantasme de La croisière s’amuse, mais en tant que Mixbus, nous avions un planning moins salin. Le groupe de rap arabe De.Ville venait enregistrer une de leur chanson. Les deux gars jouaient le soir même au Umi Yama, un restaurant de sushis next level. Je dis ça, parce que l’endroit abritait aussi une salle de spectacle, un magasin de vêtements, un bar tiki, des panaches en guise de décoration et des yourtes sur l’eau. Il y avait de quoi stimuler les sens.

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Bien plus pratique que la technique rond de sacoches sur le dance floor.

Il faut dire que le détail des salles de concert apportait beaucoup au weekend. Les nombreux lieux permettaient de découvrir Carleton sur tous ses angles. Pomme a chanté à la Cabane-à-Eudore, un ancien hangar de pêche qui donne sur le barachois. Choses Sauvages a envahi la microbrasserie du Naufrageur et Philémon Cimon nous a bercés tout au sommet du Mont-Saint-Joseph. D’ailleurs, sa chanson de Saint-Joseph-du-Lac nous est restée en tête toute la fin de semaine.

Pour lui rendre honneur, Philémon a accepté notre invitation de l’enregistrer au bord de la mer. La session s’est terminée par une baignade, un verre de bulles autour d’un feu de grève et ses réflexions sur la souveraineté. Pas mal sûr qu’on ne retrouve pas ça à Punta Cana.

À Carleton, on niaise pas avec la craie.

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Ce moment privilégié était la parfaite introduction aux célébrations de la Saint-Jean-Baptiste qui se mariaient à la programmation du festival. Pour commencer en grand, l’ensemble vocal les Gerry’s a chantonné a capella les plus beaux succès de Gerry Boulet dans l’enceinte de l’oratoire surplombant la ville. Les petites familles s’entassaient pour entendre les paroles pas toujours très catholiques de cet emblème queb. Prends des notes pour tes Sunday service Kanye.

Même les blocs de ciment sont cute.

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J’étais particulièrement enjouée de vivre une Fête nationale qui changeait de mes habitudes. Depuis mes 15 ans, je me suis accoutumée à errer sur les plaines d’Abraham, saoule et sous la pluie. Si j’étais chanceuse, j’attrapais la fin d’un spectacle en i tréma comme Kaïn ou Mes Aïeux. Vous pouvez imaginer alors comment Canailles, Alaclair Ensemble et Safia Nolin en DJ (qui arborait une moustache de tatouages fleur de lys), c’était le rêve.

Fait cocasse, mon chum a dû aider l’autrice à cracker son logiciel de mix. La veille, elle n’avait encore rien de prêt, mais savait pour sûr qu’Éric Lapointe côtoierait du Snoop Dogg entre quelques retentissements de fog horn.

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Le public de BleuBleu était surprenamment jeune. Je suis certaine que la majorité des festivaliers pouvaient me réciter l’intro d’une Galaxie près de chez vous. Jacob était donc convaincu de la nécessité d’un after après l’after officiel. Lorsque Safia Nolin terminait de mixer au restaurant de sushis capotant, le Mixbus prenait le relais dans la cour.

Les DJs de Musique Nouvelle ont tenu le flambeau du party par leur transe berlinoise jusqu’à 5 ou 6 am. Difficile à savoir avec l’heure du Nouveau-Brunswick qui faisait son agace sur nos cellulaires. Le propriétaire est tellement un trippeux qu’il m’a demandé qu’on fasse plus de bruits. Du jamais vu. Quand j’ai succombé au sommeil, Jacob commençait à peine le répertoire de Karkwa autour du feu. Les canettes jonchaient le sol comme quelques Gaspésiens caillés à point. Un succès.

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Pourquoi le nom BleuBleu? Pour le ciel azur qui caresse la mer? Pour la Saint-Jean-Baptiste qui clôturait le festival? Pour les cernes sous nos yeux après trois jours de festivités? Je n’ai pas de réponses. En tout cas, cette première édition nous a fait voir la vie en rose rose.

Prochain arrêt de bus, on tente de devenir le bel ami de Patrice Michaud au Festival en chanson de Petite-Vallée!