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Aujourd’hui sur Facebook, mes yeux ont encore beaucoup roulé de découragement. J’aurais pu te gonfler 3 paires de Swim-aids et 2 roues de bicycle avec tous les soupirs désabusés que j’ai laissés sortir de ma petite bouche de fraiche-pet qui a tant de choses à dire.
Il faut que tu saches qu’ayant constamment besoin d’être validée et rassurée, (je n’ai que 19 ans, ce problème de confiance est légitime, laisse-moi tranquille!) je n’ai pas l’existence très autonome. C’est-à-dire qu’il est possible que je m’en remette à mon horoscope et à une couple de pelletées de biscuits chinois pour m’éclairer quand vient le temps de prendre des décisions.
Je suis en plein le genre de fille qui lira 1001 livres de psychopop pour se sentir wise et ô combien allumée. Fâcheusement, c’est aussi cette partie cheap de ma curiosité qui me fait cliquer sur des liens tel “Ce que 2016 te réserve selon la forme et la couleur de tes mamelons”.
Ce genre de palmarès-là n’est pas le pire. J’ai quand même assez de discernement pour comprendre que tétine et destin n’ont aucun lien. Toutefois, ceux qui me dérangent la naïveté sont ceux qui me disent quoi faire et qui me stigmatisent le quotidien à grands coups d’interdits et d’obligations. Je ne cherche pas à questionner la pertinence desdits documents. (Mon amour orgueilleux de la langue refuse de me laisser les qualifier d’articles.) Je ne veux que chialer, parce que j’ai le droit.
Ce qui est bien, mais qui fait peur à la fois, c’est que sur internet, tout le monde a le droit de parole, et donc tout le monde a le droit de lecture.
Pour contrebalancer les blogues bourrés de fautes qui nous disent ce qu’est l’amour et si on aime correctement, je vous offre l’opinion d’une fille qui n’a pas laissé son copain simplement, car il ne lui a jamais fait livrer de fleurs — et qu’apparemment, il devrait l’avoir fait selon “16 indices que ton chum est le meilleur du monde”.
Bien franchement, je passerai avec joie un quiz qui me dira quelle sorte de pizza je suis, mais je n’accepte pas qu’on me dise quoi faire et quand le faire. J’entame la vingtaine et je ne ressens pas le besoin de partir 6 mois toute seule en sac à dos, pas plus que de me faire teindre les cheveux d’une couleur funky parce que tu sais quoi? Je me trouverais laide à chier avec les cheveux verts. Je n’ai pas non plus l’envie de vomir sur un bar pour l’anecdote ou de tenter une aventure homosexuelle. J’ai déjà mangé des huitres, je peux me faire une idée et ça me suffit comme ça!
Je ne crois pas que je me réveillerai en crise le jour de mes trente ans en réalisant que j’ai passé à côté de ma jeunesse parce qu’aucune fille ne s’est déjà assise dans ma face.
De toute façon, ça ne se contrôle pas des expériences comme ça. Voyons donc que je me dirais “Bon, ce matin, pour bien profiter de ma tranche d’âge, je vais expérimenter une relation à distance et quitter ma job sur un coup de tête!” J’en conviens, ce sont de bien belles démonstrations de vie qui, je n’en doute pas, doivent nous faire grandir, mais… puis-je dicter mes propres aventures et erreurs comme bon me semble? Puis-je même ne pas en faire si ça ne me tente pas? Puis-je m’enfarger une énième fois dans la face de mon ex sans me faire dire que c’est comme ravaler son vomi? Puis-je continuer d’entretenir des relations toxiques jusqu’à tant que je choisisse d’y mettre fin? Diable, puis-je avoir le trou de pet endolori de mon plein gré, et non pas parce que j’étais pressée d’essayer quelque chose pour être sûre de ne pas rater mes 20 ans?
J’ignore si la vie m’emmènera à devenir végétalienne pendant une semaine et/ou à faire la tournée des bars dans un pays étranger. Qui sait, peut-être que d’ici mes 30 ans, j’aurai étudié comme une folle ou que je serai tombée enceinte.
Sauf que dans tous les cas, je n’aurai pas envie de sentir que j’ai mal vécu mon âge à cause d’une publication qui nous vend des impératifs concoctés par la même fille qui détient la vérité absolue à propos du célibat que celle qui sait tout des relations de couple.
Au fond, je ne peux reprocher à ces “articles” ni l’impertinence ni la pression qu’ils me font ressentir. Je sais que la plus conne c’est moi, qui me donne la peine de les lire quand même!
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Pour lire un autre texte de Rosalie Bonenfant : Pourquoi on ne m’appellera jamais madame.