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Tout n’est pas perdu pour les grands distraits et les indécrottables « multitaskers »
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Je suis certaine que vous aussi, vous êtes préoccupés par la maîtrise de votre attention depuis que portables, iPad, téléphones intelligents et autres « Wi-Fiteries » ont fait irruption dans votre vie. Mais ne vous inquiétez pas : ça se soigne. Petit guide de survie pour grands distraits ou pieuvres affolées.
J’en suis venue à un pénible constat : lorsque je me trouve devant un écran d’ordinateur, ma capacité de concentration est inversement proportionnelle à la quantité d’onglets actifs sur le bureau.
Si on m’attable dans une pièce blanche avec un livre, si aride soit-il, je peux y plonger pendant des heures. Fort à parier que je retiendrai même une foule de détails d’une prodigieuse inutilité. Mais si vous avez le malheur de poser mon iPhone sur la table…
En fait, il suffit que j’aie ne serait-ce que la possibilité d’envisager superposer les tâches pour foutre en l’air toute ma capacité productive.
sweet fuckall,
fou-intéressant
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Et puis soudainement, oups, il est 2h30 du matin et j’ai écrit zéro page sur ce très long texte d’Hélène Carrère d’Encausse; que je n’ai d’ailleurs toujours pas lu. Eh purée : c’est à remettre dans 6 heures, ce machin. Pourtant, il était là, sur la table, à côté de moi…
Souvent, on taxe ce procédé de « procrastination », mais je ne repousse pourtant rien: je vase littéralement.
Cela étant, mercredi, j’ai assisté à une conférence passionnante (et salvatrice) sur les conflits d’attention et les nouvelles technologies, au Cœur des sciences.
Le conférencier, Jean-Philippe Lachaux, qui dirige le Centre de recherche en neurosciences de l’INSERM, à Lyon, y décortiquait brièvement les mécanismes de l’attention, pour nous aider à comprendre l’effet qu’ont sur nous tous ces bidules à écrans qui aspirent l’âme.
multitaskers
Voici donc la capsule « Découvre ton corps avec matante Aurélie » :
Je résume sommairement.
Le cerveau est constamment le théâtre d’une intense lutte d’influence pour le contrôle de l’attention. Or, nous vivons dans une société où, précisément, tout est conçu pour solliciter notre attention; de la publicité croisée dans le métro aux « notifications push » des applications iPhone, en passant par la signalisation routière qui, idéalement, appelle à ce qu’on la considère. Comme l’explique Jean-Philippe Lachaux, « l’attention est soumise constamment aux vents violents que sont les distractions. Or, il suffit d’apprendre à naviguer. »
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Mais pour s’aider un peu, il faut d’abord comprendre ce qui oriente la « sélection » qui s’opère dans notre caboche lorsque vient le temps réagir à notre environnement.
À tout moment, notre cerveau fait un tri de l’information sensorielle, par le biais de son système attentionnel; en ce sens qu’il ne traite pas la totalité des signaux qu’il perçoit. Par exemple, si je lis un livre assise à une table, je ne ressens pas sans cesse les rugosités de la table sous mes doigts posés à sa surface, ou la texture de mon chemisier sur ma peau. Ce serait insupportable. Par contre, je perçois et traite les informations visuelles qui me permettent de lire le texte devant mes yeux.
Le cerveau départit donc à chaque instant l’information importante de celle qui ne l’est pas, et formule en conséquence des propositions d’action; des réactions possibles aux informations traitées.
Or, principalement, il y a trois groupes de réactions, orientées soit par:
Les habitudes
– Les émotions
L’utilité ponctuelle
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Ainsi, on comprend que nos réactions ne sont pas toutes « commandées attentivement ». En fait, le cerveau a plutôt tendance à obéir aveuglément à son environnement, en déclenchant des réactions réflexes.
‘oéyons, qu’essé j’fais-là moi, donc?
« Jadis », ils n’avaient pas ce problème-là, les gens. Cela dit, quoiqu’en disent les grandes personnes, les « ‘eunes » ne semblent pas forcément avoir « moins » d’attention qu’avant.
Seulement, comme M. Lachaux me l’a expliqué au téléphone :
limites
Au moins, me voilà rassurée quant à la mutation éventuelle de mon cerveau en passoire.
Toujours est-il qu’il faut y remédier, à cette foutue érosion de l’attention. Or, à ce chapitre, il n’y a apparemment pas d’autres solutions que de s’imposer une cure d’austérité sensorielle. En d’autres mots, apprendre à segmenter les taches et à travailler « en silo » pour éviter de s’éparpiller.
Et pour dompter les réflexes nuisibles, il faut développer une sensibilité aux signes avant-coureurs de la distraction, et la réfréner avec d’y être engagé. Du genre: « Je sens ma main glisser vers le téléph… NON! »
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Finalement, un peu comme le jogging, l’endurance de l’attention se développe… surtout en s’adonnant à des choses particulièrement peu sexy pour l’attention, semblerait-il.
Je trépide…
N’empêche qu’au moins, je sais maintenant que tout n’est pas perdu!
Je vous souhaite donc bonne chance avec votre cerveau épars. Nous vaincrons.
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…Combien ont réussi à lire jusqu’ici sans permutter d’un onglet à l’autre?
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