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Tout lâcher pour se partir une microbrasserie
Entrevue avec Jean-François Giguère de la microbrasserie New Deal
Qu’est-ce qu’on fait quand on pense avoir fait le tour de notre domaine professionnel et qu’on a un projet en tête depuis un certain temps? On prend une grande inspiration et on saute à deux pieds dans notre passion.
C’est ce qu’a fait Jean-François Giguère, cofondateur de la brasserie New Deal située à Boucherville. Sa bière Boldwin n’a peut-être été mise en marché qu’en octobre dernier, mais la microbrasserie bio, écoresponsable et socioresponsable est déjà reconnue pour ses valeurs uniques. URBANIA s’est entretenu avec Jean-François, question de découvrir comment faire un 180 degrés réussi, pour vivre de sa passion.
Qu’est-ce que tu faisais avant de fonder ta microbrasserie?
Moi je suis un p’tit gars de Québec qui est déménagé à Montréal il y a une vingtaine d’années. Je travaillais à l’époque pour Blitz, une division de l’agence de communication et marketing Cossette, où j’étais directeur de la promotion. Mon travail m’a amené à déménager à Montréal. J’avais hésité à le faire parce qu’à cette époque j’avais idée de fonder une microbrasserie à Québec, sauf qu’une étude de marché m’a révélé que ce n’était pas le bon moment pour le faire. Alors j’ai abandonné mon projet très embryonnaire pour suivre mon emploi vers Montréal.
« Regarde, j’ai juste une vie à vivre pis j’ai le goût de vivre de ce que j’aime, d’une passion. »
Une fois à Montréal, j’ai travaillé dans différentes agences de pub. Donc je suis une bête de pub, une bête de communications.
J’ai aussi travaillé chez Via Capitale, et c’est à cette époque que j’ai rencontré Daleyne Guay, un entrepreneur impliqué sur différents projets. En jasant ensemble on a formé le projet d’une microbrasserie et on s’est dit « Pourquoi on ne se monterait pas un plan d’affaires ? »
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Pourquoi le projet d’une microbrasserie, spécifiquement?
C’était la conjoncture d’une passion, du fait que je suis un épicurien, du fait d’avoir rencontré des gens qui avaient le goût de partir ce projet-là et d’une expertise que j’avais développée dans mon parcours publicitaire, où j’avais travaillé pour plusieurs marques de bières. Ce milieu-là m’était donc familier.
C’est donc ça qui t’a poussé à faire ce 180 degrés?
En fait, c’est que j’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour du jardin dans le domaine de la pub. C’est une industrie extrêmement stimulante, que j’adore, mais c’est une industrie qui use un peu. Faque j’étais arrivé à un moment dans ma vie où j’em suis dit « Regarde, j’ai juste une vie à vivre pis j’ai le goût de vivre de ce que j’aime, d’une passion. » Pis le domaine de l’entrepreneuriat m’avait toujours attiré. Je me suis dit « Pourquoi ma vie ne prendrait pas ce tournant-là ? »
Une fois que t’as fait le saut, quelles étaient les plus grosses difficultés que tu as rencontrées?
Comme je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, il a fallu que j’apprenne beaucoup de nouvelles notions en dehors de mon champ d’expertise. Par exemple : le financement d’une entreprise, l’aspect financier, la production.
Aller jouer dans des territoires qui ne m’étaient pas familiers, ç’a été un beau gros défi.
Mais surtout, le principal défi d’une microbrasserie, c’est qu’il y a beaucoup de monde sur la tablette. Donc c’est un défi de tous les jours que de faire connaître et goûter nos produits.
J’avais devant moi un tableau blanc pour créer une marque avec des valeurs à la bonne place.
En gros, le plus grand défi, c’est de faire le choix de quitter sa zone de confort. Il faut plonger avec toutes nos incertitudes, mais aussi toutes nos convictions.
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Qu’est-ce qui t’a aidé à surmonter ces embûches-là?
Ce qui m’a sécurisé c’est que notre projet avait des bases solides. Il reposait sur des investisseurs solides.
On a eu aussi une bonne réponse des chaînes alimentaires face à nos produits.
J’étais entouré d’une équipe solide.
Et surtout, je voyais que j’avais du plaisir. J’avais l’occasion enfin de créer une marque. J’avais devant moi un tableau blanc pour créer une marque avec des valeurs à la bonne place.
Pour moi c’était super stimulant.
Dès le premier jour, on a décidé de lancer une bière qui rehausserait le plaisir qu’on a déjà de déguster une bière.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ta nouvelle vie?
D’un, c’est de contrôler la destinée de mon entreprise. C’est un aspect le fun de l’entrepreneuriat. Ça me stimule beaucoup.
Il y a aussi la nature du projet qu’on a. C’est-à-dire qu’on a décidé de lancer une bière pas comme les autres. Une bière qui est différente dans son ADN. Et je vois tous les jours ce que cette bière-là fait de différent et ça me stimule beaucoup.
En quoi la brasserie New Deal et la bière Boldwin se démarquent-elles?
Dès le premier jour, on a décidé de lancer une bière qui rehausserait le plaisir qu’on a déjà de déguster une bière. La nôtre est excellente, mais on la choisit parce qu’elle a des valeurs responsables socialement.
Tout d’abord, la Boldwin est bio parce que c’est bon pour la planète et c’est bon au goût aussi.
On travaille aussi avec des producteurs locaux. Moi j’ai un immense plaisir à parler avec des artisans locaux qui font du bio, qui sont nos complices. Je pense entre autres à Martin Éthier, LE producteur de houblons Franklin bio au Québec. On était chez lui hier, à couper du houblon dans son champ, pour pouvoir faire aujourd’hui de la bière avec du houblon frais.
Cette proximité-là avec les producteurs, c’est sharp.
Il y a aussi tout le volet écoresponsable qui m’allume. Par exemple, on récupère la chaleur de la bière pour réchauffer à nouveau l’eau.
Aussi on a beaucoup de résidus de céréales, qu’on appelle la drêche. Au lieu de la jeter, on la donne à des fermiers pour nourrir leurs animaux. Donc on donne une deuxième vie aux résidus de brassage.
On a décidé de ne pas automatiser la section d’encannage de l’usine pour favoriser l’insertion sociale de personnes avec un handicap léger.
On a aussi développé d’autres projets. On a développé un pain fait avec de la drêche, en collaboration avec une boulangerie locale, L’Amour du pain.
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On fait aussi des biscuits de chien avec une petite entreprise qui s’appelle Bouchée Maltée qui utilise notre drêche.
On a même lancé il y a deux semaines un savon avec la Savonnerie des Diligences, un savon dans lequel la drêche sert d’exfoliant.
Pis ça, c’est sans compter le fait qu’on utilise des canettes en aluminium, un matériau recyclé et responsable.
L’entreprise possède aussi un pilier où, d’un point de vue des ressources humaines, on a essayé de faire les choses différemment. On a instauré une politique de salaire minimum à 15 $ de l’heure et on a décidé de ne pas automatiser la section d’encannage de l’usine pour favoriser l’insertion sociale de personnes avec un handicap léger.
Tout ça, ça rend mes journées tellement agréables.
On continue de développer des façons de faire pour toujours rester socialement responsable.
Est-ce que tu regrettes parfois de ne pas avoir plongé plus tôt ?
Oui et non. Je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt à cause de mon âge parce que la vie d’entrepreneur c’est exigeant ; ça demande beaucoup de temps, beaucoup d’énergie.
Mais en même temps, de le faire plus tard, ça fait que ton sac à outils est beaucoup plus rempli. Dans le sens que j’ai l’expérience dont je te parlais plus tôt, je pense avoir une plus grande maturité.
Pour terminer, qu’est-ce que la microbrasserie nous réserve pour l’avenir ?
On est en train de développer différentes recettes dont une bière blanche, une Session IPA et une Saison. Pleins de beaux projets à venir et toujours bio!
Et on continue de développer des façons de faire pour toujours rester socialement responsable.
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Pour connaître les points de vente de la bière Boldwin, rendez-vous sur boldwin.bio.
Vous pouvez également visiter leurs pages Facebook et Instagram.
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